Technologie au cœur du bitcoin et autre monnaies virtuelles, la Blockchain devrait « motoriser » de nombreuses nouvelles applications, y compris dans les banques. Elle peut aussi être cœur de nouvelles applications informatiques.

Plus de 80% des banquiers s’attendent à voir l’adoption commerciale de la technologie blockchain se concrétiser d’ici 2020, avec la moitié (50%) des institutions financières ayant déjà investi ou prévoyant d’investir dès 2017 dans cette technologie. C’est ce qu’indique l’enquête intitulée « Technologie blockchain : de l’engouement à la réalité » réalisée par Infosys.

Un banquier sur trois s’attendent à une adoption commerciale de la blockchain à partir de 2018, alors qu’une majorité d’entre eux (quasiment 50%) anticipent une adoption massive d’ici à 2020. La majorité des banques interrogées (69%), expérimentent une blockchain contrôlée. Environ 50% des banques travaillent soit avec une start-up de la FinTech soit une entreprise technologique afin d’accroître leurs capacités dans la blockchain, alors qu’un autre 30% d’entre elles optent pour un modèle de consortium.

Les personnes dans l’entreprise qui sont en charge de projets Blockchain ont des responsabilités élevées dans l’entreprise, preuve de l’importance des projets, la moitié d’entre eux occupent des postes de Directeur Technique ou de Directeur de l’Innovation.

L’étude confirme que le déploiement de la blockchain sera prioritaire dans les secteurs d’activité où cette technologie peut considérablement améliorer la transparence, l’automatisation des processus entre les entreprises ainsi que la réduction des temps de règlements et de transactions.

Parmi les cas d’utilisation qui devraient entrer rapidement en production : les paiements transfrontaliers, la gestion de l’identité numérique, la compensation et le règlement, la gestion des lettres de crédit et la syndication de prêts.


Qu’est-ce que la blockchain ?

La blockchain est une technologie déjà éprouvée, puisqu’elle est à l’origine des cryptomonnaies telles que le Bitcoin. Mais des usages nouveaux émergent, dans de nombreux domaines, avec un intérêt croissant des scientifiques et des industriels pour en exploiter la puissance.

Une blockchain est à la fois une structure de données informatique qui prend la forme d’un livre de compte distribué qui enregistre des transactions entre participants, et un réseau de nœuds — qualifiés de mineurs — qui assurent le consensus entre les participants. Les transactions sont donc enregistrées de façon sécurisée, transparente et infalsifiable. Cette technologie évolue rapidement, et les dernières propositions logicielles telles qu’Ethereum permettent maintenant d’écrire des programmes distribués et autonomes, appelés « smart contract », distribués sur la blockchain. Ceci ouvre de nouvelles possibilités d’applications qui restent encore à inventer.


Les gouvernements s’y mettent aussi

Mais au-delà des banques, tous les secteurs seront impactés par l’utilisation de la technologie Blockchain, y compris le secteur public. C’est ce que montre l’enquête Building trust in government, Exploring the potential of blockchains, publiée par l’IBM Institute of Business Value. Selon cette enquête, neuf organisations gouvernementales sur dix prévoient d’investir dans les blockchains pour une utilisation dans les transactions financières, la gestion des actifs, la gestion des contrats et la conformité aux 2018. Et sept sur dix dirigeants de ces organisations prédisent blockchain va perturber considérablement les activités de gestion des contrats, qui est souvent l’intersection des secteurs public et privé.

Alors que pratiquement toutes les organisations gouvernementales interrogées ont l’intention d’investir dans la chaîne de blocs d’ici 2018, un petit groupe de pionniers sont déjà très avancés dans la mise en œuvre de ces technologies qu’ils utilisent pour réduire les freins à l’innovation ou les informations incomplètes ou inexactes qui circulent dans les organisations. Ils se concentrent sur quatre domaines d’applications : Conformité réglementaire, gestion des contrats, gestion de l’identité et services aux citoyens.

En outre, ils s’attendent à ce que blockchains autorisent de nouveaux modèles d’affaires, la gestion des contrats, la gestion des transactions financières et la gestion de l’identité.


Blockchain et calcul distribué au service de la réduction de l’empreinte environnementale

L’équipe de recherche Avalon, commune à Inria, CNRS, ENS de Lyon et Université Lyon 1, vient de démontrer, en collaboration avec la start-up Stimergy, que la technologie blockchain peut contribuer à la réalisation d’une place de marché distribuée dans laquelle différents acteurs peuvent mettre à disposition leurs ressources informatiques – serveurs, jeux de données, applications – formant ainsi un « Cloud distribué ». Ce projet ouvre notamment des perspectives dans le domaine de l’optimisation de l’utilisation des data centers avec une réduction de leur empreinte environnementale.

Cette approche de Cloud distribué permet notamment de repenser l’organisation des centres de données dont la concentration poussée à l’extrême pose de sérieux problèmes : consommation excessive d’énergie, éloignement des centres de données dans des régions où l’électricité est moins chère ou le refroidissement gratuit (Islande), et souveraineté des données que les utilisateurs confient, sans contrôle possible, aux géants de l’Internet (GAFA).

Collaboration avec la start-up Stimergy

Stimergy est le concepteur de chaudières numériques que l’on installe en complément du chauffage central des habitations. Il s’agit de serveurs dont la chaleur dissipée par les processeurs sert à chauffer de l’eau qui sera distribuée dans les logements des habitants. Ce concept connait un essor important notamment dans le cadre des smart cities avec la volonté d’un meilleur contrôle de notre empreinte environnementale et d’une meilleure gestion de l’énergie.

Pour la première fois, les serveurs de Stimergy peuvent être réservés grâce à des « smart contracts » distribués sur la blockchain Ethereum, c’est-à-dire sans avoir la nécessité de passer par un intermédiaire, et apportant ainsi une visibilité optimale de la place disponible. Cette nouvelle approche de Cloud distribué, rendue possible par l’utilisation simultanée de blockchain et du calcul distribué permettra d’optimiser l’empreinte environnementale des data-centers en les répartissant au sein même de la ville. Elle permet également de rapprocher les données de leurs producteurs et de leurs consommateurs, ce qui ouvre la voie à de nombreuses applications nouvelles pour lesquelles le Cloud centralisé est un facteur limitant, telles que par exemple l’intelligence artificielle distribuée, l’Internet des objets et l’analyse distribuée de flux de données.