Dans les banques, les pannes informatiques sont de plus en plus fréquentes. Récemment, de tels incidents ont eu de sérieuses conséquences, créant des difficultés pour les clients et impactant de manière durable la réputation des banques. Ross McEvan, CEO de la Royal Bank of Scotland, a même déclaré : « Nous sommes l’entreprise la moins fiable, du secteur économique le moins fiable. Il faut que cela change ». De nombreux établissements financiers ont également été confrontés à des problèmes informatiques qui ont fortement mécontenté leurs clients.

Pourtant, ce type d’incidents n’est pas le fait de la négligence ni même de l’indifférence de ces établissements vis-à-vis des attentes de leurs clients. Les défaillances ainsi mises en évidence sont entre autres dues au fait que les processus de développement logiciel sont incapables de répondre aux exigences des nouvelles applications et à l’évolution rapide des attentes des clients.

Sachant que les applications et les systèmes informatiques sont le moteur de leurs activités et que tous les établissements financiers sont devenus des développeurs de logiciels à part entière, ceux-ci doivent se donner les moyens de mettre à jour leurs applications existantes de manière fiable et de créer et lancer rapidement de nouvelles offres de services répondant aux besoins émergents du marché, de manière à supprimer en totalité les défaillances logicielles et opérationnelles : c’est une nécessité absolue. Ils doivent transformer leur organisation informatique en y intégrant des principes d’accélération du développement, d’amélioration et de changement de fond.

La pratique du continuous delivery peut leur permettre d’atteindre cet objectif avec un minimum de risques. Le continuous delivery est défini par Wikipedia « comme une méthode utilisée pour automatiser et améliorer les processus de développement d’applications ».

Le risque et l’importance du changement sont inversement proportionnels. Plus le changement est important, plus le coût est élevé et le risque sérieux. Au lieu de s’exposer aux contraintes d’un big bang informatique, une évolution logicielle incrémentale en douceur réduit le risque potentiel d’erreurs pouvant s’avérer coûteuses lors de la mise en production. Des entreprises comme Amazon et Facebook mettent leurs applications à jour, non pas quotidiennement, mais plusieurs fois par jour. Etant donné que ces applications sont (comme le sont celles de nombreux établissements financiers) exploitées à l’échelle mondiale par de très nombreux utilisateurs, toute mise a à jour, nouvelle fonctionnalité ou changement logiciel sont effectués en temps réel. Ces entreprises savent bien que le moindre temps d’arrêt s’avère coûteux pour elles-mêmes comme pour leur réputation.

L’une des quatre plus grandes banques de dépôt mondiales utilise avec succès le mode de continuous delivery pour développer son offre. Avant d’adopter cette technologie dans le cloud, les applications étaient développées et mises à jour par l’une de ses succursales. Il n’existait pas de processus centralisé de gestion et les développeurs, n’avaient pas toujours accès aux outils de ‘build’ de l’entreprise pour développer de nouvelles versions et de nouveaux services. Ainsi, les développeurs réinventaient constamment la même roue. En standardisant et automatisant les processus de création d’applications, afin de les rendre plus fiables et d’encourager les bonnes pratiques, l’équipe a économisé une demi-journée de temps de développement par application et par jour. Par ailleurs, l’accès aux applications par les seules personnes autorisées était ainsi garanti – un point vital pour une banque.

Mais le risque n’est pas tout – le continuous delivery permet aussi à une entreprise d’être plus performante. Il contribue à la bonne marche des activités. Le continuous delivery peut renforcer la capacité d’une entreprise à répondre à ses clients, à préparer une prochaine évolution et à devancer la concurrence. L’un des grands principes du continuous delivery consiste à se concentrer sur la mise à disposition de petits livrables en continu – corrections, petits projets, changements d’interface utilisateur, mises à jour, nouvelles fonctionnalités. Quand on exécute une tâche très régulièrement, on y excelle. Les petites erreurs de manipulation, inévitables lorsqu’une tâche n’est exécutée qu’occasionnellement, disparaissent. Du même coup, tout va plus vite. L’une des raisons de cette accélération vient de la réduction des « coûts d’intégration » – liés notamment à l’allongement des cycles de mise à jour des applications. En effet, l’intégration étant réalisée en continu, si un problème survient, il est plus facilement identifié et réglé puisqu’il n’a été ni masqué, ni associé à une autre tâche. Les avantages sont décuplés lorsque l’équipe est dispersée ou que le travail est coordonné à travers différentes zones géographiques. Produire en continu des éléments plus petits permet de réaliser le projet global plus rapidement.

Clarus Financial Technology, fournisseur d’applications et de services pour le marché mondial des produits dérivés, a acquis une agilité extraordinaire en adoptant une approche de continuous delivery – tout en réduisant ses coûts de 10 à 15%. Avec ce processus, l’équipe qui reçoit un rapport de bug le matin, fait la réparation, réalise les tests et déploie l’élément réparé dans la matinée même. Plus important encore, l’équipe a la capacité d’avoir partout et à tout moment un accès sécurisé aux applications, où que se trouvent ses membres de par le monde.

Enfin, et sans doute mieux encore, le continuous delivery ouvre la voie à l’innovation. Un fournisseur de services financiers peut s’exercer à de nouveaux concepts à moindre coût et dans un cadre contrôlé. Ceci stimule l’innovation et peut devenir une pratique quotidienne pour l’entreprise. Avec la capacité d’expérimenter de manière peu coûteuse et peu risquée, les entreprises peuvent s’engager dans des investissements informatiques en étant mieux informées et être ainsi amenées à découvrir des opportunités qui auraient pu leur échapper complètement.

De fait, il est arrivé que des entreprises imaginent des sources de revenus totalement inédites. C’est notamment le cas d’Altares, le partenaire exclusif de Dun & Bradstreet en France. Après la crise financière de 2008 et avec l’apparition sur le marché de nouveaux concurrents tirant parti de l’accès gratuit aux informations sur le web, Altarès a dynamisé son activité historique de fournisseurs de données clients. L’entreprise a alors pris la décision stratégique de se doter d’un nouveau pôle d’activité, «Cash Risk & Finance Performance » – s’appuyant sur son expertise en matière de risque client. En utilisant une technologie de cloud, une équipe composée d’experts financiers et informatiques a alors déployé et mis en production un logiciel dédié à la gestion du crédit clients et au recouvrement. Aujourd’hui, Altares-D&B propose Wynbe qui, un an après sa conception, remporte un véritable succès auprès des directions financières.

Le continuous delivery peut changer la donne dans le secteur financier. Ses premiers utilisateurs ont démontré que cette approche était créatrice de valeur pour les entreprises et leurs clients, avec une garantie de qualité, un environnement contrôlé favorisant l’innovation et une évidente contribution à la réduction des coûts. Puisque, selon la fameuse formule de Marc Andreessen « software eats the world » il faut savoir faire du développement logiciel un atout stratégique.

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Sacha Labourey est fondateur et CEO de CloudBees

 

(1) la solution de gestion du crédit management d’Altares-D&B se nomme dorénavant Wynbe, et non pas Edgeteam. Wynbe s’adresse aux Directions Financières des grands comptes et ETI de tous secteurs d’activités. Elle est destinée à leur permettre de maîtriser leur cycle de recouvrement en limitant les risques et en optimisant l’encaissement. Wynbe est éditée par Altares-D&B, partenaire exclusif en France de Dun & Bradstreet.