Spontanément, 72% des entreprises associent la mobilité à la seule mobilité professionnelle (changement de poste). Pourtant, la mobilité spatiale recouvre bien d’autres réalités qui pèsent lourd dans le quotidien des salariés : les déplacements domicile-travail, les voyages professionnels, les déménagements… C’est ce décalage que le Forum Vies Mobiles  a exploré dans l’étude consacrée à la gestion des déplacements des salariés dans le futur.

Si les enjeux en sont importants – bien-être et efficacité des salariés, productivité de l’entreprise, environnement – il ressort que, pour l’instant, la gestion de ces déplacements ne constitue pas une priorité pour les entreprises. Et cela risque de ne pas être plus le cas dans le futur puisque ces dernières s’en remettent essentiellement aux outils numériques, considérant qu’ils feront disparaitre les contraintes liées au déplacement physique. C’est sur le développement des solutions technologiques via la généralisation des outils numériques (télétravail et développement de modes de transport plus rapides et plus fréquents) que comptent surtout les RH pour gérer, demain, les déplacements des salariés voire pour s’y substituer.


Les principaux résultats de l’étude

  • En matière de déplacements domicile-travail : 53% des entreprises considèrent qu’une normalisation du télétravail contribuerait à un futur idéal, en supprimant la nécessité d’un lieu commun de travail, devant l’amélioration de l’offre de transport : 47%.
  • En matière de déplacements professionnels : 69% des entreprises ont plébiscité l’utilisation des outils numériques (conférence skype, vidéo conférence en 3D, invention et développement des hologrammes) comme alternative à la réunion physique. Ce choix arrive loin devant l’amélioration de l’offre de transport : 36%.
  • En matière de déplacements liés au travail impliquant un déménagement : Pour 45% des entreprises, dans le futur, les déménagements liés au travail seront rendus inutiles grâce à la révolution numérique. Néanmoins, pour encore 42% d’entre elles, l’idéal serait d’encourager la bi-résidentialité de leurs salariés dans le futur au moyen d’une politique de logements d’entreprise.
  • Mais, des solutions longues à mettre en œuvre : Une entreprise sur deux estime qu’elle ne sera pas en mesure de mettre en œuvre ces changements avant au moins 10 ans. (46% pour les déplacements domicile-travail, 44% pour les déplacements professionnels et même 70% pour les déménagements liés au travail).
  • Un engouement pour le télétravail : 53% des entreprises estiment que le télétravail constitue un outil intéressant pour limiter les déplacements domicile-travail. Ce serait même la solution à mettre en œuvre en priorité (34%), devant des solutions plus classiques comme « le remboursement des frais de transports en commun au-delà du minimum légal » (13%) ou « la mutualisation des véhicules motorisés de types covoiturage, autopartage » (12%).

 

Les limites pointées par les entreprises pionnières

Limites pratiques : les entreprises pionnières soulignent qu’une adoption massive du télétravail n’est pas possible. Le télétravail est présenté comme une solution idéale pour 1 ou 2 jours par semaine, au maximum. De plus, il n’est pas généralisable à tous les emplois, en particulier ceux nécessitant une présence physique (restauration, emplois ouvriers, services à la personne…). Le télétravail ne permet donc pas une disparition totale du lieu de travail centralisé ni des déplacements domicile/travail. Alors que plus de neuf entreprises sur dix déclarent avoir mis à disposition de leurs salariés des outils de communication pour mieux gérer les déplacements professionnels, les plus avancées soulignent que le problème réside avant tout dans leur appropriation et leur utilisation.

Limites juridiques : les entreprises pionnières soulignent que les questions juridiques qui entourent les conditions de télétravail (imputabilité des accidents de travail survenus au domicile du salarié, vérification de l’environnement de travail, gestion des questions de santé et équilibre vie professionnelle/vie privée), ne font pas encore l’objet d’une réglementation spécifique.

Limites managériales : au-delà des questions juridiques, le télétravail remet en question l’organisation et la culture d’entreprise. Près d’une entreprise sur deux estime que la culture présentielle française est un obstacle au développement du travail à distance. Les managers redoutent la perte du collectif de travail pouvant entrainer une complexification de la gestion des salariés : nouvelles modalités de contrôle de la productivité, modification des relations de travail au sein de l’entreprise.

Les entreprises interrogées soulignent le paradoxe du télétravail entre plus de liberté et d’autonomie dans l’organisation de son travail par le salarié et l’accroissement du suivi et du contrôle que l’on pouvait avoir sur lui auparavant.