A l’occasion de sa réunion annuelle à Munich, les 19 et 20 novembre, le Fujitsu Forum, le constructeur japonais présente une nouvelle famille de serveurs Primeflex, des systèmes très intégrés et son cluster de stockage géant, l’Eternus CD 10 000.

Les enjeux de l’arrivée des infrastructures hyper connectées, pré-annoncées fin août à VMWorld, aptes à séduire les promoteurs de datacenters, s’affichent à l’entrée du forum et en particulier les systèmes en racks destinés aux hyperviseurs. Microsoft, VMware, KVM et Red Hat via des intégrateurs y font la promotion de leurs offres de virtualisation pour les clouds privés et hybrides. Les applications de l’allemand SAP  sont particulièrement mises en avant sur le forum munichois.

La bataille du vertical et du -sur mesure- est lancée.

Fujitsu propose de plus en plus de systèmes intégrés, une ligne complète de plus de 20 serveurs orientés métier pour les centres de données. Dans une démarche de serveurs « prêts à l’emploi, livrés dans vos locaux, utilisables en moins d’une heure » selon la publicité, la firme les propose conditionnés et testés par ses soins. La démarche « clés en mains » rappelle celle de Dell et de ses serveurs VRTX et FX . Selon le Gartner, prés de 90% du marché mondial des datacenters, soit prés de 80 milliards, reposent encore sur des systèmes de serveurs classiques mais le marché des systèmes intégrés, celui que vise désormais Fujitsu, serait le segment en progression constante avec 50% en 2012 et 2013. En tête de gondole, on trouve ainsi des Primeflex pour SAP Hana ou des Primeflex pour Hadoop. Du côté de l’ERP SAP Hana, par exemple, au-delà de l’optimisation du hardware pour la version In Memory, la firme japonaise veut se distinguer de ses concurrents directs, HP et Dell, sur le mode sur mesure par « métier ».

Fujitsu veut tout savoir des clients SAP pour affiner ses serveurs

Elle a recruté le responsable commercial des offres SAP d’IBM en Allemagne, et a lancé plusieurs études pour mieux connaître les besoins des utilisateurs des ERP SAP qui représentent déjà l’essentiel des premiers clients des serveurs sur mesure. Les acheteurs des applications prêtes à l’emploi sont aussi ceux des serveurs intégrés. A titre indicatif, sur les 5 repères principaux de l’étude « SAP transformation Survey », portant sur 411 clients, les premiers objectifs de ceux-ci étaient d‘aligner les évolutions de l’IT sur les besoins métiers (58%), de standardiser et de globaliser les systèmes (52%), de réduire les dépenses (51%), d’exploiter à fond les fonctions de SAP (50%) et de moderniser les applications (49%). La firme joue la carte des services en proposant des offres de cloud hybrides et de services managés en partenariat avec plusieurs éditeurs dont le plus omniprésent est SAP.

Une configuration dédiée au Big Data

Avec une version ciblée hadoop de ses serveurs, la référence logicielle en open-source pour le traitement de données, la firme veut mieux répondre aux grandes organisations qui cherchent de nouvelles façons de gérer la croissance des données et obtenir des informations précieuses. Selon Fujitsu, l’intégration proposée crée une plate-forme entièrement dédiée au Big Data. L’appliance permet l’analyse de très grands volumes de données et fournirait aux utilisateurs spécialisés un moyen plus rentable que des serveurs agnostiques pour créer des processus analytiques évolués. L’offre Primeflex pour hadoop combine donc du matériel préconfiguré et pré-testé avec les logiciels open-source, le support système et des outils de gestion du cycle de vie. Les clients se voient en effet proposer dans des contrats annuels  le ‘ Fujitsu Lifecycle Management’ peternusour la gestion des mises à jour systèmes. Le japonais la vend comme  la garantie de la compatibilité  permanente de sa pile logiciel en cours d’utilisation. Fujitsu SolutionContract se veut pour sa part une offre pour lutter contre les temps d’arrêt non planifiés des systèmes. L’offre est complétée par différentes offres de back up en ligne.

Quel hardware ?

La configuration type pour un serveur Evo rail doté de 4 cartes indépendantes inclut dans un seul boitier de 2 U de hauteur, deux puces Intel Xeon Ivy Bridge E5 -2620 et 192 Go de mémoire vive de DDR4. Le stockage repose sur trois niveaux de système : un disque de boot de type SAS ou SLC associé à un disque SSD de 400 Go de type MLC et enfin trois disques magnétiques (de type10k) de 1,2 To. Du côté réseau, chaque nœud disposera de deux ports 10 Gigabit Ethernet soit 8 ports Ethernet par boitier. Si Dell parlait, début novembre, de configurations classiques aux alentours de 150 K Euros, Fujitsu vise la barre des 120 k Euros. Difficile à priori de faire une analyse précise des offres surtout du point de vue des disques Flash et SAS qui sont facilement permutables. L’intérêt des offres Evo rail sera en tous cas de mettre en lice tous les fabricants avec des configurations quasiment identiques. Avec 4 boitiers soit 16 nœuds, on pourra constituer un petit data center apte à gérer environ 400 machines virtuelles. L’espace de stockage qui pourra atteindre 13 to sera rapidement reconfigurable via l’outil Vsan. Mais ce système n’est rien face à L’Eternus CD 10 000.

Une montagne pour le stockage

La firme japonaise montrait aussi son tout dernier cluster de stockage à trois niveaux basé sur une architecture en nœuds, l’Eternus CD 10000 (photo). Fujitsu_storage_CD10000Sa capacité maximale pourrait atteindre les 56 Po (56 000 To) de données en ligne, en agrégeant au maximum jusqu’à 224 nœuds de stockage. Chaque nœud se présente au premier abord sous la forme d’un serveur avec des interfaces réseau et des disques plus ou moins performants, avec des niveaux de services (SLA) différents. Le nœud de base a une capacité de 12To dans un tiroir de 2U de hauteur, le nœud de très haute performances basé sur du flash peut atteindre 36To tandis que le nœud capacitif, basé sur des disques magnétiques peut atteindre les 252To dans un châssis de 6 U de hauteur.

L’ensemble en général réside dans une armoire imposante et supporte à la fois le stockage en mode bloc, fichier ou objet. Il s’appuie sur le logiciel de stockage open source Inktank Ceph Enterprise de Red Hat et différents logiciels open source. L’archivage, la synchronisation et le partage de fichiers et les applications Cloud de stockage font partie des nombreuses offres open source proposées avec bien sûr des formats spécifiques à hadoop. Fujitsu propose des fonctions d’administration évoluées pour pouvoir gérer l’ensemble du système depuis un tableau de bord unique. A l’autre bout de la chaîne, la firme propose des tablettes sous Windows et Android pour l’entreprise. Avec HP, c’est la dernière firme à couvrir l’ensemble de la chaine informatique du mainframe aux tablettes  et téléphones mobiles, son offre de 3G devant être prochainement renouvelée par des modèle 4G. L’ensemble des différentes gammes est pris en charge par des équipes d’avant vente et de services dont le mot d’ordre est la fidélisation des clients.

5 ans après le rachat des parts de Siemens, le japonais est à nouveau sur les rails

D’un point de vue économique, la firme avait terminé son année 2014 avec un CA de 46 milliards de dollars US, un exercice clos le 31 mars 2014. Après avoir racheté les parts de Siemens en 2009 dans sa joint-venture crée en 1999, la firme japonaise avait restructuré toute son activité et en particulier ses composants. Rappelons qu’auparavant la firme avait racheté l’anglais ICL et l’activité PC du finlandais Nokia. Selon la firme, les résultats du premier semestre 2015 sont encourageants. Entre avril et septembre, la firme a réalisé un bénéfice net à 24,1 milliards de yens (177 millions d’euros), contre 14,6 milliards (99,62 millions d’euros) un an plus tôt. Le chiffre d’affaires est en progression de 1,9%, à 2.192,8 milliards de Yen (16,12 milliards d’euros). Des comparaisons précises ne sont pas cependant faciles à effectuer puisque la firme s’est mise à la comptabilité internationale IFRS, que le Yen à baissé et que le dollar a monté, ce qui devrait  nuire, à terme, à ses bénéfices. Avec son activité centrée sur son usine d’Augsbourg, le japonais paraît etre le dernier défenseur d’une activité de matériel informatique européenne face aux chinois et aux américains.