Depuis les années 2000, les majors de l’industrie IT se sont lancés dans des programmes d’acquisitions sans précédent. Le phénomène est largement en voie de s’internationaliser.

Google est un bon exemple de cette course sans fin où les gros mangent les plus petits et où les startups envisagent de se développer suffisamment rapidement en espérant avaler les plus petits que soi pour accélérer leur croissance. La firme de Mountain View a été créé en septembre 1998 et a commencé à racheter d’autres entreprises dès février 2001. La première sur la liste est la société Déjà qui proposait un service Usenet et a été intégré à la division Google Groups.

La première entreprise significative à être rachetée a été la société Applied Semantics, spécialisée dans la publicité en ligne pour un montant de 102 millions de dollars et ses produits ont été intégrés à AdSense et Adwords. De toutes ces emplettes, c’est celle de Motorola Mobility pour 12,5 milliards de dollars et qui a sans doute la plus désastreuse puisque Google l’a revendu pour un peu moins de 3 milliards de dollars. Au total, ce sont 200 sociétés qui ont été absorbées par Google et le rythme s’accélère. En 2016, Google a racheté à ce jour 14 entreprises. Sur ces 200 entreprises rachetées, 150 sont américaines. Les autres nationales les mieux représentées sont le Canada (11 sociétés rachetées), le Royaume-Uni (7), l’Allemagne (6) et Israël (5). La France est une cible modeste avec trois sociétés seulement : Sparrow en 2012, Flexycore en 2013 et Moodstocks cette année, une société spécialisée dans la reconnaissance des images.

Parallèlement à une augmentation des fusions&acquisitions, on assiste depuis quelques temps à une internationalisation des échanges. C’est ce qu’indique le cabinet 451 Research dans une note récente (Tech M&A grows increasingly global). La croissance rapide des bénéfices internationaux des entreprises américaines, associée à une activité croissante des entreprises asiatiques, a poussé les transactions transfrontalières à un niveau record cette année. Selon 451 Research, les dépenses d’acquisition de technologie où l’acheteur et le vendeur sont basés dans des pays différents a déjà atteint 202 milliards de dollars, soit 44% des rachats réalisés cette année. Avec un plein mois de 2016 restant, les acheteurs internationaux de technologie ont déjà dépensé 15% de plus que le record de l’année 2007 (175 milliards de dollars). Marquée par la crise financière la plus grave depuis 1929, 2008 a mis un terme à cette effervescence. Cependant, même lorsque les acquéreurs dépensent plus que jamais autour du globe, les forces politiques et économiques émergentes pourraient mettre un terme à ces activités.

6-ma-1La victoire surprise du Brexit au Royaume-Uni et l’élection non moins surprenante de Donald Trump aux États-Unis pourraient avoir l’impact le plus important sur les transactions transfrontalières. Les cibles aux États-Unis et au Royaume-Uni représentaient environ la moitié des transactions transfrontalières dont les plus emblématiques ont été l’acquisition de la société britannique ARM Holdings par SoftBank et d’Autonomy par HP. En outre, le nationalisme économique représenté par ces deux votes s’étend à d’autres pays, dont l’Italie et l’Allemagne.

Ailleurs, les entreprises basées en Chine ont largement contribué au chiffre d’affaires transfrontalier de cette année, avec un montant d’investissement de 32 milliards de dollars sur des entreprises de technologie en dehors de leurs frontières. Cette montée en puissance est survenue malgré un examen attentif des gouvernements des entreprises visées. Ce fut le cas de la vente d’Opera Software à un conglomérat de vendeurs chinois. De même, sur la base des menaces électorales du président élu Trump de porter plainte contre les pratiques commerciales « injustes » de la Chine, les fusions-acquisitions sino-américaines pourraient certainement ralentir.

Alors que la Chine est devenue récemment active, les entreprises américaines ont dépensé plus de deux fois plus que les entreprises chinoises à acheter à l’étranger. Parmi les acquisitions les plus importantes, il faut mentionner celles du fabricant néerlandais de composants NXP Semiconductors par Qualcomm pour un montant de 39,2 milliards de dollars. De même, 2016 n’est pas une valeur aberrante. Les entreprises américaines ont dépensé plus de 13 milliards de dollars par an sur les transactions étrangères pendant la dernière décennie.

En partie, ces investissements a été payé par l’argent laissé à l’étranger pour des raisons fiscales. (La portée de Qualcomm pour NXP, le plus gros contrat de l’année, sera financée par des liquidités et des revenus provenant de filiales étrangères). Une grande partie de cette trésorerie pourrait revenir aux États-Unis si la prochaine administration supprime ou abaisse la double imposition courante frappée par les États-Unis Entreprises si elles rapatrient les revenus étrangers. Cependant, le cabinet 451 Research pensent possible un regain d’activités à court terme avant de réelles mesures se mettent en place, notamment liées au Brexit et à l’entrée en fonction de Donald Trump.