IBM a réalisé 21 trimestres de baisse consécutive de son chiffre d’affaires. C’est peut-être là le sommet de l’iceberg. Big Blue affiche une baisse continue de sa productivité (mesurée en CA/salarié) depuis 1999.

En 2011, IBM avait réalisé un chiffre d’affaires de 107 milliards de dollars. Cinq ans plus tard, son chiffre d’affaires était passé en dessous des 80 milliards de dollars au terme d’une baisse de 25 %. Gini Rometty a poursuivi la politique de son prédécesseur, Sam Palmisano, en opérant la cession des activités à faible ajoutée et en mettant l’accent sur les nouvelles activités hautement rentables. La dernière vague de cette politique a été la cession de la division serveurs x86 au chinois Lenovo.

A chaque publication de résultats, IBM explique que la forte augmentation des activités stratégiques (Strategic Initiatives incluant l’informatique cognitive et Watson, le Cloud, la Securité…) ne compensant la baisse des activités traditionnelles. Selon Peter E. Greulich, ex-IBMer et auteur du livre THINK Again: IBM CAN Maximize Shareholder Value, en dollars constants de 1999, la productivité mesurée par le rapport CA/salariés a diminué de 46 %. En 1999, chaque salarié « produisait » 247 000 dollars ce qui se traduit par 354 000 dollars constants alors qu’il s’est établi à 193 000 dollars en 2016. Ce ratio est inférieur à celui de nombre d’entreprises présent sur le secteur high tech : Google, Apple, Cisco, Oracle, Symantec, Dell EMC, Juniper…et légèrement supérieur à celui de sociétés comme Infosys ou Wipro. Si les 414 000 salariés étaient aussi productifs en 2016 qu’en 1999, IBM aurait réalisé un chiffre d’affaires de 147 milliards de dollars au lieu des $79,9Mds.

Parmi les raisons avancées par Peter E. Greulich, IBM a dépensé 190 milliards de dollars en rachat d’actions depuis 1995 et 57 milliards de dollars en acquisitions. Pendant ce temps, L’entreprise a peu investi dans ses employés, ses produits et ses processus. L’autre tendance poursuivit par IBM est ce que l’auteur appelle le « Workload Rebalancing » : un transfert de salariés hautement motivés, productifs et rétribués vers des salariés qui le sont beaucoup moins. Cette évolution a été réalisée en particulier par le développement des emplois offshore, tout particulièrement en Inde qui est aujourd’hui la première filiale d’IBM et emploie plus de salariés qu’aux Etats-Unis. Cette tendance ne semble pas terminée. Le mois dernier, le quotidien Times of India indiquait le nombre d’emplois ouvert dans le domaine de l’IT : Accenture annonçait plus de 5 000 nouveaux emplois, quatre fois plus qu’aux Etats-Unis, Capgemini 2 600, Oracle 1100 et IBM près de 700.

Malgré cette évolution défavorable, IBM a réussi à maintenir des bénéfices élevés. Toutefois, la croissance du ratio bénéfice/salariés de 32 % sur 17 ans sous la présidence Gerstner-Palmisano-Rometty est assez de celle de leurs prédécesseurs : 215 % sur 16 ans sous la présidence de Watson Jr, 163 % sur 10 ans avec Learson-Cary. Et l’indicateur du revenu par action n’est mieux loti : il a baissé de près de 9 % en dollars constant de 1999.