Ces cinq dernières années, IBM a dépensé 70 milliards de dollars en rachat d’actions. La valeur des actions rachetées s’établit aujourd’hui à 45 milliards de dollars. Combien IBM a-t-il perdu ?

C’est avec cette formulation relativement simple que l’analyste financier Josh Arnold présente un des volets majeurs de la stratégie d’IBM de ces dernières années (IBM Spends $70 Billion To Retire $45 Billion Worth Of Shares). « Il semblerait qu’IBM n’ait pas d’autres idées pour maintenir une volonté de maintenir son bénéfice par action élevé », poursuit l’analyste. « Ce programme de rachat d’actions est efficace dans une situation de hausse mais aggrave les choses quand le cours de la bourse s’inscrit dans une tendance baissière, ce qui est le cas depuis 2010 ». Il s’est accompagné d’une réduction du nombre d’actions en circulation d’environ 25 %.

Loin des 20 dollars fixé il y a quelques années, IBM a publié pour 2014 un bénéfice par action (EPS from Continuing Operations) de 15,59 dollars et un dividende de 4,40 dollars par action. Ce qui représente 35 % du cash flow disponible, un ratio inférieur à ce que pratiquent des entreprises du secteur comme Microsoft (40,7 % en 2014) et Cisco (48,4%).

IBM a toujours été très généreux envers ses actionnaires et a payé des dividendes depuis près de 100 ans. Et depuis 19 ans, Big Blue a augmenté le montant des dividendes versés à ses actionnaires, année après année. Mais avec les difficultés rencontrées à l’exercice précédent soldé d’un côté par la baisse significative de son chiffre d’affaires et de l’autre par la révision de ses objectifs de bénéfices pour 2015, IBM pourra-t-il continuer à être aussi généreux avec ses actionnaires ?

En 2014, IBM a fait état d’un chiffre d’affaires en baisse de 12 %. Mais, toutes choses égales par ailleurs, c’est-à-dire en ôtant les activités qui ont été cédé durant l’année passée, cette baisse n’est en réalité que de 2 %. IBM a en effet cédé son activité serveurs x86, sa fabrication de semiconducteurs et son activité BPO service client. Toutes les activités majeures d’IBM se sont rétractées à l’exception de la plus importante d’entre elles en chiffre d’affaires, la division Global Technology Services qui a connu une croissance de 2 % de nature à apporter un léger correctif à la hausse de l’ensemble.

OpenPower et z13

IBM s’est lancé dans une course poursuite entre des activités en perte de vitesse et celles qui doivent relancer la mécanique et offrir les sources de croissance de demain. Sans pour autant abandonner les activités matériels dans lesquelles IBM poursuit le développement de deux plates-formes : Power et z. Pour la première, IBM a joué la carte d’ouverture en libérant les spécifications techniques à partager par les membres d’une fondation OpenPower. La Fondation OpenPower vient d’annoncer plus de 10 solutions matérielles et un nouveau microprocesseur adapté pour la Chine. (Premières annonces pour la Fondation OpenPower).

30 IBM 1

Pour la seconde, IBM vient de dévoiler le z13, la dernière génération de ses mainframes dont le premier système a été livré il y a quelques jours et qu’IBM sous le signe de la révolution mobile. Le z13 a beau être le successeur d’un système lancé il y a un demi-siècle, il concentre nombre de technologies que les serveurs x86 ont découvert il n’y a pas si longtemps à commencer par la virtualisation (un système z13 peut héberger jusqu’à 8000 machines virtuelles). Mais il y a aussi la haute disponibilité, le support de Linux et de Java, de l’analytics notamment avec hadoop et d’une base de données in-memory. Même s’il représente désormais une part relativement faible du chiffre d’affaires d’IBM, le z13 est générateur de revenus en logiciels et services importants et dont les premiers effets devraient se faire sentir à partir du second trimestre 2015. Les mainframes IBM sont très présents dans certains secteurs à commencer par la banque – dans 92 de 100 plus grandes mondiales -, l’assurance (10 sur 10), la grande distribution et les compagnies aériennes. Ce serveur a été conçu de telle manière qu’il peut supporter à la fois du transactionnel et de l’analytics, ce qui rappelle IBM n’est pas conseillé. En tant que dinosaures de l’informatique, les mainframes sont-ils en train de disparaître ? 80 % des données des grandes entreprises résident dans les mainframes qui assurent 30 milliards de transactions par jour. Deux chiffres qui constituent pour IBM une réponse à la question.

30 IBM 3

Pour l’avenir proche, IBM compte sur ce que Ginny Rometty a qualifié « d’impératifs stratégiques » et qui recouvrent le fameux SMACS (Social, Mobility, Analitycs, Cloud and Security) et pour lesquels il a investi quelque 4 milliards de dollars (IBM veut relancer la machine à innovation). IBM est confronté à des grandes difficultés comme il l’a déjà été, notamment dans les années 90 où IBM a failli disparaître, mais il est selon la société d’investissement dans une bien meilleure situation (Don’t Panic Over International Business Machines Corp.’s Earnings) : une activité matériel désormais moins importante, une forte présence dans le logiciel où IBM est le numéro trois mondial et une activité services stable et récurrente.

30 IBM 2

30 IBM 4