La force des objets connectés est de générer de l’information et de la rendre accessible en temps réel. Cet atout peut être récupéré par l’ensemble de la chaîne logistique aussi bien pour garantir à ses responsables une visibilité en temps réel des flux, pour tracer l’histoire d’un produit depuis sa conception à sa consommation en passant par son transport, pour procéder à une maintenance proactive ou renforcer la standardisation et la sécurité.

Par exemple, l’ETA (l’heure d’arrivée estimée du chargement à destination qui permet au destinataire de s’organiser pour limiter le temps d’attente du camion sur le site), constitue un cas d’application extrêmement pertinent d’exploitation des données en provenance des objets connectés pour la logistique. Grâce à ces derniers, cette heure serait définie précisément par le croisement de données issues de la géolocalisation des camions (camions connectés), de prévisions de trafic provenant de sources tierces (communauté d’abonnés à un opérateur téléphonique ou à un système communautaire) et de données sociales du chauffeur. Soit un gain de temps et d’efficacité.

Mais ce n’est pas tout ! Y compris dans l’entrepôt, les objets connectés sont en passe de favoriser l’optimisation logistique. Certains prestataires ont commencé à équiper leurs préparateurs de commandes de lunettes connectées enrichies d’applications logistiques industrielles, afin de les guider visuellement  à travers les méandres de l’entrepôt pour gagner du temps. D’autres envisagent l’usage de drones d’intérieur afin d’automatiser les inventaires. L’intérêt de ces dispositifs ? Réduire les temps non-productifs et les risques d’erreurs, améliorer la productivité et la qualité.

2015 ou l’année du décollage du Big Data dans la logistique

Si dans certains secteurs le doute subsiste à propos de la pertinence du Big Data, la logistique n’est pas dans ce cas. En effet, la collecte et l’analyse des données temps réel et statistiques peuvent offrir une aide concrète à la prise de décision notamment en cas de perturbation de la chaîne logistique.

Les données temps réel permettent de calculer précisément les tournées de centre-ville en tenant compte, par exemple, des perturbations sur le trajet liées aux fermetures de routes, aux déviations, aux éléments de synchronisation des feux tricolores ou encore à la disponibilité des espaces logistiques urbains. Alors que les données statistiques, utilisées par des acteurs majeurs tels que DHL ou Amazon, rendent possible la prévision des volumes de charge ou les ventes à venir pour mieux anticiper les ressources logistiques nécessaires à leur traitement.

Que manque-t-il pour que ces applications se généralisent ? La connexion de tous les acteurs pour collecter les données, produire les programmes performants d’analyse correspondants et in fine les transmettre aux parties prenantes. Des conditions qui pourraient commencer à être réunies dans les prochains mois…

La logistique verte va prendre des couleurs

Cette année, la mairie de Paris va présenter son schéma directeur 2015-2020 de la ville intelligente et durable et la France accueillera la 21ème conférence climat. Ces initiatives, qui symbolisent la volonté politique de prendre à bras le corps le problème environnemental dans toutes ses composantes, auront nécessairement un impact sur la chaîne logistique et son verdissement. A quoi pourrait ressembler une logistique verte ? Plusieurs pistes sont à l’étude.

Le format hub logistique de proximité permettant de livrer les centres ville avec des petits véhicules est un concept intéressant, emblématique de la logistique urbaine verte. Si le choix du mode de livraison amont est idéalement dans ce schéma fluvial et ferré, comme l’illustre des enseignes telles que Franprix ou Monoprix, l’organisation du flux en aval, au-delà du choix des véhicules, donne lieu à de nombreuses interrogations concernant le moyen le plus efficace de réduire l’empreinte écologique globale de la livraison : faut-il faire cohabiter dans les tournées la livraison des commerces et des particuliers ? Faut-il organiser des boucles complètes comprenant la livraison et la collecte pour les retours d’articles ? Comment organiser les espaces logistiques urbains pour opérer les livraisons de manière efficace ?

La mise en place d’une logistique centralisée au sein des zones commerciales ou centres commerciaux constitue une autre piste riche en avantages. Au-delà des bénéfices écologiques évidents, cet enchevêtrement du lieu de vente et du centre logistique permettrait de proposer un accès de réception unique et spécialisé pour les transporteurs, faciliterait la mutualisation des flux en amont et des opérations de livraison et libérerait de la surface commerciale en constituant une zone de stockage des marchandises en lieu et place des réserves magasin. Dans le cadre de ce dispositif, les magasins appelleraient depuis ce hub de proximité les quantités souhaitées à une fréquence de deux fois par jour… Comme les pharmacies !

Sous l’impulsion du développement de nouvelles technologies et sous la pression des enjeux environnementaux, le secteur de la logistique s’apprête à  subir des changements profonds. Certains donneront même lieu aux tendances précitées. Et l’enjeu pour les acteurs de ce secteur sera de s’y adapter au plus vite sous peine d’être irrémédiablement dépassées.

 

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Isabelle Badoc est responsable de la gamme Generix Collaborative Supply Chain chez Generix Group,