Présenté directement par Guillaume Pepy, président de la SNCF, #DIGITALSNCF est présenté comme le plan de la transformation de l’entreprise.

« Allant bien au-delà du simple commerce électronique et de la relation client, le digital doit, selon Guillaume Pepy permettre à la SNCF de créer plus de valeur et d’agir sur la qualité et l’efficacité de la production de transport ». Ce programme, qui doit être en place en 18 mois et dont le montant n’apas été révélé est organisé en 8 chantiers et placé sous la responsabilité de Yves Tyrolle, aujourd’hui directeur digital et communication et précédemment patron de voyages-sncf.com.

L’histoire du Numérique ne commence pas aujourd’hui expliquait en substance Yves Tyrolle en préambule à la présentation de ce plan dont la première pierre est la création de voyages-sncf.com (CSC ausculte la transformation numérique des entreprises). Créée en 2000, la joint-venture entre SNCF participation et Expedia est la première agence de voyages et le premier site marchand français avec 7 millions de visiteurs par mois et un chiffre d’affaires de 4 milliards d’euros. Au-delà des billets de trains, le site vend donc aussi des billets d’avions, des services de location de voitures, locations de vacances, chambres d’hôtel, séjours clé en main et à la carte et également des places de spectacles, d’excursions, des visites de musées, en France comme à l’étranger.11 SNCF1

Parmi ces 8 chantiers, le plus visible aux clients concerne la mise en service du haut débit dans les trains et dans les gares. La SNCF s’engage aux côtés des opérateurs et avec l’ARCEP sur la mesure avec des rames test de la couverture 3G et 4G sur l’ensemble du réseau ferroviaire, et l’ouverture de celui-ci à l’ensemble des opérateurs pour le déploiement des antennes. Les lignes ferroviaires sont encore souvent des zones blanches, où l’utilisation des smartphones reste difficile reconnait la SNCF. L’ambition de la SNCF est d’abord d’assurer la couverture des lignes du quotidien, au bénéfice des clients mais aussi des agents. L’entreprise ferroviaire commencera par l’amélioration de la couverture de l’Ile-de-France et l’étendra progressivement à l’ensemble du réseau. Pour les trains du quotidien, la SNCF a commencé à travailler avec les différents opérateurs en liaison avec l’Arcep pour que les protocoles télécom soient approuvés. Le développement du Wi-Fi se fera ensuite progressivement.

Techniquement, c’est possible mais reste coûteux. Sur la base du service dans le Thalys qui relie Paris à Amsterdam, la mise en service du Wi-Fi représente un investissement de 350 000 euros par rame. On se rappelle qu’au début janvier, Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat chargée du numérique, avait dit espérer que ce coût ne soit pas supporté par les voyageurs.

L’ouverture du haut débit sur le réseau devra aussi bénéficier aux agents dont le travail devrait être facilité. Les supports papiers dont disposent les agents chargés de la surveillance des installations ferroviaires seront remplacés par des tablettes ou phablettes (1600 tablettes et 11 800 phablettes pour environ 12 000 agents) et permettre aux agents chargés de la surveillance des installations ferroviaires de saisir directement les données issues de leurs observations.

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Il existe deux grands types de missions de surveillance : celles où les agents parcourent de longues distances à pied, munis d’un calepin ou d’un formulaire, pour effectuer leur relevé d’observation sur les voies. Pour ces tâches, les agents seront munis d’un outil léger, la phablette, afin de noter au stylet leurs remarques.
Deuxième catégorie de missions de surveillance : celles qui concernent les installations fixes, comme les aiguillages. Elles impliquent de rester au même endroit pendant un temps assez long car les agents doivent alors effectuer des mesures précises, en s’appuyant sur une documentation importante, notamment les schémas des appareils. Pour cet usage, la tablette est l’outil le plus adapté, car l’écran est assez grand pour afficher des plans ou lire des documents. Les agents pourront aussi ajouter des photos prises avec leur appareil et donner ainsi une information très précise. Les outils et la première application métier seront déployés d’ici à fin 2015. C’est une première brique, d’autres applications suivront.

11 SNCF3Les terminaux mobiles permettront la saisie des données mais aussi la numérisation et consultation des données de manière plus efficace (projet documentation structurée de maintenance du matériel (DSMAT). Aujourd’hui, la documentation est complexe. À titre d’exemple, la documentation de réparation des essieux comporte plus de 500 pages. Sur ces opérations, l’idée est d’apporter à l’agent de maintenance uniquement l’information qui lui est strictement nécessaire. Demain, ce contenu sera directement téléchargé sur sa tablette. Ce projet concerne 10 000 agents dont 500 personnes chargées de leur production, 9000 documents de maintenance et 17 000 matériels roulants et 80 sites. La réflexion autour de cette numérisatoin a démarré à l’ingénierie fin 2012. Aujourd’hui, deux sites expérimentent ce prototype à Dijon et à Strasbourg. La première phase consiste à étendre à quelques technicentres l’utilisation des tablettes. Ce sera effectif vers mi 2015 avec 700 tablettes déployées dans ces technicentres entre juin et août. Et enfin, au cours de l’année 2016 seront déployées les 8100 tablettes restantes sur la totalité des centres de maintenance.

11 SNCF4Parmi les autres projets, deux concernent la création et l’utilisation des données. La première baptisée Flux.SNCF doit apporter une meilleure connaissance des flux de voyageurs. Connaître ces flux en temps réel représente un défi complexe pour le ferroviaire, où les voyageurs, contrairement au secteur aérien, sont le plus souvent libres de monter dans le train qu’ils souhaitent. Les technologies numériques seront indispensables pour réaliser ce projet. La SNCF va commencer sur les Transilien et les TER. Cela permettra d’adapter le matériel au nombre de personnes transportées. Seront aussi proposés des services plus adaptés, comme une répartition plus fine des places de parking ou celles réservées aux vélos. Idem dans les gares, où nous la SNCF pourra mieux positionner les distributeurs et les autres services, en fonction des parcours précis des voyageurs.

La SNCF s’est inscrite dans le mouvement Open Data (à ce jour, 55 jeux de données et API ouvertes, 14 millions d’appels mensuels aux API et une centaine de réutilisations – applications, datavisualisation notamment) et l’Open Innovation en mettant en place un écosystème de partenaires innovants (start-up, développeurs, designers, data scientists) de co-construire de nouveaux services pour les voyageurs. La stratégie a été engagée dès 2011. Egalement destiné aux voyageurs et clients, Store SNCF, le magasin central s’inspire des app store d’Apple ou de Google et contiendra des applications à destination des clients et des agents.

La SNCF veut également mieux maîtriser l’accompagnement de l’innovation via la création du création du fond d’investissement SNCF Digital Ventures. Doté de 30 millions d’euros sur 3 ans, ce fond qui sera lancé d’ici juin 2015, vise à investir dans toutes sociétés qui participent à la transformation digitale de SNCF : 12 à 15 investissements, avec des tickets de 500 000 euros à 2 000 000 euros, sont prévus.

Dans un esprit voisin, la SNCF lancera le challenge en juin prochain le challenge Open Innovation SNCF qui débutera en juin répondant à l’appellation « 574[1] » : 1 projet, 5 villes, 4 thèmes. Les 574 sont des lieux physiques qui rassembleront les équipes projets digitaux du groupe SNCF, des incubateurs avec des startups et des centres d’expertises. Les 574 sont des lieux physiques qui rassembleront les équipes projets digitaux du groupe SNCF, des incubateurs avec des startups et des centres d’expertises, appelés « fabs ». Les fabs seront au nombre de 4, avec les thèmes suivants : big data ; open data et Api ; design ; objets connectés et robotique. Les 574 seront localisés à Paris, Lyon, Toulouse, Nantes et San Francisco. Ils devraient être étroitement liés au tissu local (startups, écoles, etc.) de leur lieu d’implantation.

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Le nom du projet est un clin d’oeil au record du monde de vitesse sur rail, à 574,8 km/h