Nous entrons aujourd’hui dans une ère où chacun a la possibilité de déployer une puissance de calcul massive, du stockage en ligne et des connexions de réseaux au niveau mondial aussi rapidement et simplement qu’on allume la lumière. C’est l’ambition (et la réalité) du cloud computing, qui change profondément l’industrie technologique et la façon dont les entreprises fonctionnent en Europe et partout dans le monde.

Les start-ups les plus prospères d’Europe comme Spotify, WeTransfer ou Shazam, les grandes entreprises plus anciennes telles que Royal Dutch Shell, Schneider Electric, SAP ou Unilever, mais aussi les institutions gouvernementales, le secteur de l’enseignement et les instituts de recherche ; tous utilisent la technologie du cloud computing pour accélérer l’innovation et être plus à même de servir les intérêts de leurs clients et les citoyens européens.

Selon une étude réalisée par le Center for Economics and Business Research, le cloud computing pourrait rapporter près de 763 Mds d’euros[1] aux cinq plus grandes économies européennes de 2010 à 2015. Selon le cabinet d’étude IDC, l’économie du cloud computing connaît une croissance de plus de 20%[2], ce qui pourrait permettre de générer près de mille milliards d’euros de PIB et 4 millions d’emplois supplémentaires d’ici 2020[3]. Ces chiffres sont tellement significatifs que la plupart des décideurs politiques européens réfléchissent aujourd’hui à la meilleure façon de s’appuyer sur le cloud computing pour stimuler l’économie.

La Commission Européenne a joué un rôle primordial en reconnaissant les avantages économiques du cloud pour l’économie européenne. Elle a d’ailleurs lancé le ‘European Cloud Partnership’ (ECP) afin de promouvoir et développer le cloud computing en Europe. En tant que membre du comité de direction de l’ECP, j’ai le privilège de contribuer à cet important projet.

Après la récente proposition de l’ECP intitulée ‘Trusted Cloud Europe’ encourageant l’adoption du cloud, je tenais à partager ma vision des éléments nécessaires permettant d’accélérer l’adoption du  cloud computing en Europe. En effet, je pense que nous avons besoin de nous baser sur les valeurs que partagent tous les Européens pour faire du cloud computing un succès dans la région. En tant que Néerlandais, je tiens à défendre les valeurs européennes comme le droit à une société juste et démocratique, ainsi qu’à une solide protection de la vie privée et des libertés. Lorsqu’il est correctement utilisé, le cloud computing permet à ces valeurs européennes d’être pleinement exprimées et concrétisées.

Ainsi, pour que le cloud computing soit un succès en Europe, les fournisseurs doivent tout mettre en œuvre pour dépasser les attentes des clients. Le plus simple pour atteindre cet objectif étant de donner le pouvoir aux clients, en ne leur imposant aucun engagement minimum ou à long-terme. Cela signifie que les consommateurs sont libres de partir s’ils ne sont pas satisfaits. Pendant trop longtemps, les clients ont été contraints de s’engager sur le long terme et d’investir beaucoup d’argent dans des licences logiciels. Un service cloud centré sur le client libère les entreprises européennes de ces contraintes, et démocratise la technologie, offrant à tous un accès identique aux services à la demande, des services à la pointe de la technologie mondiale.

Certains ont encore des modes de pensées archaïques et essayent de saper l’important travail que réalise l’ECP. Ils réclament le développement d’un environnement cloud computing en Europe pour protéger les intérêts de la « vieille garde » de l’IT et la façon dont l’informatique « avait l’habitude» d’être  fournie, aboutissant aux mêmes contrats onéreux, et ne proposant donc aucun des avantages du cloud computing. Je déplore donc cette démarche et je trouve que cela va à l’encontre de l’esprit de l’ECP et de son objectif, qui est de mettre le cloud computing au service des clients et des citoyens européens et non au service des actionnaires d’entreprises IT.

Poursuivre la baisse des prix pour les Européens permettra de stimuler l’économie et les entreprises au niveau local, ce grâce à davantage d’investissements consacrés à l’innovation. Grâce à cela, nous voyons déjà émerger des centres d’innovation et d’excellence à Londres, Berlin, Barcelone et Stockholm, qui commencent à rivaliser avec la Silicon Valley. En poursuivant nos efforts pour faire du cloud computing un service toujours plus accessible et en limitant les risques pour les clients, nous verrons davantage d’entreprises tenter des choses et explorer de nouvelles perspectives qui jusque-là ne pouvaient l’être. Plus d’expérimentations génèrent plus d’innovations.

Un autre point important est la possession, la protection, la propriété et le contrôle permanent des données par les clients. Les clients, les gouvernements et les entreprises, grandes ou petites, ont des préoccupations à ce sujet. Si on les délaisse, ces problématiques risquent de mettre en péril l’adoption généralisée du cloud computing et tous les avantages que celui-ci peut apporter aux entreprises européennes.

Le cloud computing doit servir les intérêts du plus grand nombre, et non pas d’une minorité. Tout comme internet, le cloud computing sera rapidement adopté si nous donnons le pouvoir aux clients. Je me fais ainsi l’écho de l’approche proposée par l’ECP qui est de développer un environnement cloud orienté client afin d’éliminer les obstacles et les contraintes qui pourraient mettre l’adoption de la technologie en péril. Cela ouvrira la voie à un développement prospère des entreprises européennes et permettra de leur donner accès à des services cloud d’une grande qualité, sécurisés et dignes de confiance.

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[1]Centre for Economics and Business Research (2010): The cloud dividend report

[2] IDC Worldwide Cloud Black Book, mise à jour du Q4 2012, Avril 2013

[3] IDC (2012): Quantitative estimates on the demand for cloud computing in Europe and the likely barriers to take up.