La transformation des réseaux d’opérateurs paraît depuis plusieurs années être toujours à l’ordre du jour, sans que l’on sache très bien si les projets en cours vont aboutir. Ce sont eux qui vont, au travers du NFV (les nouvelles fonctions de virtualisation) démocratiser la virtualisation des infrastructures que l’on retrouve en partie dans les grandes entreprises avec le SDN (Software Defined Network).SDNNFV300-300x300

Le « grand » NFV des opérateurs télécoms correspond, en gros, au sein des entreprises, au SDN, ce dernier étant d’un périmètre plus petit et complétant en partie le NFV. La notion de NFV est plus large chez les opérateurs que le SDN et prend en compte des notions comme celle de la facturation et bien d’autres éléments importants de gestion du réseau lui-même. Mais sur le fond, les objectifs sont les mêmes, il s’agit de virtualiser le réseau, pour simplifier la gestion des équipements spécialisés, le routage, la sécurité, l’administration des applications, devenues des taches virtuelles fonctionnant sur des serveurs standardisés dans des centres de données souvent distants ( voir ci-dessous). L’économie serait substantielle.nvf_600x450

La vidéo 4K justifie aussi une refonte des réseaux

Le transport simplifié des paquets et un accès haute vitesse intégrée font aussi partie des promesses du SDN et du NFV. On s’est rendu compte lors du grand salon de la vidéo professionnelle, l’IBC d’Amsterdam, début septembre, qu’il faudrait que les réseaux soient rapidement et facilement virtualisés pour supporter les débits énormes de la nouvelle génération de vidéo, la 4K, une définition à couper le souffle (quatre fois plus de pixels que la définition 1 920 × 1 080 de la Full HD ou encore en 2 fois plus haute et deux fois plus large que les grands écrans actuels).

Enfin des écrans accessibles

Jadis d’un prix inaccessible, cette année, les moniteurs 4K, dénommés Ultra HD, pour le travail ou les loisirs, coûtent enfin moins de 500 euros, alors que les premiers modèles, il y a 3 ans, dépassaient les 4000 euros. Mêmes des TV de Sony et LG atteignaient des sommets au-delà des 10 000 euros. Mais si les terminaux 4K existent désormais, tout comme les équipements d’enregistrement vidéo et le stockage existent. Pour la 4 K, les tuyaux se font attendre. 05712044-photo-definition-d-affichageEn effet, à une définition 4 fois plus grande, devraient correspondre des tuyaux 4 fois plus gros, pour acheminer le contenu. Si l’on conçoit aisément que les opérateurs cherchent à vendre du cinéma à la demande, à quoi bon parier sur le SDN pour l’entreprise ? Avec une commutation évoluée, de gros tuyaux et donc des débits supérieurs, le réseau NFV fait le jeu des applications rapides, des terminaux virtuels et des serveurs de commerces électroniques ultras réactifs. Bref, derrière le SDN et NFV des opérateurs se cachent simplement une utilisation plus aisée et des temps de réponse fulgurants pour nos Apps. Mais elles aussi doivent être virtualisées et donc plus facilement déplacées sur des serveurs à proximité de leurs utilisateurs.

Les opérateurs ne sont pas si enthousiastes

Mais ce ne sont toujours que des promesses et c’est là où l’on commence à s’inquiéter car les discours des opérateurs historiques, à part peut être ceux de Verizon, Telefonica et ATT, sont très circonspects. La bataille entre les différents fournisseurs du SDN ( image) du coté logiciels d’infrastructures laisse les acteurs sceptiques.

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Il faut l’avouer, les opérateurs de réseau sont toujours à la recherche des solutions économiques en termes de stratégie et de technologies. Plus ils attendent, et plus les prix du matériel « NFV » baissent. Faire le jeu des OTT (other the top) comme Netflix en prenant à leur charge l’exploitation du réseau et les frais d’infrastructures ne les intéressent pas. Le problème n’est donc pas que technique, il est aussi réglementaire. C’est le discours, par exemple du patron d’Orange.

NFV partout mais surtout dans les esprits

Les 16 et 17 septembre s’est déroulée à Dallas (Texas) la première conférence NFV Everywhere, ce qui peut faire sourire les sceptiques, car pour l’instant, on attend toujours les déploiements nationaux. AT&T Inc, Cablevision, Verizon, Cox Communications, NTT communications, Telefonica ont néanmoins montré leurs premiers déploiements locaux en partenariat avec différents constructeurs comme Alcatel-Nokia ou encore Cisco. Tous paraissent à l’affût des opportunités mais, hormis l’atout des très hauts débits et d’une gestion simplifiée, se pose aussi celui des ressources humaines. C’est encore le problème fondamental de la fusion des réseaux d’opérateurs et de l’informatique sous la coupe de cette dernière. Qui va diriger ? Comme les fusions annoncées des banques et des assurances, chacun au sein des opérateurs défend son espace et finalement, l’urgence de la virtualisation des réseaux, face aux conflits latents, n’est pas aussi flagrante qu’on ne le pensait, il y a cinq ans. Il faudra certainement que de nombreux réseaux d’entreprises se virtualisent d’abord avant que les opérateurs ne se retrouvent dans un situation d’urgence pour les interconnecter, sans parler de l’intégration des réseaux existants peut être limités mais qui fournissent les revenus actuels. Pour AT&T, en tous cas, l’importance du NFV, c’est aussi la capacité de se distinguer en offrant de nouveaux services, tout en se restructurant. Les offres novatrices sont souvent celles qui permettent de relancer les cotations boursières à la hausse et le marché en aurait bien besoin.