Avec l’évolution des besoins des entreprises, la progression du marché des terminaux sans fil et l’augmentation du débit de la nouvelle norme 802.11 ac, le Wi-Fi poursuit sa progression et conquiert les entreprises.

Vous avez l’impression que le Wi-Fi a toujours existé ? C’est pourtant un adolescent de 15 ans. En 1999 était créée la Wi-Fi Alliance, un organisme chargé de promouvoir la compatibilité  entre les différents constructeurs. La même année sortait le premier ordinateur portable équipé de Wi-Fi.

Depuis 1999, cinq normes se sont succédées sur le marché Wi-Fi etont fait passer le débit théorique de 10 Mégabit/s à 1,3 Gigabit/s. La dernière norme, appelée 802.11 ac, a été normalisée par l’IEEE le 8 janvier 2014.

Les équipements terminaux (PC, Tablettes, Smartphones) suivent ce mouvement et la majorité des modèles récents étaient dotés de 802.11 ac fin 2014. Les architectures Wi-Fi internes des entreprises ont plus de mal à coller à la normalisation.

Points d’accès  Mono ou Bi-radio ?

Les normes Wi-Fi utilisent deux bandes de fréquences : la bande 2,4 GHz et la bande 5 GHz. La bande 2,4 GHZ appelée bande ISM (Industrielle Scientifique et Médicale) est utilisée pour le Wi-Fi et également pour divers éléments appartenant à notre vie quotidienne (les micro-ondes, les télécommandes, le Bluetooth,…). En centre-ville, cette bande de fréquence est ainsi très utilisée et est donc « polluée », c’est pourquoi il peut être risqué de fonctionner sur celle-ci uniquement. La fréquence 5 GHZ est, elle,  dédiée au Wi-Fi, donc plus « propre » et plus facile à utiliser mais les vieux terminaux b/g ne peuvent s’y connecter. Pour faire face aux différentes situations et s’assurer d’une pérennité de fonctionnement  dans le temps, il est important que les Points d’Accès (appelés aussi bornes) puissent fonctionner en même temps sur la fréquence 2.4 GHz et sur la fréquence 5 GHz, pour accueillir à la fois les terminaux anciens et  récents. Ces Points d’accès sont équipés de 2 radios qu’on appelle Bi-radio, Dual-Radio. Attention au terme Dual-band qui peut signifier que le point d’accès fonctionne sur l’une ou l’autre des fréquences (mais pas même temps).

Architecture Wi-fi : évolution vers les bornes avec contrôleur virtuel

La bande radio étant partagée, plus un Point d’Accès porte loin, plus il pollue la bande de fréquence et réduit la densité possible des utilisateurs. Pour limiter cette pollution, l’ARCEP limite la puissance d’émission des Point d’accès autorisés. Pour couvrir des espaces importants de bureaux il faut donc multiplier le nombre de Points d’accès. Deux architectures permettaient de gérer la multiplication des points d’accès sur un site : les bornes lourdes ou les bornes légères.

Une borne lourde fonctionne comme une « île » c’est-à-dire n’interagit pas avec les autres bornes du réseau. La programmation de chaque borne individuellement va être couteuse pour l’intégrateur. En cas de pollution radio nouvelle (voisin qui installe du Wi-fi, collaborateurs qu’on équipe en bluetooth…), il faudra potentiellement reprogrammer chaque borne. Les bornes lourdes sont sensiblement moins chères que les bornes légères et leur contrôleur.

Les bornes légères interagissent par l’intermédiaire d’un contrôleur.  Il permet un fonctionnement s’approchant d’une seule « grande cellule » : une vue globale de la couverture radio et l’entraide entre les bornes. Si une borne est polluée par des éléments extérieurs au réseau, le contrôleur pourra changer sa configuration radio dynamiquement voir celle de l’ensemble du réseau si des bornes adjacentes sont affectées. De même, si une borne tombe en panne, il peut éventuellement augmenter la puissance des autres bornes pour combler le trou de couverture, le temps que la borne défectueuse soit remplacée. Il va avoir la connaissance des terminaux connectés à chaque borne, connaîtra leur trafic et pourra faire de l’équilibrage de charges entre les bornes. L’inconvénient majeur de cette solution est le coût du contrôleur, qu’il soit positionné au sein de l’entreprise ou a l’extérieur (cloud privé).

L’Instant Access Point intégrant un contrôleur virtuel est une nouvelle architecture qui regroupe les avantages des deux solutions précédentes. Le technicien d’installation gagne un temps considérable en mettant en place une première Instant Access Point qu’il configure et qui devient « maitresse », puis installe les Instant Access Point suivantes qui vont détecter l’Instant Access Point maître et se configurer automatiquement. Ainsi, si un Point d’accès est subitement pollué par un élément extérieur, le contrôleur virtuel le détecte et agit dynamiquement en conséquence, sans qu’un technicien soit obligé de se déplacer. Si la borne maitresse tombe en panne, une « élection » a lieu entre les Instant Access Point  restante et une d’entre elle devient maitresse.

Depuis 2 ans, l’attractivité de cette solution ne se dément pas chez les clients et les intégrateurs et Les Instant Access Point se vendent sur tous les secteurs d’activité, avec un fort succès dans l’hôtellerie, la santé et les administrations. Elles permettent aux  employés d’être plus mobiles et plus efficaces et  aux  visiteurs (patients, résidents, clients, fournisseurs), d’avoir un  accès facilité à Internet.

Les perspectives pour l’avenir et les freins au développement du Wi-Fi

Les prix élevés de la première génération de bornes 802.11 ac (fin 2013) ne justifiaient leur utilisation que dans des endroits ayant besoin d’une densité d’utilisateurs  extrêmement importante (salles de spectacles, stades,…). La baisse de prix significative des  bornes de deuxième génération 802.11 ac (fin 2014) permet désormais à une large part du marché d’accéder à cette technologie.  Les bornes 802.11n  récentes n’ont rien perdu de leurs qualités, leurs prix ont baissé, les rendant attractives en tant que produits d’entrée de gamme. Certains analystes estiment que sur le dernier trimestre 2015, 80% des ventes de point d’accès devraient se faire en technologie 802.11 ac.

Le câblage et les commutateurs LAN font partie de l’écosystème des bornes Wi-Fi et, s’ils doivent être changés, peuvent représenter un poste budgétaire important dans le cadre d’un projet Wi-Fi.  Le câblage en catégorie 6 ou 6a est idéal pour le 802.11ac, la catégorie 5e fait l’affaire pour le 802.11 n. Les commutateurs seront en Gigabit et devront pouvoir télé-alimenter les bornes (Power over Ethernet, POE). Cette fonction POE permet jusqu’à  50% d’économies d’énergie par rapport à une alimentation « individuelle par borne » et sécurise l’alimentation des bornes.

Avec l’évolution des besoins des entreprises, la progression du marché des terminaux sans fil et l’augmentation du débit de la nouvelle norme 802.11 ac, le Wi-Fi poursuit sa progression et conquiert les entreprises.

 

 

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Philippe Le Port est responsable Business Development d’Alcatel-Lucent Enterprise