Plus de 40 gouvernements participent au mouvement open data ce  qui représente plus d’un million de jeux de données et pourrait générer 3 000 milliards dollars d’activités dans 7 secteurs économiques.

Données, informations, connaissances, business, telle est la chaîne de valeur qui prend aujourd’hui une dimension nouvelle dans ce que l’on appelle la société de l’information. On se souvient de la citation du CEO de FedEx en 1978 qui déclarait « l’information liée au paquet est tout aussi important que le paquet lui-même ». Mais cette constatation n’est pas nouvelle. Dans son rapport « Open data : unlocking innovation and performance with liquid information », le cabinet McKinsey rappelle que Thomas Jeffeson, troisième président des Etats-Unis, avait lancée l’expédition Lewis et Clark en 1803 pour collecter le plus d’informations possibles sur le grand territoire en partie vierge de la Louisiane que Napoléon venait de vendre aux Américains. Ces données couvraient de nombreux domaines : topographie, implantations humaines, rivières, minéraux, type de sol, flore, faune, climat… Evidemment, il s’agit ici de données de base mais l’idée était déjà là. Aujourd’hui, la numérisation de l’économie génère des volumes de données sans cesse croissants que nous sommes désormais capables de transporter, stocker, traiter, analyser et visualiser.

Le mouvement open data n’est pas vraiment nouveau mais c’est sa formalisation qui est relativement nouvelle avec une définition qui peut s’énoncer de la manière suivante : « A piece of data is open if anyone is free to use, reuse, and redistribute it — subject only, at most, to the requirement to attribute and/or share-alike ». Ce que le cabinet McKinsey résume par quatre attributs :

– Accessibilité : les données sont accessibles à tous ;
– Traitement : les données peuvent être traitées automatiquement ;
– Coûts : le coût d’accès aux données est quasi négligeable ;
– Droits : les limitations d’utilisation, de transformation et de distribution des données sont minimales.

Bien sûr, à l’instar d’une porte dont l’état n’est pas binaire – ouverte ou fermée -, il en va de même pour les données avec des situations intermédiaires sur les quatre caractéristiques énoncées plus haut.

30 McKinsey2

Les gouvernements ont donc compris l’intérêt de « libérer » les données dans une économie numérique. La World Wide Web Foundation classe 61 pays selon 14 critères liés à l’ouverture des données (Web Index 2012 scores). Sur l’année 2012, le trio de tête est constitué de la Suède, des Etats-Unis et du Royaume Uni. La France se situe à la quatorzième place.  Aux Etats-Unis, c’est Obama qui a donné l’impulsion au niveau national en signant un décret en 2009 stipulant que « toute information publique qui ne doit pas être gardée secrète pour des raisons de sécurité ou de protection de la vie privée doit être rendue publique ». En mars 2009, le président américain lançait l’Open Data Initiative visant à publier les données publiques sur le site www.data.gov. Cette déclaration est d’actualité avec les retombées sans fin de l’affaire Snowden et les récentes informations selon laquelle la NSA a collecté des millions de données et ce au plus haut niveau des états. La Ville de San Francisco a aussi été en pointe dans ce mouvement de l’open data.

En France, le 5 décembre 2011, plus de 350 000 jeux de données publiques produites par les administrations d’Etat et ses établissements publics administratifs, étaient mis en ligne sur la plateforme nationale www.data.gouv.fr. Il y est indiqué que depuis son lancement, la plateforme www.data.gouv.fr a compté 3.7 millions de pages vues, 750 000 visiteurs et 394 000 téléchargements.

Les données publiques sont désormais considérées comme un fondement de la démocratie selon lequel chaque citoyen a accès à ces informations. Mais le mouvement open data ne se limite pas à la consultation des données, il concerne aussi la transformation et la distribution de ces données, source de valeur et donc d’activité économique. C’est ce point que développe le rapport McKinsey qui évalue à près de 3 000 milliards de dollars l’activité potentielle générée par cette transformation et cette distribution des données dans 7 sept secteurs économiques. La répartition de cette activité donnant 1 100 milliards de dollars pourles Etats-Unis, 900 milliards pour l’Europe et 1 700 milliards pour le reste du monde.

30 McKinsey3

Souvent la valeur nait de la combinaison de données privées (propriétaires) et publiques selon 5 leviers :

– Rendre des données transparentes en vue de prendre des meilleures décisions au niveau des particuliers, des entreprises et des Etats ;
– Permettre l’expérimentation et identifier les marges d’amélioration ;
– Segmenter les populations pour mieux cibler des actions comme par exemple créer des offres personnalisées (le fameux marketing One to one qui va devenir  une réalité) ;
– Améliorer ou automatiser la prise de décision ;
– Concevoir de nouveaux produits, services et business models ;

Pour le cabinet McKinsey, ce sont les consommateurs qui devraient bénéficier le plus des open data. Ils ont d’ailleurs commencé à la faire via la transparence des prix rendue possible via les comparateurs sur Internet. Les entreprises pourront aussi en bénéficier en améliorant leur productivité ou en créant de nouveaux produits et services.

30 McKinsey1La transformation de ces données disponibles en données utiles et marchandes suppose l’existence d’un écosystème actif de développeurs. Le problème n’étant pas seulement de créer de la valeur mais bien de la monétiser, c’est-à-dire de trouver des acheteurs qu’ils soient directs ou indirects. Entre les phénomènes big data et open data, un nouveau monde est en train de s’ouvrir dont on ne connaît pas les limites.