Quand il s’agit de répartir les rôles dans une société, il est évident pour tout le monde que les processus métiers doivent être gérés par le service concerné, tandis que les outils et logiciels sont entre les mains du service informatique. Il en a toujours été ainsi, car il fallait des connaissances en informatique pour déployer de nouveaux logiciels sur les ordinateurs de l’entreprise.

Ces dernières années les choses ont changé et la répartition des rôles est devenue moins évidente. Le nouveau modèle de gestion des ressources technologiques (baptisé à l’origine  » architecture à trois tiers « ) existe depuis la fin des années 90 et le début de l’utilisation massive d’Internet. Rebaptisé dans les années 2000, il est désormais connu sous le nom de cloud computing.

Tout le monde sait ce que cela signifie du point de vue de l’utilisateur : pas besoin d’installer quoi que ce soit en dehors d’un navigateur Web et d’une connexion Internet.  » Tout  » se passe de l’autre côté de l’Internet, sur des serveurs physiques gérés par le fournisseur. Ce  » tout  » couvre trois éléments (d’où les  » 3 tiers « ) :
– la page de présentation affichée par le navigateur (géré par un serveur http comme Apache) ;
– l’application elle-même, exécutant les processus selon les requêtes (par exemple, la gestion d’un panier lorsque vous naviguez sur un site de commerce en ligne) ;
– la base de données, gérant le flux de données nécessaires (pour rester sur l’exemple du commerce en ligne : l’ensemble du catalogue de produits, la liste des clients, leur historique d’achats …).

Petit à petit, ce type d’architecture s’est répandu pour offrir des services spécifiques à certains métiers des entreprises du B2B, tels que le CRM avec Salesforce, la gestion des talents avec Cornerstone, la gestion des contrats avec Docusign…

L’utilisation de tels services dans le cloud a d’énormes répercussions sur le département informatique, qui n’a pas de serveurs et ni de base de données à gérer ; pas d’application à déployer, et aucun logiciel à installer.

Mais cela va encore plus loin. Les fournisseurs de cloud ne gèrent pas seulement la partie technique du système, ils résolvent également des problèmes concrets liés à l’activité. Ainsi, on ne peut pas dire qu’ils vendent des logiciels en tant que tels, mais la gestion d’un processus métier. C’est pourquoi ils s’adressent directement aux responsables des projets au sein de l’entreprise, tels que les responsables commerciaux et marketing pour CRM, les RH pour la gestion des talents, les juristes pour la gestion des contrats …

Le cloud computing redonne le pouvoir aux dirigeants

Les outils proposés en SaaS permettent aux directions métiers de s’affranchir des contraintes techniques et donc de ne plus dépendre des Directions informatiques. Lorsqu’on passe en revue les principaux avantages du cloud pour l’entreprise, on mesure la plus grande maniabilité des outils pour les directions métiers. Le SaaS propose une configuration facile et une plus grande prise en main.
Ainsi par exemple lorsque la réforme de la formation professionnelle sera définitive, la création du compte personnel de formation ne générera pas un grand chantier informatique nécessitant des ressources importantes. Grâce aux technologies de cloud computing, les équipes RH peuvent en quelques clics faire évoluer les champs de leurs outils.

Le cloud est également un partenariat qui s’inscrit dans la durée avec le prestataire informatique. Avec un modèle par abonnement, sans sorties de différentes  » versions « , L’éditeur informatique ne disparaît plus de la vente du logiciel jusqu’à la prochaine mise à jour.
Les fournisseurs de SaaS investissent d’ailleurs lourdement dans des technologies sécurisées, adaptées à des millions d’utilisateurs, car leurs clients du monde du B2B sont très attentifs aux questions de sécurité, pour lesquelles ils mènent des audits réguliers.

Le département informatique a-t-il perdu toute autorité ?

Non : son rôle a complètement changé. Les départements informatiques sont aujourd’hui soulagés de certaines tâches, mais leurs responsabilités ont évolué. En travaillant avec un fournisseur de cloud, ils n’ont plus à gérer les serveurs et l’installation des logiciels, mais ils doivent connaître les différents systèmes utilisés par différentes plateformes, car aucun fournisseur de logiciels ne peut couvrir tous les besoins d’une entreprise…

Que l’outil soit fourni depuis le cloud ou non, les équipes informatiques doivent gérer les interfaces entre les applications. La gestion des salaires, par exemple, se fait encore principalement grâce à des logiciels installés en interne. Face à une plateforme de gestion des talents en mode SaaS, il faut que les systèmes puissent échanger leurs données, via l’arrière-guichet des RH. C’est le département informatique qui est garant de l’efficacité de l’interface entre cet arrière guichet et le système de gestion des talents.

Le rôle de l’IT est également très important pour la protection des données. Alors qu’on pense souvent que les données stockées en interne sont plus sécurisées que les données dans le cloud, la réalité est inverse. Grâce aux investissements consentis pour opérer des centres de données utilisés par des millions d’utilisateurs, certains éditeurs cloud peuvent mettre en avant un savoir-faire validé par une certification (par exemple ISO/IEC 27001:2005) et par les audits de ses clients. Ce qui ne les exonère pas de la nécessité de prouver que les données qui lui sont confiées sont placées sous haute sécurité, à la fois sur le plan physique (incendie, dégâts des eaux, catastrophes naturelles) et numérique (intrusion, piratage …). Le fournisseur cloud est tenu de rendre des comptes à ses clients sur la sécurité des données, et le département informatique est en charge des contrôles et des audits de sécurité, pour s’assurer que tout soit conforme à la législation locale et que les données sont effectivement mieux protégés avec cette technologie.

RH, IT et fournisseurs cloud : un trio de spécialistes hautement qualifiés

Aujourd’hui, les départements IT ont une connaissance de plus en plus forte des processus métiers. Cette tendance fait naître dans les entreprises des nouveaux départements nommés  » SIRH « , rattachés aux ressources humaines ou au département informatique en fonction de l’entreprise. Lors de l’adoption d’un nouvel outil de gestion des RH, les responsables informatiques doivent aujourd’hui être impliqués dans le processus décisionnel, car c’est à eux d’assurer la cohérence globale des plateformes informatiques et une intégration transparente avec les systèmes existants.

Cette transformation concerne aussi les Ressources Humaines, qui sont de plus en plus en relation avec les lignes de métiers. Grâce à une meilleure compréhension de la stratégie de l’entreprise, les RH méritent aujourd’hui  » leur place à la table des dirigeants « . C’est la raison pour laquelle il est si important pour eux de participer au processus et donc d’assurer une gestion quotidienne du logiciel cloud.

Parallèlement, le rôle du fournisseur de logiciels lui-même est également en plein changement. Les fournisseurs cloud doivent devenir de nouveaux spécialistes, capables de comprendre les usages des métiers (tels que la gestion des talents dans une thématique RH), mais aussi de répondre aux questions légitimes provenant des responsables des systèmes d’information. Par définition, un spécialiste se focalise sur une chose et s’efforce d’y exceller. Cette focalisation se traduit par un engagement constant afin de mettre en œuvre des méthodes plus rapides et intelligentes dans le but de trouver et d’assurer le développement du personnel, et d’en renforcer l’implication. En se concentrant sur un domaine clé comme la gestion des talents, les spécialistes disposent de davantage de liberté et de ressources pour innover, proposer de nouvelles fonctionnalités, et permettre à leurs clients d’accéder aux versions les plus récentes des outils.

 

 

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Vincent Belliveau est directeur général EMEA de Cornerstone OnDemand