Le fabricant américain, issu de la division d’imprimantes d’IBM, a présenté ce matin dans ses locaux de Suresnes (photo ci-dessus), comme un démenti flagrant aux rumeurs de scissions, une toute nouvelle gamme de 7 machines laser multifonctions et couleur. Ces nouvelles A4 très compactes présentent des interfaces ouvertes à l’ intégration d’applications de Ged et de dématérialisation. L’expression de « serveurs d’applications » pourrait être même employée à la place « d’imprimantes multifonctions ».lexmark

Pour  revenir au  côté économique, Lexmark dispose actuellement d’une capitalisation boursière de 1,689 milliards de dollars (1,5 milliard d’euros). Elle avait annoncé, du fait d’une régression du marché constante, à la presse économique, en octobre dernier, étudier différentes options, dont celle d’une vente à des investisseurs de type capital-venture. Elle avait mandaté, à cet effet, la banque Goldman Sachs comme conseil. On se souvient qu’en 2012 déjà, elle avait déjà vendu sa division « jet d’encre », après que le chiffre d’affaires de celle-ci se soit effondré. (voir ci-dessous l’évolution de la cotation depuis cinq ans, avec la remontée en 2012 ). Cette vente avait effectivement renforcé la cotation. Mais là, on se demande de quelle branche essentielle la firme pourrait-elle se séparer ? Seule une perspective de séparation entre l’activité soft et celle du hardware, reprise au début de l’année par la presse économique, tiendrait la route. Ces rumeurs n’ont pas du, en tous cas,  faciliter les décisions d’achats dans le dernier trimestre qui est toujours le meilleur des vendeurs d’imprimantes.

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7 machines intégrant le soft au cœur du hardware

Mais la gamme des nouvelles laser parait faire totalement table rase de cette inquiétude. La gamme débute avec le modèle Lexmark CS720 à 677,00 euros et se prolonge avec la CX725 à partir de 1056 euros. Le produit phare de cette gamme Lexmark, c’est la CX860, dont les prix débutent à 3100 euros et culminent à 8400 euros avec toutes les options. Elle offre, outre une vitesse d’impression de 57 ppm, l’une des plus grandes capacités de Toner de 55 000 pages, un nouveau record mondial. Epson avait inauguré en 2014 à Vienne, le principe de la cartouche géante, une économie sur le plan de la maintenance, mais un risque pour le vendeur d’être totalement oublié. « Ce sont des machines de groupes de travail qui sont souvent exploitées sur la base de 200 000 pages par mois. Avant nous avions des cartouches qui permettaient 30 000 pages, là, on s’adresse aux grandes entreprises » précisait Karl Trouillon en charge des partenariats. Les machines disposent d’un processeur Marwell Armada doté de quatre cœurs de 1,6 GHz et de 2 Go de mémoire standard, un coeur de smartphone pourrait-on dire. Mais pour la gestion des pages, c’est largement suffisant.

une interface familière 

L’interface Android du type de la tablette de pilotage s’appuie sur un écran tactile HD de 27 cm de diagonale. CX825 CX860 detail 08Dotée d’un système de perforation et d’agrafage, peu courant sur des machines de tailles moyennes, elle dispose d’un grand choix de bacs en entrée (4500 pages) et en sortie et « d’une compatibilité de supports média supérieure à n’importe quelle autre concurrente », selon le constructeur. Capable d’imprimer du fort grammage, plus de 300 grammes, elle peut aussi imprimer les deux faces d’un même document, ce qui limitera la consommation de papier. Lexmark la présente comme une alternative avec les produits A3/A4, très peu exploités dans le format A3, en proposant aux entreprises de se doter de solutions de production couleur en interne, à un tarif très raisonnable. Le scanner de 1200 points par pouce au coeur de ces impimantes multifonctions dispose de capteurs et de palpeurs aptes à optimiser la numérisation d’un document froissé comme un bon de livraison. Les logiciels intégrés complètent le travail d’extraction de données. Interrogé sur ce qui pouvait faire la différence avec les concurrentes qui visent aussi la compacité et les hautes vitesses, Étienne Maraval, le directeur marketing de la filiale française ( photo ci-dessous) mettait en avant l’unité de traitement d’OCR embarqué, issu du rachat de Readsoft (Accuread), et les supports des applications basées sur Androïd. Etienne-Maraval_Lexmark-300x236« Ce sont ces interfaces sur le serveur web intégré qui vont motiver les intégrateurs à créer des applications métiers ou connecter aux outils de CRM, des workflows sur mesure. Les solutions intégrées (eSF) et cloud (cSF) sont disponibles via le cloud sur notre serveur d’app ou sur un serveur installé sur site par un partenaire ». Les applications créées par les intégrateurs, les partenaires et les clients doivent être chargées directement sur le périphérique. La gamme CX820 peut également s’intégrer au programme d’administration Kofax TotalAgility de Lexmark, conçu pour développer et déployer des applications. Selon la formule maison, elle réunit les « systèmes d’engagement » et les systèmes d’enregistrement. Un SDK pour crée les applications est, bien sûr, disponible.

La sécurité, un argument fondemental

Du côté de la sécurité, la firme met en avant le fait que ses interfaces wifi et Ethernet sont totalement isolées et les disques internes sont chiffrés sur 128 bits avec des clés externes. Au-delà du badge classique, les imprimantes disposent d’une interface NFC et bientôt d’une interface Bluetooth. Les 7 imprimantes disposent d’un agent, une MIB pour intégrer des outils d’administration et de gestion de parc. Pour ses partenaires, la firme propose un outil de découverte et d’administration qui va faciliter la gestion des approvisionnements en toners, non seulement pour les machines Lexmark, mais aussi celles des principaux concurrents.

La firme qui dispose de 20 partenaires actifs dans l’intégration possède aussi un réseau de près de 2000 qui se distinguent par leur proximité avec les clients et par leur offre. Sur les très grands groupes du CAC 40 par exemple, la firme propose des contrats de leasing où toute la maintenance est sous traitée dans son service à la clientèle, et elle reçoit prés de 25 millions de données par jour qui sont analysées par ses outils de Big data. Cela permet d’anticiper les pannes.

Une approche « verte » pour les cartouches et les carrosseries

Enfin la firme propose de recycler les cartouches. Elle même recycle depuis près de 20 ans les cartouches ( 40% actuellement des cartouches et milite pour le recyclage des différents composants. Ce positionnement exemplaire s’étend à la composition des machines qui sont conçues dans un cycle préprogrammé de maintenance. La firme incorporerait avec son modèle intermédiaire plus de 54 % de plastique recyclé, a priori essentiellement dans les panneaux d’habillage, la « carosserie » des machines. Intérrogé sur les limites de l’obsolescence programmée, Karl Trouillon concluait :  » au travers de nos programme de services à la page, les MPS que l’on propose aux grandes entreprises sur différents continents , on a tout intérêt à limiter les interventions et à prolonger au mieux la durée de vies des machines. C’est à la fois notre intérêt et celui des clients qui de plus en plus achètent un service d »impression et des applications plus qu’une imprimante « . Aprés le rachat de Readsoft et de Kofax, Lexmark deviendra-t-elle un simple éditeur de logiciels ? Cela parait peu probable à court terme, vu les efforts d’intégration hard soft qui transparaissent dans cette nouvelle gamme. Disponible en avril, les lasers seront présentées au public à l’occasion d’It Partners.