Le monde informatique connaît actuellement trois grandes mutations : le cloud, le big data et l’externalisation. Devant l’industrialisation de ces processus IT, la DSI doit à nouveau évoluer pour conserver sa place et sa légitimité au sein de l’entreprise. Une seule solution : l’innovation.

Les DSI remises en question

Dans les années 1960, Sema Group fondait la première société de services destinée aux développements de systèmes pour les entreprises, la SACS (Société d’Analyse et de Conception de Systèmes). Tout d’abord nommé SSCN (société de services et de conseils en informatique), ce type d’entreprise est devenu SSII (société de services en ingénierie informatique) au début des années 1980, puis ESN (entreprise de services du numérique) en 2013.

L’externalisation informatique ne date donc pas d’hier. Les entreprises ont vite associé la notion de rationalisation à cette recherche de compétences et de ressources en dehors de leurs murs. Plus récemment, le Cloud – et ce qu’il implique : des services informatiques à la demande, prêts à l’emploi, sans compétence spécifique requise – a même ajouté une autre dimension à l’externalisation. Celle de la flexibilité, de la maîtrise des coûts, de la simplicité.

En la matière, certaines entreprises ont clairement un profil d’acheteur. Pour elles, les nouvelles technologies ne sont qu’un support au développement, un moyen d’arriver à leurs fins. Elles ont alors tout intérêt à confier la gestion de leur informatique à une tierce partie. D’autres ont un profil de faiseur. Avec le numérique au cœur de leur business, elles se doivent d’anticiper elles-mêmes les innovations technologiques, d’innover en permanence, pour développer les produits de demain.

Des entreprises en mal d’innovation

Il n’y a que dans Batman Begins que l’innovation est considérée comme un « cul-de-sac ». Responsable de la Division des Sciences Appliquées après avoir été évincé de son poste de directeur général de Wayne Enterprise, Lucius Fox explique en effet à Bruce Wayne, alias Batman, qu’il s’agit là d’un placard visant à l’éloigner de toute prise de décision dans la société. Au sous-sol de la Tour Wayne, il évolue pourtant au milieu d’une myriade de prototypes extraordinaires, inexplicablement laissés à l’abandon.

Dans la vraie vie, l’innovation est cruciale pour la survie des entreprises. Et cela pose parfois problème. Car on dit que l’innovation vient des startups. On dit qu’elles seules disposent de l’enthousiasme, de l’agilité et de la spontanéité nécessaires. On dit que c’est un état d’esprit, qu’on l’a ou qu’on ne l’a pas. Tous ces on‑dit ont le don d’énerver les dirigeants des grandes entreprises, qui ne supportent plus de devoir passer par l’acquisition de jeunes pousses pour enfin innover.

Crise identitaire ou guerre d’influence : les deux, mon capitaine !

A nouveau, les attentes des dirigeants vis-à-vis de leur DSI évoluent. Cela fait certes bien longtemps que son rôle n’est plus uniquement de réparer l’imprimante en panne ou d’exercer une fonction support auprès d’employés pas toujours au fait du fonctionnement de leur ordinateur ou de leurs logiciels professionnels. S’il conserve son aspect technique, quand celui-ci n’a pas été externalisé ou sous-traité, le métier s’empreint de plus en plus de stratégie.

Ainsi, dans une société toujours plus digitalisée et orientée utilisateurs, à qui revient la tâche d’avoir les bonnes idées ? Est-ce à la bien nommée Direction de la Stratégie et de l’Innovation ? Ou aux experts de la relation client du Marketing ? Et à la DSI, n’est-elle là que pour donner vie aux concepts des autres ? Evidemment non. On attend d’elle une participation active dans l’entreprise : anticipation de l’avenir, intégration dans ses décisions d’enjeux plus globaux, accompagnement du changement, etc. Elle sera alors en mesure d’impacter toutes les strates de l’entreprise, depuis l’organisation interne – par l’amélioration de la productivité ou encore l’optimisation des processus – au développement des produits et services qui assureront demain la pérennité de l’entreprise.

En fait, l’innovation ne devrait pas être l’apanage d’un seul. La DSI a l’occasion aujourd’hui d’endosser un plus grand rôle, de devenir le bras armé de la direction générale. Elle est la mieux placée pour savoir ce que les technologies rendent aujourd’hui possible, ce qu’elles permettront de faire à l’avenir. C’est son expertise technique et marché qui, associée à celle des autres services de l’entreprise, permettra à l’entreprise de grandir et prospérer.

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Emmanuel Stanislas est fondateur de Clémentine