L’intérim se numérise progressivement. C’est d’abord les process métiers au sein des agences qui ont été numérisés puis les relations entre agences d’intérim et candidats. Depuis peu, c’est un nouveau territoire qu’est en train de conquérir le numérique : la relation client.

C’est le groupe LIP qui a entamé la révolution numérique des relations client avec le lancement de sa filiale Intérim Direct. Cette filiale spécialisée dans la gestion de contrats ne fait pas de recrutement et est donc présente en ligne uniquement. Ce changement de modèle lui a permis de proposer un coefficient très bas et a sonné le début d’une série de changements radicaux dans les pratiques du métier.

Le second groupe d’intérim a s’être lancé dans la bataille est Randstad avec sa plateforme Randstad direct lancée en mars 2016. Cette plateforme adressée en particulier aux PME et aux TPE permet de réaliser l’ensemble du recrutement d’un intérimaire en ligne. Alors qu’Intérim direct demande qu’on propose soit même son intérimaire, Randstad propose des profils que la TPE ou la PME peut directement sélectionner en fonction de leurs expériences. Dans la même logique qu’Interim Direct, Randstad joue la transparence au niveau des prix.

Troisième acteur qui se positionne sur ce marché, c’est le groupe Elphyr, cette fois‐ci en partenariat avec la start‐up Ouiteam. La startup soutenue par le groupe Edenred a développé une application mobile permettant aux restaurateurs de recruter un extra sous le statut d’intérimaire. L’application sortie en mai 2015 dernier affiche plusieurs centaines de téléchargements.

Derrière ces grands acteurs, une multitude de startups se sont lancées. Impossible de les citer toutes : Extracadabra, Jobminute, OuiTeam, extrajob, staffmatch, weslash, e‐jobber, Badakan, allo‐extra… Ces startups ont généralement choisi le secteur de la restauration pour se lancer avec comme support privilégié l’application mobile. Certaines ont noué des partenariats avec des agences d’interim mais la majorité, malgré le risque que cela représente, demandent à leurs travailleurs temporaires de se mettre sous le statut d’auto‐entrepreneur. Ces startups changent radicalement les pratiques du marché : recrutement 100% en ligne ou par téléphone, l’entreprise cliente doit payer avant la réalisation de la mission, les coefficients (grâce notamment au statut d’auto-entrepreneur) dégringolent pour atteindre parfois 1,55.

Le numérique est un véritable défi pour les petites agences d’intérim. Si elles ont jusqu’à aujourd’hui su tirer leur épingle du jeu grâce à la qualité de leur service, leur perte de visibilité liée au numérique rend leurs démarches commerciales de plus en plus complexes. Difficile d’exister en ligne quand on n’est pas un géant de l’intérim ou une start‐up 100% en ligne.

 

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Charles Béniac est le co‐fondateur d’InstantJob, une startup qui permet de comparer les offres des agences d’Intérim pour trouver au meilleur prix l’intérimaire dont elles ont besoin.