Domotique, véhicules connectés, internet industriel et SCADA, compteurs intelligents, santé, routes intelligentes… Les projets de l’Internet des objets (IoT) se déploient tous azimuts.

Dans le cadre d’une expérimentation, l’Ifsttar[1] va tester des des technologies permettant à la route d’être un vecteur de production et de transport de l’énergie, de réguler la circulation et de s’auto-diagnostiquer. En clair, la route ne sera plus un ruban de béthume inerte mais un revêtement intelligent qui va pouvoir transmettre des données et restituer de l’énergie. Cette expérimentation aura lieu sur une portion de la D199 entre Champs-sur-Marne, Noisiel, Lognes et Torcy. Cette route pourra récupérer de l’énergie le jour pour l’utiliser la nuit ainsi que stocker du CO2, produire et transporter de l’énergie. Elle sera recouverte de matériaux recyclables lui permettant de s’auto-diagnostiquer et de s’auto-réparer. Des nano-capteurs permettront de fournir des données sur son état de service, le trafic, les risques pour l’usager (gel, humidité, adhérence, accident, ralentissement…).

C’est là un parmi les centaines de projets qui sont actuellement lancés dans des domaines aussi divers que la domotique, les voitures connectées, Le M2M, les compteurs intelligents… « Les mobiles font-ils parti de cet écosystème de l’Internet des objets », interrogeait Vincent Bonneau, Responsable de l’Unité Internet, à l’occasion du Digiworld 2014 qui se tient actuellement à Montpellier. « En fait, il en constitue une extension » considère Paul Lalancette, Managing Director Mobility & IoT du cabinet Accenture. Il est vrai que le mobile constitue un objet connecté par exemple puisque c’est sa raison d’être. Par ailleurs, de nombreuses applications sont développées pour exploiter les données produites par ces objets de nouvelle génération. « Les entreprises sont encore en phase exploratoire et à la recherche de business models », poursuit Paul Lalancette. Une chose est sûre, ce que certains appellent une nouvelle révolution industrielle va être source d’innovation même si le chemin de la valorisation de ces données n’est pas une évidence et sera compliquée. Elle sera basée sur l’agrégation de volumes très importants et la capacité à développer des services. « Les chaînes de valeur de l’IoT sont beaucoup plus complexes que celles construites autour des smartphone et le nombre des acteurs est beaucoup plus important », explique Roberto Viola, directeur général de la DG Connect au sein de la commission européenne dans le numéro d’octobre des Cahiers de l’Arcep.

Pour l’entreprise, l’Internet des Objets offre la possibilité de diversifier ses business models, explique le Cigref dans le rapport « Internet des Objets, cahier de l’Innovation » qu’il vient de publier. Cela peut passer par la mise à disposition sur le marché de nouveaux objets connectés, mais également
par l’enrichissement de produits existants auxquels une connectivité va être ajoutée. L’ensemble des données récupérées par ces nouveaux objets pourra également être valorisé au travers de nouvelles offres de services, que ce soit en BtoB ou en BtoC.

Si l’Internet des Objets n’en est qu’à ses premiers pas, il n’était pas possible d’ignorer l’importance de cette tendance ni la place qu’elle va prendre dans la société et dans nos entreprises, considère le Cigref. Et l’IoT ne pose pas seulement « une problématique technologique mais également une problématique sociétale et éthique ». Et le développement de l’IoT n’est pas sans poser certains défis, en particulier liés à la sécurité et la confiance dans la mesure « où les utilisateurs confient leurs informations à des outils dont la chaîne de gestion sera partagée par un grand nombre d’acteurs, privés et publics ». Des exemples triviaux confirment la complexité des problèmes soulevés : Voulez-vous vraiment intégrer un antivirus à votre pacemaker ? interroge IBM dans son dernier rapport « X-Force Threat Intelligence Quarterly« . Souhaitez-vous confier des données très personnelles au géant du Net – les GAFA en particulier – dont on sait pertinemment qu’il est dans leur ADN d’en faire une utilisation commerciale ?

L’IoT apporte également des opportunités dans la gestion interne de l’entreprise, au travers de la révision de ses processus basée sur une connaissance plus précise de sa chaîne de production explique le Cigref. L’ensemble des données remontées par les objets (produits etmachines) sur les cycles de production donne effectivement la possibilité d’optimiser au plus juste les processus, jusqu’à envisager une offre de production personnalisée pour le client.

 

Les différentes problématiques de l’IoT selon le rapport du Cigref :
– Techniques : la mise en place des objets et des interfaces qui permettent la remontée des données vers les systèmes d’information de l’entreprise.
– Financières : ces technologies nouvelles nécessitent un investissement initial important, avec la promesse de retours sur investissement.
– RH : de nouveaux métiers et compétences doivent être mis en place dans l’entreprise afin de gérer l’intégration de l’Internet des Objets. Les objets connectés ont également un impact sur la sécurité physique et sur la formation des employés.
– Juridiques et éthiques : la technologie étant nouvelle et accédant à un grand nombre de données potentiellement sensibles, le droit lié à l’Internet des Objets va certainement être amené à évoluer dans les années à venir.

 

[1] Né le 1er janvier 2011 de la fusion de l’INRETS et du LCPC, l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux conduit des travaux de recherche finalisée et d’expertise dans les domaines des transports, des infrastructures, des risques naturels et de la ville.