Pour son premier « Summit » en Europe, la fondation OpenStack a fait salle comble au Palais des Congrès démontrant la vitalité du projet Open Source.

« Plus personne ne s’intéresse à Linux » ironisait Jim Zemlin, directeur exécutif de la fondation Linux en introduction à la conférence OpenStack que se tient cette semaine à Paris et a réussi le tour le force de réunir près de 5 000 développeurs et utilisateurs intéressés par la pile logiciel destinée à motoriser une infrastructure de cloud. La présence pour la première sur le Vieux continent a contribué à ce que la représentation européenne soit la plus importante jamais atteinte de 50 % des participants.

En quelques années, OpenStack est devenu un phénomène de l’industrie IT et l’un des projets Open Source les plus actifs. La Fondation fait état de plus de 400 entreprises supportrices, 145 entreprises contributrices et plus de 17 000 contributeurs individuels ayant développé à ce jour plus de 20 millions de lignes de code.

Ce développement rapide témoigne que, désormais, l’open source est au cœur de l’innovation logicielle, et de l’innovation tout court et s’inscrit dans ce que Jonathan Bryce, directeur exécutif de la Fondation OpenStack appelle la « Software Defined Economy ». « Pourquoi le logiciel est-il en train d’absorber le monde, avait expliqué Marc Andreesen dans un article du Wall Street Journal en 2011 (Why Software Is Eating The World). En écho à cette déclaration, un éditorialiste ajoutait quelques temps plus tard : « l’open source est en train d’absorber le logiciel : l’exemple de Samsung » (Open Source ‘Eating’ Software World: Samsung).

Alors que la Fondation vient de libérer Juno, la dixième version, le Design Summit qui se tient à Paris, parallèlement à la conférence jette les premières de la prochaine version baptisée kilo[1], qui devrait disponible au printemps prochain. C’est d’ailleurs cette sortie rapide que mentionnait le représentant d’Intel à la table ronde parmi les difficultés à absorber aux côtés de l’intégration avec le legacy et la cohabitation cloud privé/cloud public.

Cette conférence plénière a été l’occasion aussi à plusieurs entreprises utilisatrices de présenter leur projet parmi lesquelles la banque espagnole BBVA et le constructeur automobile BMW. Représentant la banque ibérique, José Maria San Jose Juarez expliquait que, outre les qualités d’agilité et de vitesse dans le déploiement des infrastructures, une approche basée sur OpenStack permet de casser les silos que l’on rencontre encore trop souvent au niveau des applications.

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De son côté, Stefan Lenz, directeur des data centers du constructeur automobile (4 data centers dans le monde, 80 % de l’infrastructure est « cloud ready ») considère que l’existence d’API permet à tous de développer des applications fonctionnant sur une infrastructure stable. Et de rappeler les déconvenues qu’a rencontré le constructeur quand il s’est attelé en 2011 au développement en interne d’un cloud privé. BMW a par exemple utilisé OpenStack pour le développement de son dernier modèle i8 qui pour la démonstration a été présentée sur la scène. Interrogé sur le passage d’un POC (Proof of Concept) à un mode en production, Stefan Lenz considère que la difficulté n’est pas réellement technique mais plus d’intégration avec les infrastructures existantes et de savoir à qui appartiennent les applications. Autre avantage, la gratuite du logiciel.

A l’occasion de la conférence a été remis le prix du « Super user » au laboratoire de recherche européen le CERN, largement connue pour son utilisation intensive des nouvelles technologies. Si le monde académique (MIT, Boston University, l’université de San Antonio…) se montre intéressé par OpenStack, aucun programme n’a été mis en place à ce jour. « Nous allons nous y atteler dans les mois à venir », a indiqué Jonathan Bryce.

[1] La fondation OpenStack développe une nouvelle version tous les six mois avec la précision d’une horloge (Certains éditeurs de logiciels traditionnels pourraient suivre l’exemple). La première lettre de chaque nouvelle version suit l’alphabet. Après Icehouse et Juno, Kilo devrait être disponible au printemps prochain à l’occasion du prochain Summit.