En réponse aux restrictions budgétaires, les entreprises peuvent faire appel au marché secondaire du logiciel. Dans un nouveau livre blanc, le Cigref et la société Softcorner explicitent les enjeux et les risques d’une telle démarche.

Le logiciel prend de plus en plus de poids dans le budget informatique des entreprises. Selon le cabinet Forrester, il a augmenté de près de trois points en 5 ans pour atteindre près de 35 % en 2014. Le nombre de data centers hébergent des serveurs baptisés (Windows Server 2003 : migrer ou pas migrer ?) par le Green Grid comme comateux c’est-à-dire continuant à fonctionner et donc à consommer de l’énergie (Comatose servers pose an opportunity for IT alignment). L’institut évalue à 10 % la proportion de ces serveurs. Pis, il indique que 30 % des DSI n’ont jamais engagé aucune action pour faire le tri entre les différents serveurs. Il en va sans doute de même pour le logiciel.

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De leur côté, les éditeurs sont de plus en plus attentifs à la bonne utilisation des licences. Le Cigref constate un « un accroissement des audits de licences par les éditeurs de logiciels. Si globalement ces audits sont vécus par les entreprises utilisatrices comme légitimes, cette pratique est souvent ressentie comme agressive, voire comme un prélude lié à une démarche commerciale ».

Dans ce contexte, le Software Asset Management est devenu une pratique répandue au sein de l’entreprise étendue, qui s’organise et s’outille pour contrôler les engagements pris, éviter les pénalités et la fraude, réduire les coûts, rationnaliser les dépenses et optimiser les négociations avec les éditeurs est un incontournable. Il s’agit là d’une bonne gestion d’actifs dont font partie les logiciels sachant que les modèles de licences sont de plus en plus complexes. Les métriques sont multiples et varient en fonction de l’éditeur et du logiciel concernés : soit elles se basent sur des données quantitatives, sur l’architecture du serveur, sur sa puissance de calcul, d’autres sur des volumes ou trafics de données, un nombre de transactions par jour, d’autres sur le nombre des utilisateurs connectés ou concurrents, soit sur une typologie telle qu’un périmètre interne à l’entreprise, une zone géographique, un sous-ensemble de l’organisation, une application… Bref, un véritable casse-tête pour les DSI.

Mais cette démarche peut désormais être complétée par la vente de logiciels sur le marché secondaire – que l’on peut comparer au marché de l’occasion dans d’autres secteurs -, qui existe depuis le milieu des années 2000 en Allemagne et en Grande-Bretagne, et qui se développe aujourd’hui en Europe, grâce à un arrêt de la Cour de Justice de l’Union Européenne rendu le 3 juillet 2012. Ce texte fait jurisprudence dans les 28 pays de l’UE : désormais, les entreprises disposant de licences inutilisées (surlicensing, à la suite de migrations, Fusions & acquisitions, réduction d’effectifs, liquidation, etc.) peuvent les céder, et celles désireuses d’acheter à moindre coût peuvent en acheter de seconde main.

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Le marché secondaire peut ainsi permettre de répondre à plusieurs enjeux en matière de logiciels :
– Réduire la pression budgétaire ;
– Simplifier les modèles de licensing ;
– Avoir une vue exhaustive et maîtriser le parc applicatif ;
– Réduire les risques de non-conformité ;
– Rééquilibrer les relations avec les éditeurs.

Une bonne connaissance du parc et l’existence légale du marché secondaire permet donc aux DSI de sortir de la solution unique consistant à « jeter à la poubelle » un logiciel installé non utilisé et leur donne de nouvelles opportunités parmi lesquelles :

– Revendre des licences de logiciels décommissionnés ;
– Revendre des licences non déployées, que ce soit à la suite d’un abandon de projet, d’une sur-acquisition ou simplement d’une erreur d’achat ;
– Homogénéiser un parc à la suite d’une fusion/acquisition par la valorisation du système abandonné et l’acquisition à prix réduits de droits
supplémentaires sur le système retenu ;
– Maintenir un SI en condition opérationnelle, par l’accès à d’anciennes versions d’une application, après la fin de leur commercialisation ;
– Ajuster un parc à la suite d’une phase de croissance/décroissance du nombre d’utilisateurs, tout en maintenant son homogénéité ;
– Remettre un parc en conformité à la suite d’un audit interne ou externe ;
– Faciliter des migrations par la réduction des coûts de projet et par la valorisation de l’ancien parc.

Autant de nouvelles solutions permettant aux DSI de réduire les contraintes traditionnellement liées aux logiciels, et ainsi d’assurer une meilleure adéquation des moyens avec les besoins de l’entreprise.

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9 cigref4Le présentent Livre Blanc publié par le Cigref avec le concours de la société Softcorner présente le marché secondaire, décrit ce qu’est un logiciel d’occasion ainsi que le cadre juridique applicable, propose quelques grandes lignes de mise en oeuvre de la démarche, illustrées d’exemples de pratiques, et conclut sur les impacts que cette évolution du marché des logiciels peut avoir pour les acteurs de l’écosystème.