L’ONF, Open Networking Foundation, est le groupe d’utilisateurs qui cherche avec l’aide des fabricants à normaliser le SDN, le fameux Software Defined Networking.

Son président, Dan Pitt, est à Barcelone cette semaine, au congrés des mobiles, le MWC, pour parler de normalisations avec les grands opérateurs. 150 firmes participent à cette organisation parmi lesquelles on trouve de nombreux telcos comme Verizon, Deutsche Telekom ou NTT Communications.

Le conseil d’administration du groupe comprend aussi Google, Facebook, Yahoo, Microsoft pour la partie des fournisseurs de services. Dan Pitt, le directeur exécutif de l’ONF, Open Networking Foundation à bien voulu répondre à nos questions.

InformatiqueNews : Depuis quatre années, vous cherchez à créer des normes autour du SDN, mais on a l’impression qu’au lieu de s’unifier, il y a une forme d’éparpillement, que l’on assiste à de multiples guérillas.

Dan Pitt : « Au début, nous cherchions à créer un corpus commun et à organiser une structure. C’est fait et c’est une réussite en particulier au niveau des infrastructures d’opérateurs avec le NFV (Network function virtualization) et les fabricants de composants de réseaux optiques. Avec la mise en œuvre du SDN, les intérêts commencent à se différencier, mais on ne peut pas parler de guérillas. On travaille énormément. Faut-il le rappeler,  les fournisseurs de services ont avec le SDN la capacité d’éliminer les incompatibilités qui affectaient leurs réseaux. Ils peuvent désormais répondre à la fois aux besoins de leurs propres opérateurs internes et à leurs clients d’entreprise avec de nombreux services. La baisse des coûts, le déploiement plus rapide de nouveaux services, une meilleure optimisation de la vidéo font partie des principaux arguments. Au niveau des fournisseurs de système d’hébergement, pour le choix des équipements, c’est parfois plus compliqué et la concurrence est plus tendue.»

InformatiqueNews : « Comment faites-vous pour imposer vos points de vue ? »

Dan Pitt : « De notre coté, pour obtenir de meilleurs résultats, on tente de passer du statut de « fabricant » de PDF à celui de fournisseur de code réellement utilisable. Mais on n’impose rien. Toute notre démarche consiste à rendre plus facile la mise en route de services normalisés. On « pousse » un code open source commun mais après chacun développe sa propre voie.»

Informatique news : «Vous montrez une image très positive du groupe mais il y a quand même des conflits pour ne pas dire des guerres d’intérêts divergents.»

Dan Pitt : « Bon, si vous voulez, on peut parler actuellement d’une guerre d’intérêt entre Cisco et Vmware autour de certains points de la virtualisation des réseaux mais il y a de très nombreux sujets sur lesquels, on progresse énormément.»

InformatiqueNews : « En poussant une normalisation Open source, le partage gratuit des applications, auprès d’entreprises qui ont besoin de faire des marges financières, n’avez-vous pas l’impression d’être à contre courant ? »

Dan Pitt : « Non, bien sûr, car chacun peut toujours ajouter des couches de logiciels qui lui sont propres. L’idée qui prévaut est que le noyau de départ se doit être normalisé. L’ONF soutient l’approche open-source. Nous avons déployé des efforts considérables en matière de normalisation traditionnelle – pour la création d’OpenFlow – parce que c’est un protocole qui fait le lien entre les produits de différents fabricants et qui est souvent mis en œuvre dans le matériel. Nous continuons dans cette démarche et en ce moment, par exemple, nous nous focalisons sur les interfaces « Northbound » (image), SDN-Diagram-2sur les couches logicielles en contact avec les applications dans la batterie de serveurs. Nous avons soutenu et contribué à de nombreux logiciels open-source. C’est bien accepté par les opérateurs pour le NFV et l’on travaille de plus en plus pour les hébergeurs. Les 150 membres participent à des niveaux différents mais les plus présents versent quand même près de 500 0000 dollars et mettent à disposition prés de 10 personnes, cela représente près de 2 millions de dollars par an. Cela fait évoluer les logiciels et personne ne vient pour seulement regarder ou espionner. »

InformatiqueNews : « Qui sont les plus actifs et les plus ouverts ? »

Dan Pitt : « Peut-être HP, NEC et de nombreuses petites structures, Cisco aussi.»