Au-delà des nouveaux smartphones qui devraient être dévoilés à cette conférence, la 5G sera la vedette de l’édition 2017 de la Mobile World Conférence qui ouvre ses portes lundi, aux côtés de l’intelligence artificielle qui rend les smartphones encore plus « intelligents », l’Internet des Objets pour lesquels le mobile peut jouer un rôle complémentaire et la réglementation des télécoms et de l’Internet mobiles.

Alors que le mobile est devenu le terminal le plus répandu dans le monde – il se vend chaque année plus d’un milliard et de demi de smartphone, le Mobile World Congress de Barcelone est devenu la manifestation high tech la plus importante avec le CES de Las Vegas. Cette année sont attendus plus de 100 000 visiteurs du secteur des télécoms mobiles mais aussi des secteurs adjacents impactés directement par ces technologies : les industries du contenu, de l’automobile, de l’industrie et de la distribution. Témoin, les interventions de Reed Hastings, le Pdg de Netflix, d’Arnaud de Puyfontaine de Vivendi et John Martin de Turner Broadcasting aux conférences plénières.

Mais les opérateurs des télécoms mobiles restent au cœur de l’événement. Participeront aux plénières, les dirigeants de KT Corporation, SoftBank, Telefonica et Bharti Entreprises. Preuve aussi de l’emprise du mobile dans nos vies professionnelles et personnelles, le CSMA qui est l’organisateur de la conférence, a prévu une keynote sur les aspects règlementations intitulée Building the 5G economy. Y participeront le tout nouveau chairman de la FCC – l’institut de régulation américain – le républicain Ajit Pai, fervent opposant à la Net Neutrality défendu par son prédécesseur, le démocrate Tom Wheeler, et Andrus Ansip représentant la commission européenne et défenseur de la neutralité du Net. Une étude récente publiée par General Electric a évalué une amélioration de la productivité de 1 % dans les procédés industriels peut se traduire par une augmentation de 10 à 15 000 milliards de dollars du PIB sur 15 ans. Parmi les autres sujets concernant la régulation, rappelons les frais de roaming devraient être supprimer entre les Etats de l’Union européenne en 2017.

Les annonces de nouveaux smartphones suscitent toujours un intérêt particulier. Cette année, HMD Global qui gère la marque Nokia devrait annoncer un nouveau terminal dimanche générant une certaine curiosité en raison de l’antériorité du nom plus que par l’impact potentiel que ce nouvel équipement pourra avoir sur le marché. Samsung ne devrait pas lancer son très attendu S8 qui lui permettra de tourner la page du S7, par contre sa tablette Tab S3 devrait l’être. Parmi les autres constructeurs présentant de nouveaux modèles, on attend Huawei, LG, Motorola et TCL, le partenaire de BlackBerry.

La 5G sera bien un des thèmes principaux de cette édition 2017. Elle était déjà présente les années passées mais cette nouvelle technologie commence à se concrétiser. L’opérateur Verizon a annoncé des premiers déploiements pré-commerciaux dans plusieurs villes américaines cette année.

L’intelligence artificielle sera aussi très présente sur les stands et dans les présentations considère Jim Bailey, managing director d’Accenture Mobility, une division appartenant à Accenture Digital. Mais le terme est devenu un peu attrape et inclus toutes les nouvelles fonctionnalités qui apportent plus d’intelligence au smartphone et ainsi à son utilisateur. « Je n’ai aucun doute que l’IA soit au cœur des annonces les plus attrayantes de cette édition 2017, poursuit-il, mais il faut faire la part des choses entre le hype et la réalité ». Toutes les interactions homme/machine qu’elles soient textuelles, tactiles ou vocales sont placés dans ce fourre-tout de l’IA. Parmi celles-ci, Alexa d’Amazon est une de celles les plus en vue et de plus en plus de terminaux l’utilisent. Des innovations dans l’analyse des visages ou des émotions pourra être utilisée dans différents scénarios comme la maison ou la voiture connectée.

L’IoT sera également très présent à ce MWC, passant de l’étape de présentation de technologies à celle de la mise en œuvre de services. Pour Jim Bailey, les entreprises qui passeront du stade de pilote à celui d’applications en production pourront en tirer un avantage compétitif. Quels réseaux pour l’IoT sera aussi au centre des échanges. Mais des sujets plus traditionnels comme le Wi-Fi et son évolution pour prendre en compte les nouvelles applications devraient être également abordées.

 


La 5G au MWC 2017, Yves Gassot, Directeur général, IDATE DigiWorld

On verra certainement sur les stands des démonstrations basées sur des terminaux et des équipements beaucoup moins encombrants, donc miniaturisés et plus proches de ce qui sera déployé.  Tout n’est pas encore normalisé mais l’on pourra mesurer les progrès dans les technologies des antennes (MIMO et beamforming) qui vont permettre d’intensifier l’usage des fréquences, l’accès aux ondes millimétriques (dans les faits >6GHz) qui permettent de tabler sur des canaux beaucoup plus larges, dans la virtualisation et le slicing avec les architectures Cloud-RAN…

Mais la mise en situation de la 5G dans les stands et les annonces ou les communiqués sur les déploiements pilotes devraient illustrer  aussi deux visions assez contrastées des premiers usages. Outre-Atlantique, les deux leaders –AT&T et Verizon- jouent clairement la carte Video First ! Leurs annonces sont très centrées aujourd’hui sur des pilotes de 5G fixe. Schématiquement, ils observent que c’est la vidéo qui tire le trafic et peut valoriser les débits de la 5G tout autant que les données des abonnés (publicité programmatique), que la TV et la video sont en train de migrer vers le streaming, qu’ils ne sont pas  des opérateurs nationaux fixes et que la 5G peut être un substitut ou un complément aux accès  des cablos (qui sont en train d’entrer sur le mobile) et du FTTX. L’Asie est plutôt orientée également vers la vidéo avec peut-être en sus la dimension jeux video sensible à la faible latence et les perspectives associées à la réalité virtuelle. En Europe, le débat et les travaux portent beaucoup sur l’identification des besoins des différents « verticaux » tels que la voiture intégrée/autonome ; la 5 G étant alors moins définie par ses très hauts débits que par les paramètres de sécurité ou de latence.

On fait ainsi le lien avec l’IoT, en anticipant à Barcelone de nouvelles évaluations des atouts des normes 3GPP (NB-IoT, LTE-M, 5G) en termes de complémentarité et concurrence avec les standards LPWA (tels Sigfox ou Lora) fonctionnant dans les bandes sans licences.

Pour poursuivre sur les infrastructures, il sera difficile d’éviter le débat sur les investissements à mettre en œuvre pour déployer la 5G. Les Coréens du sud et les Japonais n’envisagent pas de ne pas faire la course en tête avec leurs rendez-vous olympiques. Verizon et AT&T vont partir très vite. Il leur faut de nouveau construire un avantage compétitif avec T-Mobile et Sprint. Les européens sont poussés par la Commission européenne. Il n’est pas sûr qu’ils n’affichent pas un petit retard vis-à-vis des Etats-Unis, du Japon et de la Corée et même de la Chine, à l’instar de ce que l’on a pu globalement observer pour la 4G (LTE). De fait, les prévisions de croissance du marché des équipements réseaux au niveau mondial sont assez mal orientées, particulièrement pour les réseaux mobiles car le marché des services comme celui des équipements fixe est devenu plus dynamique. Il faudra attendre 2019 et 2020 pour que l’on voie dans les CAPEX l’effet du nouveau cycle 5G. Dans ce contexte on discutera aussi de la situation des fournisseurs de réseaux. Que va-t-il se passer si Huawei conserve sa dynamique de croissance dans les 3 ans à venir tandis que le marché resterait stable en valeur ?