Gus Robertson, le CEO de Nginx était à la conférence OpenStack qui s’est tenue à Boston récemment.  Son application WebServer de 3 Mo est utilisée par quelques 350 millions de sites web dans le monde…

Informatique News : Quelle est votre offre et comment est elle mise sur le marché ?

Gus Roberton : Nginx est un serveur web qui est proposé en Open Source depuis 2004, depuis que Igor Sysoev a développé ce logiciel très compact permettant de créer et d’administrer un site web. Mais c’est seulement en 2011 qu’il a créé la société Nginx. Depuis une bonne dizaine d’année, Nginx a connu une très forte croissance et est devenu le serveur Web le plus prisé dans le monde, au coude à coude avec Apache. Selon une enquête de W3Tech, parmi les 10000 sites les plus importants et les plus actifs dans le monde Nginx est utilisé par près de 60% des sites Web devant Apache qui est présent seulement chez 23% d’entre eux. Sur l’ensemble des sites Web connus, Apache domine cependant avec près de 50% contre 34% pour Nginx. La raison est que Nginx est plus performant et dispose d’un reverse proxy, derrière le firewall, qui offre des fonctions de load balancing, de caching, de sécurité et d’accélération du trafic. Il peut aussi streamer des contenus Flash et MP4 et depuis peu, le reverse proxy est compatible UDP, ce qui permet de gérer le trafic des données en provenance des objets connectés de l’Internet des Objets.

Informatique News : Quelle est la différence avec Nginx Plus ?

Gus Robertson : Nginx Plus n’est pas un produit Open Source, c’est un produit commercial que l’on vend, avec un support intégré, dont les fonctionnalités sont plus évoluées plus particulièrement dans le load balancing, la sécurité et le management des applications. Il dispose d’un système de monitoring plus sophistiqué basé sur des statistiques plus évoluées qui offre de meilleures possibilités de réglages précis et il est muni d’un API qui permet de gérer la montée en charge en amont de façon plus dynamique. Mais fondamentalement, ce sont deux produits construits sur la même base. Un utilisateur de Nginx peut commencer par le site Open Source pour ses premiers développements et ensuite croitre avec Nginx Plus et il bénéficiera de possibilité d’un support personnalisé. Nous avons plus de 1000 clients commerciaux, dont Dropbox, Zinga, Netflix ou Buzzfeed en Europe…

Informatique News : Quels sont vos concurrents  et comment vous différenciez-vous ?

Gus Robertson : Les gens pensent qu’Apache est notre concurrent, mais ça n’est pas vraiment le cas. Nous abordons nos clients de trois manières différentes. Quelques uns viennent vers nous à cause des fonctionnalités avancées de Nginx Plus que j’ai mentionnées plus haut, ils utilisent déjà de l’open Source et veulent aller plus loin. La deuxième catégorie de clients est celle de ceux qui veulent remplacer un hardware, une appliance comme Big IP de F5 ou Netscaler de Citrix. Ce sont des ADC (Application Delivery Contoller) qui font la même chose que ce que fait Nginx en sécurité et en load balancing. Nous sommes aussi concurrents sociétés comme Radware, A10… qui vendent des produits similaires.

Mais le monde des appliances hardware est en train de disparaitre rapidement et on se dirige vers un monde de logiciel et un monde de Cloud, et nous sommes moins cher et plus évolutif qu’un hardware. La troisième catégorie de clients est ceux qui ont déjà un site web et qui veulent effectuer une transition. Prenons par exemple un site complet avec toutes les fonctionnalités qu’on rencontre par exemple chez Uber (gestion des clients, des chauffeurs, facturation, paie… etc.), qui a été développée il y a plusieurs années. Le code a été construit en un seul bloc monolithique sur une architecture classique à 3 niveaux : base de données, applications et livraison d’applications. Pour les aspects livraison, vous utilisez un hardware ADC de type F5 ou Citrix ou bien vous couplez votre site à ce niveau avec différents outils logiciels open source comme Nginx ou d’autres pour faire de la livraison d’application.

Avec Nginx Plus vous disposer d’un véritable front end pour délivrer toutes vos applications aussi bien sur desktop que sur mobile. Mais nous voyons maintenant que les gens veulent renouveler leurs sites pour les adapter aux applications microservices. C’est là que nous avons un avantage car Nginx Plus permet d’utiliser des applications microservices sans avoir à changer une ligne de code.  Nous les aidons à faire la transition vers les microservices. Il n’est pas nécessaire d’ajouter de nouvelles fonctionnalités au monolithe, il suffit de créer les microservices à côté et Nginx les prend en charge.  Si vous construisez un nouveau site, vous le développez de façon à ce que chaque fonction est un microservice distribué. Dans les Cloud construits sur Open Stack, Nginx Plus offre plus de puissance et de performance que LBaas, le « load balancer as a service » inclus dans le projet Neutron.

Informatique News : Quels sont les bénéfices de cette nouvelle architecture?

Gus Robertson : Le bénéfice d’un site développé sous forme d’applications microservices distribuées est un énorme gain en agilité et en scalabilité. Vous pouvez mettre à jour des fonctionnalités d’applications sans que cela ait un impact sur le fonctionnement du reste du site. Chaque application vit sa propre vie et le front end permet de contrôler chaque service à un niveau de granularité très bas.  Nginx peut être à la fois le front end et le routeur du trafic de chaque application. Parce qu’il est très léger (3 Mo), Nginx peut s’intégrer dans les conteneurs.  C’est un « plug in » qui fait 80 % du job d’un web serveur.

Informatique News : Ou conduisez vous le produit, quelle est votre vision de son évolution ?

Gus Robertson : Nginx Open source est mis à jour à peu près tous les mois.  Mais on voit le monde du web se déplacer vers ces architectures microservices.  On voit les sites s’éloigner progressivement de l’approche Websphere d’IBM  ou Weblogic d’Oracle pour migrer vers les microservices et les conteneurs. Nginx est le tissu idéal qui permet de fabriquer ces microservices. Nous voulons être le standard  pour la  gestion de tous les trafics qui passent par une application, c’est pourquoi nous cherchons à adapter la technologie à tous les cas d’utilisateurs qui utilisent toutes sortes de situations et d’appareils, dont les objets connectés actifs ou passifs, les mobiles, etc…

Informatique News : Quelles est le futur de votre société ?

Gus Robertson : Aujourd’hui, la société a 150 personnes, elle a vendu des produits dans le monde entier, mais 70% de nos produits commerciaux sont aux Etats-Unis. Cela signifie qu’il y a encore de la marge pour se développer et on double notre chiffre d’affaire tous les ans. Nous irons certainement en bourse un jour…