Le numérique modifie radicalement la formation en entreprise. Mais le digital learning ne devrait pas remplacer la formation traditionnelle, la préférence générale est donnée à ce qu’on appelle le « blended learning[1] ».

Apparues dans les années 1980 aux États-Unis puis en Europe principalement dans les grandes entreprises – en France, quasiment toutes les entreprises du CAC 40 en sont dotées -, les universités d’entreprises [2] permettent « d’animer les parcours professionnels et les actions de formation ». Mais aujourd’hui, leur rôle dépasse assez largement ce cadre. Selon Frédéric Beaud, consultant au département universités d’entreprise du cabinet de conseils Hommes & Performance, « Elles accompagnent les changements à l’œuvre dans les entreprises et sont en lien avec la stratégie des groupes. Leurs responsables rendent d’ailleurs directement des comptes à la direction générale, qui utilise ces universités internes pour fédérer les salariés autour d’une culture commune et d’enjeux bien identifiés [3] ».

Bien que différentes, les entreprises rencontrées des problématiques communes que résume Marc Godard, Chef de projet Expert Formation de cabinet Kurt Salmon :
– Adresser un besoin de formation (initiale / continue) en interface avec les besoins métier et opérationnels
– Développer et renforcer la culture et les valeurs du groupe
– Accompagner un projet stratégique de transformation de l’entreprise
– Faciliter la conduite du changement au sein de l’entreprise
– Détecter, accompagner les potentiels, intégrer, fidéliser les collaborateurs clés

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Le numérique change la donne

Il n’est pas de secteur économique ou de fonction de l’entreprise – dont la formation – qui ne soit aujourd’hui touché par la vague du numérique, même si certains sont plus avancés que d’autres dans cette transformation. La numérisation est-elle considérée comme une priorité par les universités d’entreprises ? Certaines entreprises comme BNP-Paribas, DNCS, Abott, PSA Peugeot-Citroën, ont gardé une pratique relativement traditionnelles axées sur le présentiel poursuit Marc Godard. D’autres comme Accor, Orange, la SNCF, Renault, Vinci, adidas sont plus opportunistes et utilisent les différents outils numérique tels que les outils collaboratifs, les serious games, les bibliothèques de cours en ligne, les vidéos, les MOOC, les formations digitales…

Le digital suscite des précautions d’emploi mais constitue une opportunité pour la RH, notamment en facilitant les évolutions suivantes :
– Passer de la gestion du catalogue à la curation
– Ouvrir l’offre de formation aux nouveaux outils (MOOC)
– Développer l’offre interne (COOC ou Corporate Online Open Course)
– Coordonner le réseau social d’entreprise, agir comme un community manager
– Tenir compte des nouveaux usages mobiles (contenus et parcours adaptés, évaluations sur site…)
– Se rapprocher des départements opérationnels et mettre en avant le savoir-faire de la formation
– Chercher les experts internes en lien avec le management
– Développer les occasions d’échanges

Le digital learning va bien au-delà de la simple numérisation des contenus de formation, il transforme en profondeur l’activité même de formation, tant du côté des producteurs de contenus que des équipes pédagogiques et des apprenants. Il peut être intégré dans toutes les activités pédagogiques, que ce soit la formation en présentiel, à distance, de manière synchrone ou asynchrone. Globalement, la préférence est à ce que l’on appelle le blended learning qui est combine numérique et présentiel confirme Marc Gobart.

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Evolution de la formation professionnelle en France

Selon l’édition 2014 de l’enquête réalisée par le cabinet de Conseil Cegos, la formation professionnelle en France connaît une évolution significative. D’abord, le « mix formation », c’est-à-dire la combinaison des différentes modalités de formation et des outils est en constante progression et se rapproche du niveau des autres grands pays européens (Allemagne, Espagne, Italie, Royaume-Uni). A l’inverse, la formation traditionnelle, sous la seule forme du présentiel (en groupe dans une salle), baisse régulièrement même si elle reste encore à un niveau élevé.

De manière corollaire, le numérique continue à progresser quelle que soit la modalité utilisée : en salle, à distance, outils de formation collaboratifs (blog, wiki, forum…), serious games. Pour l’heure, ce sont les grandes entreprises (plus de 2000 salariés) qui sont les plus dynamiques dans cette transformation mais les PME s’y mettent également.

Les freins à cette évolution vers le numérique sont plus à mettre du côté de la pesanteur et des habitudes car les salariés, en grande majorité, sont très demandeurs de solutions qui mettent en œuvre les technologies dans un mix de formation qui associe à la fois le présentiel, assurant un contact direct avec un formateur, le terrain et le tutorat, qui permettent à l’apprenant de se confronter à la réalité et l’apprentissage à distance via l’e-learning, qui autorise une acquisition de connaissances au moment et dans le lieu choisi par l’apprenant, avec l’équipement de son choix tout en favorisant l’auto-évaluation.

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[1] Modes d’apprentissage hybride mélangeant présentiel et digital
[2] Elles aussi appelées instituts ou académies
[3] Le renouveau des universités d’entreprise