De nouvelles mesures contre l’obsolescence programmée : Les députés européens souhaitent que nos produits soient conçus pour avoir une durée de vie plus longue et être plus facilement réparables.

L’obsolescence n’est pas un problème nouveau et est régulièrement évoqué. Sauf que là c’est le Parlement européen qui s’en saisit et vient de publier un « Rapport sur une durée de vie plus longue des produits : avantages pour les consommateurs et les entreprises ».

Depuis 2015, la loi française définit l’obsolescence programmée comme « l’ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise, notamment par la conception du produit, à raccourcir délibérément la durée de vie ou d’utilisation potentielle de ce produit afin d’en augmenter le taux de remplacement ».

Les moyens pour y parvenir sont nombreux. Par exemple en concevant un matériel conçu pour ne pas pouvoir « évoluer », par exemple limité arbitrairement en taille de mémoire auxiliaire), ou de produits dont la conception comprend des « fragilités » délibérées. Ou encore en annonçant régulièrement des produits qui n’apportent pas grand-chose de nouveaux et en créant un sentiment chez les utilisateurs de rater quelque chose s’ils ne s’en équipent pas. Ce phénomène touche plutôt les particuliers dont les achats peuvent être parfois guidés par l’impulsivité mais les entreprises n’en sont pas non plus totalement épargnées.

Le Parlement souhaite s’attaquer à ce phénomène d’obsolescence programmée. La difficulté est qu’il est particulièrement difficile de le prouver : c’est la raison pour laquelle les députés demandent la mise en place d’un système capable de tester et de détecter cette pratique.

Selon une étude du service de recherche du Parlement européen, de nombreux produits de notre quotidien ont une durée de vie très courte. En moyenne, un téléphone portable est remplacé après un à deux ans, et un ordinateur après trois à quatre ans.

Les députés réunis en session plénière à Strasbourg devraient adopter ce mardi 4 juillet le rapport présenté par le député Pascal Durand, Groupe des Verts/Alliance libre européenne demandant des mesures concrètes pour mettre fin à cette perte de ressources et de matières premières.

Cette initiative s’inscrit dans le modèle de l’économie circulaire qui vise à réduire de manière générale la production de déchets dans l’Union européenne en réutilisant, recyclant et réparant davantage nos produits.

77 %   des citoyens européens préfèreraient réparer leurs biens
plutôt que d’en acheter de nouveaux

Conception et réparation

Les députés demandent notamment des « critères de résistance minimum » qui devraient être fixés par catégorie de produit dès leur conception. Ils pourraient être définis avec l’aide d’organisations européennes de normalisation.

Selon un sondage Eurobaromètre réalisé en 2014, 77 % des Européens préfèreraient réparer leurs biens plutôt que d’en acheter de nouveaux, mais ils sont découragés face aux prix des réparations. La réparabilité des produits est largement en cause et entraîne des destructions d’emplois : les freins à la réparation ont pour conséquence de faire chuter le nombre de réparateurs en activité. Le rapport donne quelques chiffres sur ce sujet :

– aux Pays-Bas, 2 000 emplois ont disparu dans ce secteur en 7 ans ;
– en Allemagne, 13 % des boutiques de réparateurs de radios et télévisions ont fermé en un an ;
– en Pologne, le nombre de réparateurs a diminué de 16 % en deux ans…

Le secteur de la réparation représente un gisement d’emplois non délocalisables, poursuit le rapport, qui pourraient être valorisés si les produits étaient conçus pour durer et être réparés et le service repensé pour mieux s’adapter aux besoins des consommateurs. Des études récentes montrent que si les entreprises européennes privilégiaient le réemploi de leurs ordinateurs plutôt que leur recyclage, l’Europe pourrait créer 10 500 emplois tout en économisant chaque année l’émission de près de 6 millions de tonnes de gaz à effet de serre et 44 millions de m3 d’eau, sans compter les matières premières.

Le texte demande à la Commission et aux États membres de soutenir les fabricants de design modulaire facilement démontable et interchangeable.

Cette initiative du Parlement européen est louable mais ne constitue-t-elle pas un vœux pieu face à un phénomène courant mais comme elle l’indique dans son rapport très difficile à prouver ?

Pour lire le rapport, cliquer ici