Larry Ellison, 70 ans, premier et seul CEO de l’éditeur depuis sa création en 1977, vient de donner sa démission. Mark Hurd et Safra Catz, 52 ans sont nommés Co-CEO.

Avec une capitalisation de 183 milliards de dollars, Oracle est sans doute une des plus belles réussites de la Silicon Valley, même si la marque reste beaucoup moins connue que Microsoft, Google, Facebook ou Amazon. La raison est simple, Oracle est un éditeur B2B qui ne vend qu’aux entreprises et pas aux particuliers. La seule incursion sur ce terrain avait celle du Network computer, un portable sans disque, une sorte de prédécesseur du Chromebook. Sans grand succès d’ailleurs. Ironiquement, ce produit avait été conçu et fabriqué en partenariat avec IBM et Sun. Le premier essaie de sortir de la fabrication de matériels, le second a été racheté par Oracle en 2009. Avec environ un quart du capital de l’entreprise, Larry Ellison est donc un des plus riches terriens.

Oracle a connu une croissance fulgurante qui a conduit la société à faire partie du groupe des quatre plus grands éditeurs en compagnie de Microsoft, IBM et SAP. Sur son dernier exercice, Oracle a réalisé une chiffre d’affaires de 38 milliards de dollars et un résultat net de près de 11 milliards $, soit une excellente profitabilité.

Larry Ellison avait créé Oracle en 1977 et était resté le seul CEO qu’a connu la compagnie depuis. Une situation qu’avait connue Microsoft jusqu’en 2000 lorsque Bill Gates est devenu « simple » chairman et cède la place à son compère de Harvard Steve Ballmer. D’ailleurs, un peu comme Bill Gates l’avait fait en son temps, il gardela responsabilités sur le développement des produits. Cette compétence technologique dans une perspective de développement de l’entreprise sera d’ailleurs assez difficile à remplacer. Selon le tweet (ci-dessous) de Marc Benioff, qui a quitté Oracle en 1990 pour fonder salesforce, une autre grande réussite de la Silicon Valley, il est irremplaçable. Larry Ellison est connu pour sa personnalité forte et parfois controversée. Il a engagé des affrontements verbaux avec de nombreux concurrents. Il a reconnu en 2000 avoir engagé des détectives pour enquêter sur Microsoft lors de l’action initié par le ministère de la Justice américain. Comme le rapporte le Wall Street Journal, il avait qualifié cette démarche de « devoir civique ». A la suite de cette annonce de démission, l’action a perdu près de 2 %.

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Larry Ellison devient chairman (et CTO) et laisse la place de CEO à deux de ses adjoints, Mark Hurd, le controversé ex-CEO d’HP qui avait été contraint par le Conseil d’administration à quitter ses fonctions et Safra Catz. Concernant Mark Hurd, Larry Ellison avait qualifié cette décision de la « pire depuis que des idiots du CA d’Apple avaient fait de même pour chasser Steve Jobs ». Cette situation d’exécutif à deux têtes, qui n’est doute pas optimale, a été connu par SAP récemment. Les deux co-CEO se connaissent puisqu’ils sont co-president en 2010.

Cette décision de quitter les rênes de l’entreprise intervient à un moment assez difficile pour l’éditeur, notamment le passage du mode vente de licence traditionnelle à celui de l’abonnement au SaaS. Sur les 8 derniers trimestres, Oracle a raté les attentes des analystes à six reprises. A l’instar des grands fournisseurs de l’IT, Oracle s’est lancé dans une stratégie d’acquisition à tout va et une politique de rachats d’action pour en soutenir le cours.

Sur le premier point, Oracle a procédé à 7 acquisitions depuis le début de l’année dont celle de Micros pour un montant de 5,3 milliards de dollars, la plus importante depuis celle de Sun en 2009. Sur le second, Oracle vient de débourser 13 milliards de dollars pour racheter ses propres actions, environ 7 % du capital de l’entreprise. Sur chacun des 3 derniers trimestres, Oracle a dépensé 2 milliards de dollars pour ce même objectif.