A l’occasion du Digital Transformation Day qui s’est tenu aujourd’hui à Paris, Mark Hurd, CEO d’Oracle, a donné quelques éléments sur les réponses que l’éditeur entendait apporter dans l’environnement de rupture actuel.

Oracle va-t-il racheter EMC ? Quelle proportion du CA et quels objectifs avec l’activité de services cloud ? A l’image de Microsoft et d’AWS, Oracle va-t-il signer un partenariat avec le fournisseur open source Docker ? Où Oracle va-t-il ouvrir un nouveau data center en Europe ? Des questions et bien d’autres encore que vous pouvez vous poser mais auxquelles Mark Hurd ne vous donnera pas de réponses précises, voire même pas de réponses tout court. En revanche, le Co-CEO d’Oracle – avec Safra Catz – est très loquace sur l’évolution de l’industrie IT et des évolutions que doivent suivre les entreprises pour réussir la transformation, voire la révolution, numérique que nous vivons depuis quelques années déjà.

Cette transformation va s’accélérer grâce aux progrès des technologies bien sûr, mais aussi quasi mécaniquement par le renouvellement des générations. Mark Hurd rappelle que dans les années à venir, une proportion importante des salariés de la génération des baby boomers va prendre leur retraite (Mark Hurd se met dans le lot en évoquant son départ dans les deux ans à venir). Et alors ? En d’autre temps, un tel renouvellement n’aurait pas posé de gros problème ni induit de grands changements. Mais les générations qui arrivent, tant côté client que côté salarié, sont très différentes de celles d’aujourd’hui. Elles sont très à l’aise avec les nouvelles technologies, n’hésitent pas à faire entendre leur voix quand elles sont mécontentes d’un produit ou d’un service et sont beaucoup moins fidèles. Ce qui ouvre un monde beaucoup plus transparent. « Mais la bonne nouvelle, cette transparente s’imposera aussi à vos concurrents », précise Mark Hurd.

21 Oracle1Autre évolution connue et bien documentée, la montée en puissance des particuliers en tant qu’acteurs de l’IT. Sur les 2 000 milliards de dépenses informatiques, la moitié provient des particuliers et le déséquilibre s’amplifie. Par ailleurs, plus de 80 % du budget IT est utilisé pour faire fonctionner l’infrastructure, ce qui entre 170/180 milliards $ seulement pour le lancement de nouveaux projets destinés à nourrir l’innovation.

Depuis quelques années, on parle beaucoup d’innovation grâce à l’utilisation des technologies. Qu’en ont fait les entreprises ? Pas grand-chose selon Mark Hurd qui pointe sur les pratiques défaillantes de quelques secteurs. « Les opérateurs télécoms savent tout sur vous, sur l’utilisation de votre smartphone, sur vos déplacements… Qu’en font-ils pour vous ? Rien ils sont juste capables de vous envoyer une facture. Les banques. Observant les montants importants sur mes comtes, ma banque me contacte régulièrement pour me demander si je ne suis pas un dealer de drogue. En fait, les banques ne s’intéressent pas à leurs clients ».

Dans un tel environnement, Mark Hurd a rappelé les éléments de base de la stratégie cloud d’Oracle qui croit au rythme de 50 % par an mais ne représente encore que quelques pourcents du chiffre d’affaires (moins de 6 % selon le cabinet Robert Group). Lorsque le cloud est devenu un mot à la mode, Larry Ellison a répondu par la moquerie rappelle le cabinet américain dans une note intitulée Oracle and SAP – Vastly Different Strategy pour déclarer ensuite qu’Oracle était une « cloud company ». Alors qu’au niveau du PaaS (principalement bases de données et Java) et Saas, Oracle entend jouer la carte de la différenciation par les produits alors que l’IaaS est un marché animé principalement par les prix. Le cloud est présenté par le CEO comme un transfert du budget IT entreprises vers le budget R&D des fournisseurs IT. Ces derniers proposent régulièrement de nouvelles fonctionnalités qui peuvent être utilisées de manière discrétionnaire par les entreprises sans casse-tête de migration où de mise à niveau. Et ainsi se consacrer à des projets innovants et à valeur ajoutée. Un discours connu mais peu à peu prend corps et devient une réalité. L’approche avec les clients devrait aussi changer de nature. « Il va s’agir de faire évoluer la relation client vers une conversation ou un dialogue afin d’améliorer significativement ce que l’on appelle l’expérience client ».

Interrogé sur la transformation numérique de sa propre entreprise, Mark Hurd répond en bon commercial. Nous sommes une entreprise B2B qui possède un portefeuille d’environ 400 000 clients. Nous avons mis l’accent sur une transformation plus efficace des contacts qualifiés. Auparavant, la remontée des contacts qualifiées aux commerciaux prenait du temps et était très peu efficace, 1 % tout au plus. Aujourd’hui, nous sommes beaucoup plus rapides et le taux de transformation a été multiplié par 20. Une vision de la transformation numérique largement axée sur l’efficacité commerciale et qui s’inscrit dans des pratiques bien huilées de l’éditeur.

Parmi les évolutions, Mark Hurd infirme les rumeurs selon lesquels des emplois seraient supprimés, même si des réallocations de personnels ne sont pas à exclure, et confirme que son entreprise à des projets d’investissements en Europe, dont la possibilité d’implanter de nouveaux data center sur le vieux continent.