Plus de la moitié des startups américaines valorisées à plus de 1 milliard de dollars – les fameuses licornes (Startups : Les Licornes crèvent l’écran) – ont été créées par des immigrants.

44 des 87 startups américaines non cotées et dont la capitalisation est évaluée à plus de 1 milliard de dollars, celle-là même qu’on appelle désormais les licornes, ont été créées par des personnes nées en dehors des Etats-Unis. Et dans 62 d’entre elles, elles sont présentes dans les équipes de direction. C’est ce que révèle l’étude Immigrants and Billion Dollar Startups[1] réalisée par le think Tank non partisan National Foundation For American Policy (NFAP). Ces 44 startups représentent une valeur cumulée de 168 milliards de dollars, la moitié du marché boursier de la Russie ou du Mexique.

S ces 44 entreprises ont créé en moyenne 760 emplois, celles qui ont été les plus actives dans ce domaines sont SpaceX (4000 salariés), Mu Sigma (3500) et Palantir Technologies (2000). Uber qui est la plus importante valorisation et de très loin – 62 milliards de dollars devant Airbnb (25) et Palantir (20) – n’a créé que 900 emplois directs. L’étude indique que la société a fait appel à un peu plus de 160 000 conducteurs actifs (ayant effectué au moins 4 courses) au 31 décembre 2014. On est évidemment très loin d’emploi à plein temps.

Dans l’origine des créateurs d’entreprises, l’Inde vient en première position avec 14 startups devant le Canada et le Royaume-Uni (8 startups chacun). Les Français sont représentés dans deux entreprises : Eventbrite, un startup spécialisée dans une plate-forme de billeterie en self-service créée en 2009 par Renaud Visage et la société Tango spécialisée dans les services de messagerie mobile co-créée par Eric Setton. Toutes deux valorisées à 1 milliard de dollars, ces deux sociétés sont installées sur la Côte Ouest, l’une à San Francisco et l’autre à Mountain View.

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Parmi les sociétés très visibles dans le secteur de l’IT qui font partie de ce club des 44, on peut citer Nutanix et Simplivity, fers de lance du mouvement des serveurs hypervonvergés, AppDynamics dans la gestion des performances des applications, Cloudera, l’une des trois stars du big data avec HortonWorks et MapR, Jasper, Palantir, Zscaler dans la sécurité et Slack dont on récemment parler en raison d’une possible acquisition par Microsoft (Rachat de Slack par Microsoft en vue ?).

Cette étude n’est pas purement académique et son auteur, Stuart Anderson, directeur de la NFAP considère que les Etats-Unis pourraient mieux bénéficier de l’apport d’entrepreneurs immigrants si la politique de visas était assoupli. Une voix qui s’ajoute à celle de Bill Gates ou Mark Zuckerberg qui militent pour l’augmentation des visas H-1B[2] autorisant les diplômés étrangers à s’installer aux Etats-Unis. L’étude mentionne le cas d’Jyoti Bansal, fondateur d’AppDynamics qui raconte qu’il lui a fallu 7 ans pour obtenir la green card avant d’être assuré de pouvoir lancer sa société. Il ne pouvait pas quitter son entreprise (Wily Technology rachetée par CA Technologies) car il ne savait pas s’il perdrait son visa H1-B.

Les critiques rétorquent que ces voix militent en fait pour la possibilité d’employer des salariés à moindre coût. Actuellement, le nombre de visas est fixé à 85 000 par ans, 65 000 pour les nouveaux demandeurs et 20 000 pour ceux qui étudient dans les universités américaines. D’ailleurs, sur les 44 startups, 23 ont été créées par des étudiants non Américains ayant étudié dans les universités américaines. Parmi celles-ci, Stanford et Harvard sont particulièrement bien représentées. Renaud Visage a fait un master à l’université de Cornell après l’Ecole Centrale de Lyon tandis qu’Eric Setton, est  diplômé de l’Ecole Polytechnique et titulaire d’un doctorat en génie électrique de l’université de Stanford. Passer par une entreprise américaine est donc facteur important pour créer une startup aux Etats-Unis. C’est le cas pour plus d’une startup sur deux.

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[1]
Immigrants and Billion Dollar Startups by Stuart Anderson – National Foundation For American Policy – NFAP Policy Brief – March 2016

[2] Le visa H-1b est une catégorie de visa attribuée aux travailleurs « professionnels ». Généralement, un candidat au visa H-1b aura au moins un diplôme universitaire de 4 années ou une expérience professionnelle équivalente, et viendra pour travailler dans le domaine de son éducation ou expérience antérieure. Le visa H1B est lié à l’employeur. Pour obtenir un visa H être parrainé par un  employeur afin de faire une demande.