Un système informatique robuste et pérenne, un dispositif flexible et évolutif pour le digital, telle est l’organisation de plus en plus prisée qui inspire les entreprises dans leur transformation numérique.

Généralement, le qualificatif « à deux vitesses » est plutôt mal connoté laissant entendre une situation d’inégalité subie ou acceptée. Mais dans le cas de l’informatique, elle semble s’installer dans les esprits comme celle qui permettra à l’entreprise de s’adapter au mieux dans l’évolution vers les numérique que toutes ont déjà engagé et doivent accélérer.

La séparation entre back-office et front-office n’est pas nouvelle. Sauf que dans l’époque qui précédait le Web, le front-office n’était pas en contact direct avec les clients mais seulement les utilisateurs de l’entreprise (Reinventing IT to support digitization). Aujourd’hui, le front-office vis à l’heure du Web c’est-à-dire dans une échelle de temporalité totalement décalée avec celle qui régit l’informatique traditionnelle bâtie à coup de schéma directeur à 5 ans. Car pendant longtemps, l’informatique s’était largement inspirée du langage du bâtiment et de l’urbanisme avec les distinctions entre maître d’œuvre et maitre d’ouvrage, schéma directeur et autres avatars de la méthode Merise[1]. Sauf que cette méthode puissante d’analyse n’est plus du tout adaptée aujourd’hui à l’ère du numérique et où l’innovation et la rapidité d’exécution sont les maîtres-mots et les conditions du succès. Un des moyens pour atteindre cette architecture à deux vitesses est une large utilisation des API (Reach Two-Speed IT With APIs ; Les API, vecteurs de la transformation numérique).

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Selon le cabinet McKinsey, les business models de l’entreprise numérique doivent satisfaire quatre conditions (A two-speed IT architecture for the digital enterprise) :

– La création dans des délais très courts de produits et services numériques (par exemple une police d’assurance basée sur la géolocalisation qui permet de moduler le trafic en fonction de la distance parcourue) impose aux entreprises d’acquérir de nouvelles compétences ;
– L’évolution vers le numérique impose aux entreprises de garantir un lien étroit entre les différents canaux, physique et numérique (La vente en ligne en complément de la vente physique) permettant aux clients d’évoluer facilement d’un monde à l’autre ;
– Pour bénéficier de toutes les possibilités du numérique, les entreprises devront utiliser les technologies du big data afin de mieux comprendre le comportement des clients
– Enfin, les entreprises doivent automatiser et numériser leur process à la fois pour réduire les coûts et être plus réactifs vis-à-vis des clients.

Cette nouvelle organisation requiert selon le Gartner des capacités de « sourcing » adaptatives (Gartner Says a Bimodal Organization Requires Adaptive Sourcing) qui passe par un modèle visant trois objectifs (voir schéma ci-dessous). L’achat de services doit favoriser l’innovation, permettre à l’entreprise de se différencier et garantir un fonctionnement continu et sans panne.

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Quelle architecture IT pour l’entreprise digitale ?

  • Une architecture à deux vitesses : un front-office capable d’épouser les évolutions rapides des interactions avec les clients doublé d’un back-office transactionnel solide ;
  • Des fonctionnalités omnicanales : capacité à développer et à mettre en œuvre de micro-services très rapidement, quelques heures et non quelques semaines. Ces micro-services doivent pouvoir être utiliser sur toutes les canaux et de manière totalement ouverte ;
  • Pas de pannes : dans le digital, plus de place pour les longues opérations de migrations ou les pannes car il faut pouvoir être connecté avec le client 24/7 ;
  • Des possibilités d’analytics en temps réel : les clients internautes génèrent des volumes de données sans cesse plus importants qu’il faut être capable de collecter et d’analyser ;
  • Pouvoir découpler les produits et les process : dans les secteurs comme les banques ou les télécoms dans lesquels les produits sont par essence numérique, il faut pouvoir découpler ces produits des process qui les supportent.
  • Des architectures évolutives : dans le monde Internet, il faut être capable de passer très rapidement de quelques clients à des millions. Le système informatique doit être capable de supporter cette évolution de charge, notamment grâce à un cloud hybride combinant cloud privé et cloud public.

 

[1] Issue de l’analyse systémique, la méthode Merise est le résultat des travaux menés dans les années 1970 et qui s’inséraient dans le cadre d’une réflexion internationale, autour notamment du modèle relationnel d’Edgar Frank Codd. Elle est devenue un projet opérationnel au début des années 1980 à la demande du ministère de l’industrie, et a surtout été utilisée en France, par les SSII de ses membres fondateurs (Sema-Metra, ainsi que par la CGI Informatique) et principalement pour les projets d’envergure, notamment des grandes administrations publiques ou privées (source : Wikipedia).