Chaque année, les entreprises investissent des millions dans des projets visant à augmenter la productivité de leurs employés. Les résultats du dernier baromètre CIO de CSC le confirment puisque 54 % des entreprises interrogées indiquent se tourner vers le digital pour gagner en efficacité. Certes, les nouvelles technologies et leurs applications sont de plus en plus performantes et peuvent accroitre la productivité des équipes, mais qu’en est-il des applications existantes ? Les initiatives digitales sont en effet inévitables, mais il est important de comprendre qu’optimiser les applications déjà utilisées par les employées peut engendrer une amélioration de la productivité à deux chiffres. Il vaut donc mieux s’assurer d’abord que les applications actuelles sont optimisées avant de s’atteler à de nouveaux investissements.

La plupart des solutions de gestion réseau sont efficaces notamment pour le monitoring des flux ; elles aident également les équipes IT à cibler avec précision les points de congestion et à identifier les applications qui tournent en dessous de leurs capacités. Pour ce faire, elles doivent disposer d’une bonne visibilité, nécessaire à la gestion du rendement et de la sécurité. Toutefois, cela ne suffit pas à tout résoudre. Il faut à présent passer d’un management des performances à celui des erreurs : le but n’est plus seulement d’essayer de « voir » ce qui se passe dans le réseau mais « d’utiliser » ce même réseau pour contrôler les applications.

Sur le papier, cela semble facile à faire, cependant les réseaux traditionnels ont longtemps rendu cette évolution difficile, voire impossible en raison de moyens disponibles pour le contrôle applicatif limités. Ensuite, le peu d’outils existants avaient besoin d’être configurés un par un via une obscure interface de ligne de commande. Fort heureusement, l’arrivée du SD-WAN change la donne et apporte une réponse à cette problématique. Elles sont en effet à même de gérer ces problèmes de contrôle d’applications car elles ne proposent pas seulement un tableau de bord avec une visibilité accrue sur les applications, mais apportent aussi les moyens et leviers nécessaires pour les contrôler.

Parmi les fonctionnalités proposées aux entreprises figure le « tunnel bonding » grâce auquel elles rassemblent les connexions de plusieurs réseaux, physiques et/ou virtuels, afin de générer une seule et même connexion haut débit. De cette manière, la connexion physique continue d’exister et est agrégée en un chemin unique et plus conséquent vers l’application. Le tunnel créé est ainsi plus performant que les autres connexions sous-jacentes et favorise la création systématique du meilleur chemin pour le transfert des données. En outre, les fonctionnalités de contrôle dynamique des chemins réseau fournissent une conduite du trafic en temps réel via n’importe quelle connexion de réseau, que ce soit le haut débit, le MPLS ou encore internet.

En cas d’échec ou d’une baisse de tension à cause d’un encombrement, le contrôle de la trajectoire bascule automatiquement vers une connexion alternative. De nombreux fournisseurs de solutions SD-WAN proposent des contrôles de trajectoires manuels. Or, il est crucial que la solution soit entièrement automatisée pour favoriser un basculement immédiat et transparent pour l’utilisateur.

Par ailleurs, l’accélération, ou « optimisation WAN », s’appuie sur les protocoles TCP de contrôle de transmission pour envoyer une sélection plus pertinente du trafic à travers le réseau. Ce procédé est particulièrement intéressant pour les applications gourmandes en bande passante, tels que les emails, qui doivent parcourir de longues distances. En outre, cette réduction de trafic permet d’améliorer les performances de l’ensemble des applications. Idéalement, l’optimisation WAN devrait être intégrée au SD-WAN et être constamment activée. Le contrôle applicatif doit également prendre en compte la copie de fichiers même si elle ne contrôle pas directement les applications. En effet, seule la vitesse à laquelle les fichiers peuvent être copiés aura un impact sur les applications. Sans accélération, la copie du trafic sur le réseau peut s’avérer chronophage et affecter sévèrement la performance d’applications critiques, et entraver alors le bon fonctionnement de l’entreprise. Enfin, la qualité de service (QoS) reste essentielle puisqu’elle crée des « voies » dédiées dans lesquelles le trafic peut s’intégrer suivant les besoins. Entièrement automatisable, elle permet par exemple d’identifier et d’affecter la bande passante non utilisée à d’autres applications afin d’amortir à la fois les coûts et le temps passé.

Partant du constat qu’il est impossible de gérer et de sécuriser ce que l’on ne voit pas, la visibilité des applications est plus que jamais inhérente au succès d’une entreprise. Cependant, les équipes réseau doivent redoubler d’efforts pour implémenter un SD-WAN comportant les fonctionnalités de contrôle des applications ; les entreprises atteindront de cette manière des performances applicatives optimales. Dans un futur proche, le SD-WAN intègrera le Machine Learning et sera capable d’apprendre et de s’adapter aux changements de l’environnement. Si une mise à jour est nécessaire, l’intelligence artificielle informera alors le fournisseur de services et réalisera la procédure de façon autonome. Néanmoins, nous sommes à des années de cette réalité. Mais la visibilité et le contrôle constituent un pas essentiel dans cette direction.

 

 

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Pierre Langlois est Directeur Commercial EMEA, chez Silver Peak