A l’heure du big data, alors que les indicateurs et autres mesures n’ont jamais été autant abondants, les DSI font plus confiance à leur intuition qu’aux données dont ils pourraient disposer.

« Aujourd’hui, une nouvelle vague d’extension de la calculabilité est en marche. Son ampleur est inédite et ses conséquences, bien qu’encore difficiles à évaluer, sont considérables(…). Sur la logique des indicateurs chiffrés se greffe désormais celle du calcul algorithmique embarqué à l’intérieur des interfaces numériques. En rencontrant l’informatique, les chiffres sont devenus des signaux numériques qui habillent toutes les interfaces que, d’un clic, nous ne cessons de caresser ». C’est ainsi que s’exprime Dominique Cardon, sociologue au laboratoire des usages d’Orange Labs dans son dernier ouvrage[1].25 colt 2

Et pourtant, dans ce cadre où l’on pourrait donc penser qu’ils appuient en priorité leur décision sur les nombreux indicateurs qui sont à leur disposition, les DSI font plus confiance à leur intuition qu’aux données. C’est ce qu’indique l’enquête CIO: Instinct or hard data – which wins? commanditée par Colt destinée à mettre en avant les mécaniques de réaction des DSI lors de gestion de crise informatique.

Plus de 2 DSI sur 3 admettent s’appuyer davantage sur leurs expériences et leurs intuitions professionnelles pour prendre des décisions importantes que sur un tout autre facteur. 76 % des DSI interrogés reconnaissent même que leur intuition est parfois en contradiction avec d’autres sources, comme les données ou les conseils extérieurs.

Un tel agissement pourrait s’expliquer par l’augmentation du sentiment de prise de risque personnel chez les DSI lors de toute prise de décisions, tendance également illustrée dans l’étude Moments that Matter de Colt. En effet, près de 76 % d’entre eux estiment qu’une prise de décisions implique davantage un risque individuel, notamment pour leur carrière, en raison de la fonction stratégique qu’il occupe au sein de l’entreprise.

25 colt 3« Cette étude illustre que la DSI demeure encore souvent trop isolée du reste de l’entreprise, considère Carl Grivner, Exécutive Vice President chez Colt[2]. Quand les enjeux sont importants lors d’une situation critique et qu’il est sous pression, la réaction première du DSI est de se fier à son intuition et à son expérience professionnelle. »

Par ordre d’importance, c’est l’expérience professionnelle qui est le facteur le plus important pour prendre une décision en cas de changement extérieur, devant les données, les conseils extérieurs qu’ils viennent d’une tierce partie autorisée, d’un pair ou d’un fournisseur, et les conseils en provenance de l’entreprise (voir infographie ci-contre).

L’intuition avant la raison ?

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Pour 71 % des DSI interrogés, l’expérience professionnelle et l’intuition sont plus efficaces dans toute prise de décisions que la maîtrise des données dans leur ensemble. Lors de la réalisation de cette étude, les responsables informatiques ont d’ailleurs été invités à hiérarchiser 4 scénarios, par ordre d’importance, afin d’identifier les secteurs où l’expérience prend le pas sur les données elles-mêmes.

Les moments où les DSI font le plus appel à leur expérience sont les suivants :

– Lors de la gestion d’événements extérieurs
La majorité des DSI évalue l’expérience professionnelle (69 %) comme étant plus importante lors d’une prise de décisions que l’exploitation des données et des informations (66 %) ;

– Pour répondre aux attentes et aux demandes des clients
Dans ce cas, les responsables estiment que l’expérience professionnelle (67 %) leur permet de prendre des décisions plus éclairées que les données/renseignements disponibles (61 %) ;

– Dans la gestion de mise en conformité
L’expérience professionnelle a été reconnue comme plus importante (63 %) que les données et les renseignements à disposition (56 %). Elément essentiel, 76 % des personnes interrogées affirment que la confiance entre fournisseurs est l’élément le plus important pour garantir des résultats positifs lors de phases critiques. De plus, 78 % considèrent mêmes leurs partenaires IT comme une réelle source d’innovation technologique.

« Il est important de noter l’influence limitée d’expertises tierces, notamment des collaborateurs de l’entreprise, dans le raisonnement des DSI. A l’ère d’une société qui se numérise de plus en plus, il convient pour les responsables informatiques de montrer l’exemple et de favoriser/faciliter leur collaboration avec les différents services de l’entreprise ainsi qu’avec les ressources externes pour stimuler la réussite », conclut Carl Grivner.

 

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[1]
A quoi rêvent les algorithmes, nos vies à l’heure des big data – Dominique Cardon – La République des Idées. Seuil – Octobre 2015

[2] Entré chez Colt en mai dernier, Carl Grivner a été nommé CEO et prendra ses fonctions au 1er janvier 2016.