Les métiers sont de plus en plus impliqués dans l’acquisition des solutions IT mais le phénomène reste marginal.

C’est ce qu’indique Andrew Bartels, analyste du cabinet Forrester dans une note « Sizing The Business-Driven Tech Market » et qui s’appuie sur une enquête réalisée aux Etats-Unis seulement mais qui donne des éléments complémentaires sur un phénomène connu sous le nom de « Shadows IT ».

Lorsqu’on parlait d’informatisation des entreprises, les DSI étaient les seules concernées. Mais avec ce que l’on appelle aujourd’hui la transformation numérique, voire la digitalisation, les métiers sont plus intéressés et impliqués dans le choix et l’acquisition de la solution. De nombreux projets marketing, RH, gestion des ventes sont de plus initiés par les métiers.

Le cas du projet de l’équipementier Bosch (L’équipementier Bosch sur la route vers la digitalisation) incluant la rénovation d’un site Web, la création d’un compte twitter, d’une page Facebook, d’une chaine YouTube, canal de vente vers les partenaires Web to store) entre typiquement dans cette catégorie. Elle a été prise en charge intégralement par le service marketing et n’a pas impliqué la DSI. On n’est bien loin de problèmes d’architecture ou d’infrastructures. Dans un second temps, l’analyse des données produits par ces différents canaux nécessitera sans doute l’implication de spécialistes dans le domaine de la business intelligence et du big data.

L’analyste de Forrester rappelle que l’acquisition d’une solution IT est un processus relativement complexe qui commence par l’identification d’un besoin pour aboutir à la gestion de l’intégration et/ou des fournisseurs. Il propose 5 configurations décrivant l’implication de la DSI et les métiers dans la mise en œuvre d’une telle solution :

– Les métiers gèrent tout le projet ;
– Les métiers commencent et passent la main à la DSI ;
– Les DSI et les métiers travaille ensemble sur le projet ;
– Gestion d’un projet informatique métier pris en charge par la DSI ;
– La DSI gère la totalité du projet IT.

12 Forrester1

Les deux dernières situations qui n’impliquent que la DSI représentent encore la majorité des cas, mais les projets à participation conjointe DSI/métiers deviennent plus fréquents. Dans son enquête auprès des décideurs américains, Forrester évalue à seulement un peu plus de 6 % les achats de type Shadow IT. Mais d’ici à 2015, plus d’un tiers de projets IT mettront à contribution les deux parties.

Même si les métiers sont de plus en plus impliquées sur les projets, l’évolution et l’importance du phénomène restent assez marginal et ne doit alarmer les DSI considère Forrester. D’ailleurs le fait que les directions opérationnelles s’impliquent plus est une bonne chose. Mais dans ce contexte, les DSI se doivent plutôt de resserrer les liens avec les métiers de telles sortes que ces derniers les sollicitent plutôt que de se lancer dans des projets de manière indépendante.

Lors d’Oracle CloudWorld (Oracle met plein cap sur le cloud), Pierre Hessler, conseiller du président chez Capgemini, mettait en garde de « ne pas confondre la familiarité d’usage suite à l’utilisation courante des nouvelles technologies et la familiarité avec les problématiques liées aux architectures et au développement ». Le message est clair, la simplicité d’usage qui a été une des conséquences de ce l’on appelle la consumérisation de l’IT ne doit pas masquer la complexité derrière l’interface utilisateur.