IBM qui cède du terrain, HP premier fournisseur de serveur et Cisco qui se hisse dans le Top5 : les derniers chiffres du Gartner montre un marché en totale recomposition.

Pendant un temps, la croissance des ventes permettait de masquer la baisse constante des prix, traduction commerciale de la loi de Moore. Mais aujourd’hui, la croissance n’est plus là et les prix des serveurs continuent de baisser. Le prix moyen[1] du serveur est passé de 5800  dollars en 2009 à 4800 dollars en 2014. Résultat, le marché des serveurs apparaît comme un marché sinistré. Selon les chiffres fournis par Gartner, le chiffre d’affaire cumulés des ventes de serveurs, tous constructeurs confondus, est largement inférieur à ce qu’il était dix ans plus tôt : 11,3 milliards au 1er trimestre 2014 contre 12,1 mds $ sur la même période de 2004. Parallèlement aux spécificités de ce  marché (Le cabinet RFG a listé quelques explications de cette récession : 5 raisons du déclin des serveurs x86) s’est ajoutée la crise de 2008 qui a entraîné une réduction significativement des investissements des entreprises en matériel informatiques.

Conséquence de cet affaissement, ce marché est en pleine recomposition. IBM vend de moins en moins de serveurs. Années après années, IBM s’est donc transformé en sociétés de services et en éditeur de logiciels mettant au deuxième plan son activité matériels. Celle-ci ne représente plus que 15 % du CA total de Big blue. En janvier dernier, poursuivant la stratégie de son prédécesseur Sam Palmisano, Ginni Rometty cédait l’activité des serveurs X86 entrée et milieu de gamme à Lenovo (IBM vend son activité serveur x86 à Lenovo). En conséquence, IBM pèse moins de 20 % du marché quand il était à plus de 30 % cinq ans plus tôt. IBM poussera-t-il cette logique d’abandon jusqu’au bout : une cession complète de cette activité ? Difficile encore à dire car la vente de serveurs haut de gamme (Power 8 et X86) et de supercalculateurs restent encore stratégique et génère des ventes croisées en services et en logiciels. Mais pour combien de temps encore ?

Racheté par Oracle en 2007, Sun s’est maintenu dans le Top5 quelques trimestres encore mais en a complètement disparu aujourd’hui. Beaucoup d’analystes avaient émis des réserves sur cette acquisition d’un constructeur de matériels par un éditeur de logiciels, ils ne peuvent qu’être confortés dans leur questionnement. Oracle a développé une politique de développement d’appliances (matériel et logiciel proposée dans une solution optimisée). Mais les résultats n’en confirment pas le bien fondé.

A l’inverse, Cisco s’est crânement lancé en 2009 sur ce nouveau marché par le biais de son architecture UCS (Unified Computing System) avec des serveurs réunissant dans une logique « tout en un » l’accès aux fonctions de calcul, de mise en réseau, de gestion, de virtualisation et de stockage. Le décollage a été long mais semble payant  à la longue. Le champion des réseaux est imperceptiblement en train de se concentrer sur ce marché et sur celui du logiciel. Le Software Defined Everything est sans doute un des moteurs de ce changement (Cisco se concentre sur l’IT). Au premier trimestre 2014, 5 ans après son entrée sur  cette activité, Cisco a décroché la quatrième place avec un encore modeste 5 %.

Par défaut d’IBM, HP est donc propulsé numéro Un de ce marché. Mais c’est là un résultat en trompe l’œil car la firme de Palo Alto a en fait perdu du terrain en part de marché. Une passe difficile qui se conjugue à celle rencontrée avec les PC et met HP dans une situation très délicate. Meg Whitman, la patronne du constructeur a annoncé denouvelles suppressions d’emplois (HP va supprimer 16 000 postes supplémentaires).

En revanche, Dell tire bien son épingle du jeu. La volonté de Michael Dell de mettre l’accent sur les services et les logiciels ne l’a pas empêché d’engranger de bons résultats et même de talonner IBM.

Décomposé par processeur, seuls les serveurs X86 arrivent à se maintenir tandis que les serveurs RISC/Itanium et les mainframes s’effondrent. En matière de packaging, les serveurs lames n’ont plus le vente en poupe et ne correspondent pas vraiment aux besoins des nouveaux data centers.



[1] Obtenu en divisant le chiffre d’affaires cumulé, tous fournisseurs confondus, par le nombre de serveurs vendus. Il s’agit donc là d’une approximation.