24 Stockage 1Avec un volume des données qui croit de 50 % par an, la baisse continue des prix du matériel, et la montée des mémoires flash, des architectures convergentes et du SDS, le marché du stockage est soumis à une tension sans précédent.

2015 restera l’année du plus grand rachat du secteur informatique. Dell a procédé à l’acquisition d’EMC, le géant du stockage, pour un montant record de 67 milliards de dollars et empochait du même coup, VMware, le champion de la virtualisation, Pivotal, le spécialiste du big data, RSA Security, VCE et les autres partenariats signés par EMC. Dell et ses partenaires ont emprunté la bagatelle de 50 milliards de dollars pour boucler l’opération.

Déjà largement endetté suite à la sortie de la bourse en 2013, Dell fait donc un formidable pari. Elle s’extrait de la « tyrannie des marchés » mais s’associe avec des investisseurs comme Silver Lake ou MCD Partners qui ne manqueront de rappeler à Michael Dell qui souhaitent faire fructifier leur mise. Depuis cette opération, Dell cherche à se défaire de certaines activités pour récupérer un peu de cash. Début décembre les fonds KKR, Thoma Bravo et Vista Equity Partners (Dell : trois fonds sur les rangs pour racheter Quest Software et SonicWall) étaient identifiés comme ayant des vues sur Quest Software et SonicWall selon Reuters. Goldman Sachs aurait été chargé par le constructeur texan de négocier la cession de ces deux actifs estimés chacun à 2 milliards de dollars.

En parallèle à ses discussions avec plusieurs fonds de pension intéressés par Quest Software et SonicWall, elle a mandaté Citicorp pour trouver un acheteur pour Perot Systems (Dell cherche à récupérer 5 milliards de Perot Systems), opération dont le constructeur espère retirer plus de 5 milliards de dollars. Selon Re/code, Dell aurait déjà entamé des discussions avec Tata Consultancy Services (TCS), Atos, Genpact et CGI. Arrivées à un stade avancé, les pourparlers avec TCS auraient finalement buté sur le prix.

Dernière initiative connue à ce jour, Dell vient de confier à Bank of America Merrill Lynch, Morgan Stanley, Goldman Sachs & Co et JPMorgan la préparation de l’entrée en bourse de sa division de cybersécurité SecureWorks acquise en 2011 (Confronté à une baisse de ses revenus, Dell va introduire sa division SecureWorks en bourse). La société devrait être cotée au Nasdaq sous le sigle SCWX. Selon certaines sources la valorisation de SecureWorks pourrait atteindre 2 milliards de dollars. Le document n’indique pas combien d’actions seront cédées dans le cadre de cette IPO.

Grâce à ce rachat, Dell est désormais à la tête d’un des catalogues IT les plus complets du marché et devrait devenir le premier constructeur informatique devant HP séparé depuis novembre en 2 entités. Mais, la firme texane va devoir procéder à éliminer les redondances entre les produits. En revanche, l’acquisition d’EMC va renforcer la position de Dell vis-à-vis des grandes entreprises.

En octobre dernier, Western Digital a racheté Sandisk pour 19 milliards de dollars. La troisième acquisition la plus importante du secteur au même niveau que celle de WhatsApp par Facebook (Après Dell-EMC, retour sur les plus importantes acquisitions de l’IT). Sandisk est l’un des six grands fabricants de mémoires flash NAND (Intel, Micron, SK Hynix, Samsung, SanDisk et Toshiba). Cette acquisition doit permettre à WDS de rattraper son retard dans le domaine des mémoires flash. Sandisk est également un fabricant de disque SSD et son portefeuille inclut également des produits PCI suite à son acquisition de Fusion-io le roi de la carte PCI pour serveur (Un milliard en cash pour des cartes flash). On avait l’impression que c’était pas cher payé. Le chiffre d’affaire de Fusion-IO était d’un demi-milliard de dollars et SanDisk n’en paie que le double. On s’était habitué à des coefficients multiplicateurs bien plus élevé. Même si la firme trainait 80 M$ de dettes et 35 M$ pour l’année 2012, ce n’est rien si l’on considère ses concurrents dans le secteur, en particulier dans le domaine des boitiers accélérateurs« all flash ». En 2012, Western Digital avait racheté Hitachi Global Storage Technologies (HGST), la société issue de la fusion des activités de stockage d’Hitachi avec l’activité disques durs d’IBM.

La consolidation du marché SSD est loin d’être finie et sur le seul segment des cartes PCI pour serveurs, San Disk avait déjà laissé passer un bon nombre d’opportunités. Le rachat des cartes LSI Avago par Seagate (pour 450 millions de dollars en action en mai) et Texas Memory par IBM (en août 2012) sans mentionner celui de Violin par Toshiba avaient marqué les esprits. Le secteur devrait connaître encore beaucoup de rachats successifs car sur la cinquantaine de fabricants de boitiers SSD, ceux des « all flash », un bon nombre devrait disparaître, les deux tiers n’étant pas rentables depuis leur création. Parmi les autres acquisitions faites par Western Digital, on peut mentionner le fabricant de disques SSD sTec, les fournisseurs d’AFA (All-Flash Arrays) Skyera, la startup de mémoire flash Virident et le spécialiste de mémoire cache VeloBit.

Seagate n’est pas resté inactif, même si les opérations menées ne sont pas du même ordre de grandeur. Seagate Technology a racheté en août Dot Hill System, spécialisé dans les systèmes de stockage SAN. Seagate avait également racheté le spécialiste du stockage haute performance Xyratex, la firme Avago spécialisée dans les mémoires Flash qui, elle-même avait racheté Emulex.

Autres opérations cette année, le rachat de CleverSafe par IBM et celui de Pentaho par Hitachi Data Systems. Ce devrait être la dernière opération de l’année, NetApp vient de s’emparer de SolidFire pour 870 millions de dollars. Avec cette acquisition, NetApp adresse désormais les trois principaux segments du marché du stockage 100% flash. Les solutions All Flash FAS s’adressent aux entreprises classiques ayant des besoins d’infrastructures de stockage. Offrant de faibles taux de latence faible, une forte modularité ainsi que de très bonnes performances, la ligne de produit EF Series répond de son côté aux exigences des applications. Enfin, l’offre distribuée, auto-régénératrice et « webscale » de SolidFire est dédiée aux fournisseurs de services (voir l’article de notre confrère ChannelNews : NetApp s’empare de SolidFire contre 870 millions de dollars). Bref, une année très active en matière de fusions/acquisitions dans le domaine di stockage et qui devrait se poursuivre en 2016.