La FIRIP (première fédération des industriels impliqués dans la construction et le développement des Réseaux d’Initiative Publique (RIP) en France) vient de publier les résultats de l’enquête 2016 et fait 11 propositions pour mettre le numérique au cœur de la campagne présidentielle.

Les principaux résultats présentés pour l’année 2016 sont encourageants pour le marché des RIP, avec un fort dynamisme au niveau de l’emploi (+35% à 8.100 emplois), une progression du chiffre d’affaires (+25% à 1,8 milliard d’euros) et des projets qui suscitent une appétence de plus en plus marquée de la part des acteurs financiers.

Des perspectives encore plus prometteuses sont attendues pour les 3 à 5 ans à venir (2,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2017 – 11.000 emplois en 2017 et 28.000 en 2022), laissant augurer pour la France de retrouver une place parmi les leaders du numérique en Europe …

Sept enseignements principaux

  1. Les RIP, source d’emplois et vecteur puissant de formation

En 2016, 8.100 emplois directs équivalents temps plein ont été mobilisés sur les Réseaux d’Initiative Publique, un chiffre en forte croissance (+35% par rapport à 2015 et même plus de 200% depuis 2012).

Si 2016 concrétise la vraie reprise de la croissance des effectifs sur le marché des RIP, les perspectives attendues sont également très conséquentes pour les 3 ans à venir.
A l’horizon 2022, le secteur des RIP en France devrait représenter 28 000 emplois.

Mais pour ce faire, le challenge consistant à trouver la main d’œuvre qualifiée pour assurer les déploiements des réseaux est bien réel puisque le marché du travail reste globalement en tension sur plusieurs régions de France.
40.000 personnes restent à former sur l’ensemble du territoire à l’horizon 2020, dont près de 20 000 uniquement sur les RIP. Dans ce cadre, la FIRIP déplore qu’entreprises et acteurs de l’emploi et de la formation constituent à ce jour deux mondes qui s’ignorent encore souvent. Elle pointe également du doigt une offre de formation encore trop restreinte et probablement encore mal connue des entreprises, des métiers. Enfin les opportunités d’emplois restent encore peu connues du grand public et les dispositifs de financement sont souvent complexes, avec des financements insuffisants.

Par ailleurs, sur ce volet emploi, l’observatoire montre de nouveau dans cette 5ème édition la corrélation entre la présence d’un RIP et un taux de chômage plus faible ainsi que l’amélioration des taux de création d’entreprises sur les territoires concernés par un RIP.

  1. L’infrastructure essentielle du 21ème siècle, à coût finalement relativement modeste pour la puissance publique et à très fort effet de levier pour l’investissement privé

Les projets de déploiement du très haut débit sont estimés à 20 milliards d’€ sur le territoire national à l’horizon 2022, avec une part de financement public de 6,5 milliards d’€.

Compte tenu de l’appétence de plus en plus forte des financeurs privés, cette part publique devrait même être revue à la baisse.

Ces budgets investis sont mesurés et relativement « modestes » au regard des autres grands projets d’infrastructures financés pour l’avenir du pays trains, etc.).

  1. Un savoir-faire RIP écoresponsable et exportable

Le savoir-faire RIP est de plus en plus tourné vers l’export. 56% des entreprises du secteur pensent exporter leurs compétences à l’étranger dans les 3 ans à venir !

Cette perspective de développement fort est d’ailleurs largement soutenue par la FIRIP au travers de son action dans le cadre de l’Alliance européenne de l’Open Access Networks (ELFA), dont elle est membre fondateur, et qui vise à imposer le modèle des RIP à la française (neutre ouvert, activé et basé sur une infrastructure fibre), à l’heure où l’Europe ouvre les discussions concernant le « Paquet Telecoms ».

  1. Une contribution forte à la réduction de la fracture numérique en mobilisant fibre optique, RTTH, satellite

L’ensemble des dossiers déposés à l’appel à projets France THD représentait à mi 2016      7,5 millions de prises FTTH à réaliser d’ici 2022.

Sur le reste du territoire, 13 millions de prises doivent être installées d’ici fin 2020 par les opérateurs en zone d’initiative privée hors zones très denses.
Si au 30 septembre 2016, 3.006.000 prises FttH étaient déployées sur ces zones (soit + 65% des prises raccordables par rapport à 2015), un gros travail de déploiement reste à réaliser avec :
– 1,4 million de prises par an sur 5 ans en zone d’initiative publique
– 2,9 millions de prises par an d’ici 2020 en zone d’initiative privée.

Afin de desservir tous les territoires (dans les zones peu denses, 15% des prises seront connectées en technologies non filaires (RTTH, satellite) à l’horizon 2022, soit plus de 5 millions de foyers), la FIRIP milite pour un mix technologique. Elle considère que la consultation publique lancée par l’ARCEP pour réserver 40 MHz dans la bande des 3.5 GHz pour le RTTH (4G fixe) est une réelle opportunité pour les territoires.

  1. Des réseaux neutres et activés indispensables pour plus d’innovation et de concurrence sur le marché des entreprises

Alors que le marché télécoms des entreprises est globalement non concurrentiel (70% dominé par Orange, 20% pour SFR et 5% pour Bouygues Telecom), les RIP constituent l’une des clés pour déverrouiller ce marché. Pour preuve, 91% des RIP actuels accueillent plus de 5 opérateurs actifs sur le marché des entreprises.

Les premiers bénéficiaires de cette plus grande concurrence sont les utilisateurs finaux. En 2016, les RIP prouvent une nouvelle fois qu’ils constituent un facteur de réduction des coûts télécoms supportés par les entreprises et les acteurs publics, avec une évaluation à 100 millions d’euros d’économies.

  1. Une dynamique vertueuse en cours sur les RIP, mais attention à bien garder sous  tension l’ensemble des acteurs

En Décembre 2016, 40% des foyers français étaient couverts par des offres 100 Mbit/s et plus, contre une moyenne de 67% des foyers de l’Europe des 28.

En 2022, 80% des foyers français devraient pouvoir bénéficier de ces offres. La France ferait alors partie des leaders du THD en Europe et s’inscrirait dans l’objectif de la Commission Européenne de rentrer dans la Gigabit Society avec pour chaque foyer en 2025 au moins 100 Mbit/s.

Néanmoins, si l’on souhaite que la France retrouve ce rang en Europe, il convient d’avoir une vigilance très forte sur les déploiements privés en zones dites « AMII » qui montrent aujourd’hui un retard assez conséquent, et ce en l’absence de toute contractualisation.

  1. Après 2022 : dégager les financements pour desservir les 7 millions de foyers encore non couverts en fibre optique et devenir l’un des leaders du THD en Europe

Compte tenu des nombreuses procédures d’appels d’offres en cours, l’année 2017 et les suivantes devraient être intenses…

L’observatoire des RIP 2017 estime le potentiel du secteur à :

– 11.000 emplois fin 2017 pour un chiffre d’affaires total de 2,3 milliards d’euros
– 28.000 emplois à l’horizon 2022.

 


11 propositions aux candidats présidentiels

Le Club Numérique 2017 a présenté onze propositions jugées prioritaires :

La gouvernance du numérique

  1. La création d’un poste de ministre délégué au Numérique auprès du Premier Ministre permettrait de placer le numérique comme un enjeu transversal et de coordonner l’ensemble des politiques numériques engagées par le gouvernement.
  2. La création de poste d’ambassadeurs du numérique au sein des exécutifs régionaux permettrait de déployer les bonnes pratiques des régions les plus avancées sur les usages du numérique au service des TPE/PME.
  3. Le renforcement de l’indépendance de l’Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes, en sortant notamment de la tutelle de Bercy.

L’infrastructure

  1. La création d’un fonds (alimenté via une taxe sur la facture Internet par exemple) faciliterait les financements permettant de déployer le très haut débit sur le territoire.
  2. L’équipement des zones rurales prioritaires, notamment pour l’agriculture, doit pouvoir se faire rapidement en 4G fixe.

L’innovation

  1. La mise en place d’un Grenelle de l’intelligence artificielle contribuerait à positionner la France comme un des leaders internationaux du domaine.
  2. L’évolution de l’environnement fiscal et législatif doit permettre à la France de devenir un leader de l’économie numérique et collaborative, créatrice d’emplois et capable de concurrencer les géants du numérique.

Les usages

  1. Les procédures administratives doivent devenir accessibles numériquement par défaut.
  2. La création d’une identité numérique et d’un coffre-fort doit être accélérée.
  3. L’utilisation de la technologie numérique doit pouvoir servir les déserts médicaux.

L’enseignement et la formation

11. La mise en place d’un plan national doit viser l’augmentation de 50% par an du nombre d’ingénieurs numériques formés en France, afin de combler le déficit persistant de notre pays en la matière.