Le 15 décembre dernier, Riverbed, l’un des leaders de l’optimisation Wan, a changé d’actionnaires pour près de 3,6 milliards de dollars. Le fond privé Thoma Bravo et un fond de pension canadien ont pris le pouvoir laissant néanmoins le fondateur Jerry Kennely à la tête de l’entreprise. La firme qui avait lutté pendant des années face à Cisco, Citrix, F5 et Juniper avait réussi à prendre la tête d’un secteur, celui de l’optimisation des réseaux Wan, un marché en légère perte de vitesse.

Il ne fallait pas se leurrer, la multiplication des applications dans le cloud et la part grandissante des applications Web optimisées pour les mobiles paraissaient réduire l’intérêt de solutions logiciels qui simplifient uniquement le protocole TCP/IP pour faire chuter les temps de réponse des applicatifs. Les déclarations définitives de Cisco, à la suite de son retrait dans ce domaine, ont ébranlé les convictions des précédents investisseurs.

Après la phase d’extension, des changements profonds

Conscient de cette perspective réduite sur le long terme, Riverbed a cherché à renforcer son offre en rachetant plusieurs firmes pour élargir sa cible, dont Opnet en 2012, un outil d’analyse de trafic utilisé par les opérateurs pour vérifier les niveaux de service des applications, les fameux SLA. L’intégration des différents logiciels autour de l’OS maison a pris plus de temps que prévu et la firme n’a pas eu le temps de prouver à ses précédents actionnaires que la rentabilité passée allait rapidement revenir. De ce fait, l’arrivée de Thoma Bravo, qui possède aussi la firme de sécurité Blue Coat, montre que la firme qui fait plus d’un milliard de dollars avec près de 2600 personnes repart sur des bases plus solides.

Les temps de réponses applications comme cheval de bataille

Le marché ciblé par Riverbed est désormais d’environ 11 milliards. Il rassemble la gestion des performances applicatives (APM) ,( 4 milliards environ), celui des contrôleurs d’applications (l’ADC, évalué à 2 milliards) , celui des gestionnaires de succursales ( le « branch » évalué 4 milliards) et celui des optimiseurs de trafic Wan, ( un marché d’un milliard). Ce dernier créneau est l’ancien cœur de métier de Riverbed.

A l’occasion du lancement de la dernière version de son système d’exploitation, la version 9.0 de SteelHead, la firme mettait en avant son boîtier SteelCentral AppResponse. (image). Cet outil qui rassemble les différents logiciels issus des acquisitions est désormais le moteur de la firme.

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La visibilité sur le trafic du siège au Cloud.

L’association de SteelHead 9.0 et de SteelCentral AppResponse 9.5 garanti une visibilité globale des applications sur site, dans le Cloud et celles en SaaS.

SteelCentral AppResponse 9.5 offre « une visibilité accrue sur l’expérience utilisateur » et permet de la mesurer au niveau des applications Web et du SaaS, qu’elles soient ou non optimisées pour SteelHead, pour « un contrôle et une résolution des problèmes plus rapides ».

Toujours selon le marketing de la firme, ce nouvel outil permet le contrôle simplifié des applications et du réseau. La nouvelle version de SteelHead 9 classifie les applications en fonction de leur type et automatise l’activation des niveaux de services attendus, les SLA.

Un service d’aiguillage pour les trains de données des applicatifs

Face à des infrastructures de réseaux hybrides ( réseaux MPLS et internet) l’outil décide du meilleur chemin en fonction des politiques de priorité « métier », un argument que l’on retrouve aussi dans les outils de réseaux virtualisés comme ceux de NSX de Vmware. Le logiciel permet donc la configuration et la gestion de la sélection du chemin réseau, de la qualité de service (QoS) et du flux de transport, selon les options désirées. Selon le constructeur, grâce à sa fonction Path Selection, SteelHead 9.0, (comme un routeur applicatif), analyse les différentes étapes des réseaux disponibles et attribue aux applications critiques les réseaux les plus rapides, tandis que les applications d’importance secondaire sont relayées via Internet. L’outil serait capable d’identifier près de 1 000 applications (sur site et en mode SaaS) dont Salesforce.com, Office 365 et WebEx. Par exemple, l’acheminement du trafic video de Microsoft Lync peut s’effectuer sur MPLS, tandis que son trafic voix, plus léger, passera par Internet.

Le témoignage d’un utilisateur : Schneider Electric

Pour étayer son discours optimiste, la firme relate les choix de Schneider Electric et de son architecte réseau, Lionel Marie, qui gère un environnement informatique hybride très complexe. Schneider Electric qui est présent dans plus de 130 pays, exploite des réseaux MPLS et des réseaux locaux qui interconnectent plus de 1000 sites distants d’agence à quatre grands datacenters, où les principales applications critiques ont été consolidées. En outre, la société a adopté les solutions de cloud tels que les infrastructures en tant que service (IaaS), fourni par Amazon Web Services (AWS), et des logiciels utilisés comme des services (SaaS) tels que ceux de Salesforce.

Des outils pour surmonter l’hétérogénéité des applicatifs

«Les innovations comme les services SaaS, IaaS, ne cessent d’augmenter la complexité des environnements informatiques actuels. Les entreprises qui peuvent contrôler et gérer cette complexité seront en mesure d’utiliser l’informatique comme un avantage concurrentiel au lieu de constamment se démener pour résoudre les problèmes de performance des applications critiques de l’entreprise », a déclaré Lionel Marie, ( photo) l’architecte réseau de Schneider Electric. « Les tableaux de visualisation que j’ai créés en utilisant les interfaces de programmation ( API) ouvertes de Riverbed permettent la planification des capacités de bande passante Internet / peering Internet. Ils m’aident à négocier les coûts avec les fournisseurs de transit en qualifiant facilement les destinations les plus importantes, et d’élaborer une politique de peering (public / privé) pour recueillir le trafic à partir des principaux points d’échange internet.  » A ce propos, Riverbed pour intégrer ses boitiers, a passé un partenariat avec Akamai pour qu’ils s’interfacent avec ses dizaines de milliers de points d’accés ( Pop).lionel-marie-etude-de-cas_schneider-electric_2

L’objectif de Lionel Marie était d’améliorer la connectivité vers des destinations critiques (Amazon Web Services, Azure, Salesforce, boîte, etc.) par la création de vues en fonction du trafic échangé depuis et vers ces destinations. C’est avec SteelScript, l’outil fourni par Riverbed que Lionel Marie a créé des rapports de trafic Internet basé sur BGP et s’en est servi pour administrer les flux.

Les tous derniers boîtiers

Enfin Riverbed vient de lancer de nouveaux boîtiers d’accélération WAN, les CX70, pour tenter d’améliorer la performance des applications dans des environnements de Cloud hybride, ce qui n’est vraiment pas un luxe si l’on veut gérer le la bureautique centralisée comme le propose Citrix ou Vmware. Outre une mémoire vive disponible plus importante, cette nouvelle génération intègre de gros disques SSD et exploite une nouvelle série de processeurs plus puissants.

Selon le constructeur, les CX70 peuvent gérer jusqu’à cinq fois plus de trafic que la génération précédente et optimise les connexions SSL et TLS. On s’attend désormais à ce que la firme se rapproche de l’éditeur Blue Coat. La vie du constructeur Riverbed n’est pas encore un long fleuve tranquille.