Deux ans après avoir engagé sa mue, SAP entend faire évoluer toutes ses solutions vers le cloud et les faire bénéficier de sa technologie in-memory Hana.

“Solutions on-premise, cloud public et applications en mode SaaS, private cloud dans les data centers sous la forme de services managés, solutions hybrides, nous entendons fournir l’ensemble des solutions à nos clients”, explique Tim Minahan, directeur marketing de l’activité cloud de SAP. Après avoir pris du retard par rapport à la concurrence et quelques atermoiements, SAP met les bouchées doubles pour faire évoluer son portefeuille de solutions vers le cloud et les doper aux technologies Hana.

Aujourd’hui, SAP propose ses solutions de RH, Procurement (Ariba), Finance, Relation clients et Collaboratif (JAM) en mode SaaS. Parallèlement, l’éditeur allemand propose à ses clients de faire migrer les solutions traditionnelles en mode services managés dans ses propres data centers et leur faire bénéficier de Hana. SAP possède actuellement une douzaine de date centers dans le monde. Sachant que les clients n’ont aucune obligation d’évoluer dans cette voie.

Troisième étage de la fusée cloud, SAP met en place ce qu’elle appelle Hana Cloud platform, une plate-forme qui repose sur la technologie in-memory d’Hana complétée de services intégrés (mobilité, d’analytics, de predictive analytics… ) et d’environnements de développement natif pour Hana ou Java. SAP travaille donc à la motorisation sur Hana de l’ensemble de l’offre applicative. Cette transformation devrait être achevée d’ici à trois ans.

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Autre avantage mis en avant par SAP, les différentes solutions reposeront sur une même plate-forme technologique, ce qui facilitera l’intégration non seulement d’un point de vue technique mais aussi sur le plan fonctionnel. Ce qui facilitera la coexistence d’applications on-premise, sur des clouds publics, privés…

L’innovation portée par le cloud

Le cloud est plus qu’une simple nouvelle vague technologique, c’est aussi un vecteur d’innovation accéléré. C’est ce qui a poussé SAP a adopter une nouvelle approche en matière de développement logiciel qu’elle a labellisé co-innovation et qui impacte toutes les équipes de développement. Dans chaque grand projet, une équipe d’une dizaine de personnes coordonne les inputs des clients, des partenaires et éventuellement d’autres projets en interne pour capitaliser et intégrer idées et technologies nouvelles. La prochaine version du CRM baptisée Cloud for Customer a bénéficié de cette nouvelle approche et devrait être dévoilée en février prochain. Introduite il y a environ un an, cette méthodologie collaborative accompagnera désormais le développement des solutions logicielles au rythme rendu possible par le cloud. Elle permettra de mettre à disposition des nouvelles versions à un rythme beaucoup plus rapide. Une situation que des éditeurs comme Salesforce connaissent bien. Cette nouvelle version du CRM symbolise assez bien l’évolution du logiciel actuelle mais est assez nouvelle pour SAP.

L’interface de cette future version s’éloigne de ce que l’on a connu dans les logiciels de gestion traditionnels pour se rapprocher de ce que l’on connait dans les logiciels Internet grand public, par exemple les réseaux sociaux comme Facebook ou LinkedIn. Par ailleurs, le logiciel n’est plus seulement un outil de transcription numérique de l’activité mais il intègre des fonctions qui aideront l’utilisateur dans la réalisation de ses objectifs. Par exemple, que faire pour aider un commercial qui cherche à finaliser un contrat : De quelques informations a-t-il besoin ? Quelles sont les personnes dans l’entreprise qui pourraient lui être utiles ? Cloud for Customer intégrera aussi des fonctions prédictives basées sur l’analyse de données traitées grâce aux technologies Hana.

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Cette approche correspond à celle que les entreprises adoptent. Par exemple, l’entreprise cliente de SAP Kaeser Kompressoren spécialisée dans la fourniture de compresseurs et de systèmes d’air comprimé s’est engagée dans une telle voie. “Il y a 20 ans, , nous vendions des compresseurs autour desquels on ajoutait des services maintenance”, explique Martin Schamberger, IT Application manager. Dans une évolution vers la dimension services, on ne vendait plus des machines mais du gaz que l’utilisateur payait en fonction du produit consommé. Nous abordons une troisième étape consistant à doter nos machines de senseurs qui collectent des données transférées au fil de l’eau sur nos systèmes informatiques. Ces volumes considérables de données produites permettront de faire de l’analyse prédictive et d’augmenter la durée de vie des équipements. Une démarche similaire à celle présentée par GE il y a quelques semaines sous le label d’Internet industriel (GE lance une grande offensive dans le big data industriel). A ce stade, la technologie Hana devient une composante essentielle du dispositif.

Une autre utilisation exemplaire des technologies Hana est celle du projet de diagnostic précoce du cancer lancé par le professeur Tim Conrad de la Freie Universität à Berlin. L’idée de base est de comparer les protéines existantes de cellules sanguines de groupes de personnes saines et de malades. Les volumes de données en jeu donnent une idée du gigantisme : le corps comprend environ 100 000 milliards de cellules. Les différences qui sont détectées grâce à des méthodes statistiques et des algorithmes ad hoc permettent de poser un diagnostic très précoces et donc d’élaborer une thérapie efficace. « Ces technologies seront disponibles dans la pratique médicale d’ici deux ans » affirme le docteur Tim Conrad.