Suite à de récents échanges avec les fournisseurs de services, les DSI et les analystes télécoms, la perception générale est que les budgets informatiques des entreprises devront faire face à une réduction de 30% dans leurs dépenses d’exploitation en 2017, contrebalancée par une augmentation de 20% des dépenses d’innovation. Ces réalignements budgétaires exigent de repenser radicalement les orientations et ne peuvent certainement pas être atteints sans une intense coopération entre les pôles opération et innovation.

Réduire la dépendance à l’accès aux réseaux dédiés à haute qualité de service de type MPLS et augmenter l’utilisation de technologies d’accès moins chères, telle est la stratégie que décrit la cabinet Quocirca dans une note récente intitulée SD-WAN: Take a good look at the outliers.

Si les technologies indépendantes d’accès à des réseaux longues distances telles que MPLS, les lignes louées dédiées, DSL et LTE pouvaient être combinées, cela permettrait d’augmenter la bande passante. Mais il faut également garantir la qualité de service tout en réduisant les coûts.

La technologie SDN (Software Defined Network) est au cœur de l’évolution des réseaux distants en supprimant progressivement les contraintes des matériels propriétaires et en réallouer les capacités des réseaux grâce au logiciel.

Les modèles WAN traditionnels et SD-WAN

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Le SDN permet aux administrateurs réseau de gérer différemment les services de réseau WAN en découplant le plan de contrôle qui décide où le trafic est envoyé du plan de données sous-jacentes qui transmet les paquets de données vers la destination sélectionnée. Avec le SD-WAN en périphérie du trafic, les utilisateurs peuvent déjà commencer à récolter les avantages des nouvelles capacités du SDN. Et grâce aux API, ils peuvent attacher des fonctions disséminées dans différentes piles logicielles et différents matériels.

Cette approche casse les business models traditionnels et menace les relations avec les opérateurs traditionnels où les réseaux traditionnels critiques basés sur des technologies propriétaires. Les technologies SD-WAN ouvre le marché à des nouveaux acteurs plus innovants pouvant fournir de l’intelligence de réseaux dans des équipements de type CPE[1] (Customer premise equipement).

La moindre dépendance des réseaux dédiés traditionnels s’accompagne d’une diffusion sans cesse croissance des réseaux mobiles 4G LTE où une meilleure couverture et une réduction des prix contrastent avec l’augmentation constante des coûts des services de communication traditionnels. La technologie 4G LTE et bientôt la 5G devraient devenir de plus en plus utilisées dans le transport des données.

En réaction à cette évolution, les opérateurs telécoms  lancent des services SD-WAN et se présentent comme des fournisseurs SDN. Evidemment cette approche est compliquée dans la mesure où elle risque de cannibaliser des services existants MPLS par exemple et en les proposant comme intégrant leur connexion MPLS dans une offre plus large et intégrée dans le SDN.

La proposition de BT est à cet égard exemplaire : « BT is offering its enterprise customers SD WAN as a managed service, using Cisco routers that are already in place as MPLS network termination boxes and Cisco’s IWAN technology. Customers benefit from better network performance, and insight into the performance of their applications, without having to spend more on bandwidth. The service is managed through BT’s My Account portal. »

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[1]
  Customer-premises equipment (CPE) est un équipement qui se trouve dans le site d’un client (d’une entreprise) et qui est raccordé à l’infrastructure d’un opérateur, dans un Point Of Presence (POP), via une boucle locale.

Exemples de CPE :
– un routeur raccordé en FR (Frame Relay) dans le cadre d’un service de RPV FR (réseau privé virtuel) fourni par un opérateur comme France Télécom, Cegetel, SIRIS, etc.
– un routeur raccordé en IP (Internet Protocol) dans le cadre d’un service de RPV IP (IP VPN) fourni par un opérateur comme ceux listés ci-dessus.