Il existe un fort décalage de perception entre les Ressources Humaines et les opérationnels quant à la transformation numérique. La formation doit aider à le combler.

A l’occasion de son lancement, l’agence Abilways Digital spécialisée dans l’accompagnement des entreprises dans leur transformation numérique et se présente aussi comme un laboratoire, un espace de co-création et d’innovation publie les résultats d’une enquête commanditée à la TNS Sofres auprès de grandes entreprises qui montre un écart important entre les opérationnels et les décideurs RH tant sur le plan des perceptions que des attentes. S’il existe un large consensus sur l’importance de la transformation numérique, la réalité et le contenu même de cette transformation est source d’interprétation et de compréhension diverses.

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Une maturité des usages encore faible: le numérique est perçu comme une opportunité et pourtant 27% seulement des répondants sont à l’aise avec les pratiques liées à ces technologies. Quasiment l’ensemble des salariés interrogés (9 sur 10)  perçoivent la transformation numérique comme une opportunité en ayant clairement conscience des changements en cours et à venir. Et les salariés en perçoivent d’abord l’impact sur leur propre fonction. Si 48% des répondants ont le sentiment que le numérique a déjà très fortement impacté leur propre fonction ces dernières années, ils sont près de deux tiers (63%) à s’attendre à ce que cette évolution se poursuive dans les années à venir. Ces éléments entrent en dissonance avec leur niveau de maîtrise personnelle du numérique : seuls 27% des salariés se sentent tout à fait à l’aise avec celui-ci.

Manque de stratégie et de leadership

Les stratégies de transformation numérique des entreprises restent encore floues pour les salariés. Premier constat, le processus de transformation est loin d’être achevé. Ainsi, 70% des salariés déclarent que la transformation digitale de leur secteur d’activité est en cours, avec un tournant d’ici à deux ans. Pour autant, ils ressentent des flottements dans la mise en œuvre de la stratégie numérique. Ainsi, 63% d’entre eux considèrent que leur entreprise explique mal sa stratégie numérique ou que son discours n’est pas en adéquation avec la réalité. Les dirigeants sont jugés insuffisamment leaders sur ce sujet.

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Accompagnement des RH : en décalage par rapport aux perceptions et aux attentes des opérationnels.
Les RH semblent dramatiser la perception des opérationnels face aux mutations du numérique. Une forte distorsion apparaît entre les deux populations. 4% seulement des opérationnels déclarent avoir peur de la transformation numérique alors qu’un tiers des RH les considèrent sur la défensive. 56% des opérationnels estiment que les RH accompagnent mal les collaborateurs dans leur entreprise. Constat partagé par 52% des RH eux-mêmes.

L’agence Abilways Digital pointe sur le double rôle crucial que jouent les RH dans la révolution numérique en cours : détecter les gains que le numérique peut apporter aux métiers actuels, et formaliser les futurs métiers rendus nécessaires par l’évolution technologique. Il est donc naturel que l’on retrouve d’un côté un leadership très affirmé des RH dans le déploiement de projets numériques clés, comme les RSE. Ces projets impactent profondément les modes de collaboration des métiers existants en favorisant un décloisonnement directions métiers.

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Mais d’un autre côté, c’est aussi à la DRH d’identifier les nouveaux défis auxquels doit s’affronter l’entreprise, comme l’explosion des volumes de données, et formaliser la réponse adéquate sous forme de fonctions et postes. IDC précise à ce titre que le profil de data scientist est celui dont le plus grand nombre de postes devait être créé l’année dernière.

Et cette double réflexion, qui concerne l’impact sur les métiers existants et sur les métiers à créer, peut se décliner sur l’ensemble des pans de la révolution numérique en cours. Le Cigref (Club Informatique des Grandes Entreprises Françaises) dès 2012 travaillait ces questions au niveau de la RH de la DSI.

La nécessaire formation

9 répondants sur 10 estiment qu’il est important voire prioritaire d’adapter le plan de formation pour faire face aux mutations du numérique. Et pourtant la réalité est bien différente, les formations mises en place sont jugées insuffisantes pour accompagner cette transformation, une opinion qui n’est partagée par les RH. Enfin, l’étude révèle que l’acquisition des savoir-faire (92%) est aussi importante que celle des savoir-être (88%) et plus encore que l’appropriation des technologies en tant que telles (73%).