Intel serait en pourparlers pour acheter le fabricant des puces Altera, connu pour ses modèles programmables FPGA (Field Programmable Gate Array), un accord qui pourrait profiter aux deux fabricants de composants.

Les FPGA sont généralement utilisés en conjonction avec des CPU pour accélérer les processus tels que la compression vidéo ou le chiffrement. Intel ne faisait pas jusque-là de puces FPGA, mais elle avait justement déjà signé un accord en 2013 pour commencer à créer de nouveaux FPGA haut de gamme pour Altera.

Une perspective dans les datacenters

Pour ce dernier, l’affaire l’aiderait à développer son activité dans le marché des datacenters, un secteur toujours en progression. En partenariat avec Xilink et IBM, Altera travaille sur des serveurs réalisés par Google, exploitant la base du processeur Power qui a fait la gloire d’IBM pendant des années. Le Power 8 supporte de manière native, en particulier, la version « Little Endian » de Linux, une des spécialités d’Intel. Le composant serait désormais, pour IBM, dans une logique de multiplication de ses fabricants comme l’ont déjà fait ARM ou Sun pour leurs processeurs. Le chinois Shuzo Power a promis une première édition du chip Power pour le deuxième trimestre, avec d’énormes perspectives sur les serveurs des sites chinois comme ceux de Baidu, Alibaba et Tencent. Déjà menacé par ARM sur les serveurs d’entrée de gamme, en rachetant Altera, Intel aurait d’un seul coup un partenaire de plus, au lieu d’un concurrent.

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Carte de tests pour les universités crée par Altera

Une peau de banane pour l’un de ses concurrents

Seconde bonne raison de s’emparer des FPGA d’Altera, ceux-ci sont actuellement fabriqués par le rival d’Intel, Taiwan Semiconductor Manufacturing. Intel pourrait, tout en réduisant la concurrence, ainsi également travailler pour intégrer les FPGA d’Altera avec ses propres processeurs sur une seule puce, un pc sur un chip ce qui pourrait lui donner une longueur d’avance dans la production de processeurs pour les centres de données.

Non seulement, Intel amplifierait son emprise sur un nouveau marché mais ralentirait les fabricants de puces chinoises dont les américains craignent qu’ils ne finissent par travailler qu’entre eux.

Troisième raison : les télécoms

Une bonne part des ventes d’Altera provient de puces utilisées dans les grandes antennes cellulaires et d’autres applications de télécommunications, un secteur où Intel a toujours peiné. Mais pour les spécialistes, le seul objectif  des opérateurs est de réduire le nombre de leurs antennes relais.

C’est le Wall Street Journal et la chaine Bloomberg qui, simultanément, ont annoncé vendredi qu’Intel serait en pourparlers pour acquérir Altera. Evalué à 13,36 milliards de dollars, le fabricant de FPGA a vu sa valeur augmenter de 28 % depuis vendredi, au milieu des nouvelles de l’eventuelle acquisition. C’est ce qui fait douter certains de la réalité du projet, Intel n’ayant pas l’habitude d’acheter en communiquant, pendant la hausse. Pour Bloomberg, il s’agit parfois aussi de déstabiliser le concurrent au moment ou il est en pleines négociations avec un gros acheteur, histoire de rappeler qui est encore le patron dans le secteur.

L’accord offrirait à Intel une nouvelle ligne de produits mais aussi de nouvelles charges de travail à ses usines de pointe, selon les analystes. Mais ces rumeurs ne seraient que des manipulations pour Morgan Stanley qui déconseille le titre. Pour expliquer sa méfiance, la banque d’affaire explique que le PER d’Altera ( Price Earning Ratio), soit le bénéfice par action, a atteint 26,5 fois l’estimation 2015 de profit et 23,3 fois l’anticipation de résultats pour 2016. Les bons PER intéressants dans le secteur des puces se trouveraient désormais un peu en dessous.

Le cours de bourse d’Altera après la récente spéculation dépassait en tous cas de 20%  l’ancienne valeur, elle était aux alentours de 44 dollars lundi soir. Affaire à suivre…