Poussés par une évolution vers le cloud et une consolidation des ressources informatiques, les data centers poussent comme des champignons. Revers de la médaille : Ils sont énergivores.

Il y a quelques années, un rapport du Sénat américain (Report to Congress on Server and Data Center Energy Efficiency) avait déjà pointé du doigt le problème de la consommation de l’ensemble des équipements informatiques, des terminaux portables aux data centers. Depuis le cloud s’est développé et les data centers se sont construits à grande vitesse. Les fournisseurs mettent en avant l’efficacité énergétique de leurs centres informatiques, notamment mesurés par le sacro-saint PUE. Un nouveau rapport (Data Center Efficiency Assessment) que vient de publier le National Ressources Defense Council (NDRC), une association de défense de l’environnement, qui montre que ces data centers ne sont pas si efficaces que veulent bien le dire leurs exploitants et indiquent qu’une réduction de 40 % des gaspillages permettrait de faire économiser plus de 3 milliards de dollars annuellement sans parler de la réduction de la pollution créé par les centrales électriques traditionnelles.

On connaît la comparaison, si Facebook était une pays, il serait désormais le troisième juste derrière l’Inde et la Chine. Ce nouveau rapport propose une nouvelle image. Si Internet était un pays, il serait le douzième consommateur d’électricité, se situant au niveau de l’Italie ou de l’Espagne et correspondait à quelque 90 Gwatts en 2013. Cela représente entre 1,1 et 1,5 % de la consommation électrique mondiale. Un autre rapport SMARTer 2020 estime la croissance annuelle de la consommation d’électricité à 7 % portant la consommation à 140 GWatts en 2020.

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Le rapport du NDRC reconnait que les nouveaux data centers sont relativement efficaces sur le plan énergétique mais il y aussi toutes les salles informatiques des entreprises, petites et grandes, qui elles sont loin d’être optimisées et qui représentent encore 95 % des serveurs utilisés aux Etats-Unis.

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Et le rapport met en avant quelques défauts majeures de ces salles informatiques et autres petits data centers avec quelques chiffres plutôt alarmants. Jusqu’à 30 % des serveurs sont en état de « coma » et supportent des applications ou des logiciels qui ne sont plus en service et donc ne servent à rien mais ils fonctionnent toujours et consomment de l’électricité. Le problème est que les entreprises ne sont pas capables de les identifier ou ne prennent pas le temps de le faire. La majorité des serveurs en service fonctionnent entre 12 et 18 % de leur capacité informatique maximale. Alors que l’on sait que même s’ils sont en état de veille, ils consomment presque tout autant que lorsqu’ils sont en état de fonctionnement normal. Enfin, dans près de 80 % des entreprises, le service responsable de l’administration de la salle informatique n’est pas le même que celui en charge du paiement de la facture électrique (Les services généraux le plus souvent). Cette séparation de responsabilité ne favorise pas vraiment les économies d’énergies.

Le rapport ne se borne pas à dresser un dresser un bilan peu reluisant et à tirer le signal d’alarme, il propose quelques recommandations pour remédier à cette situation.

Adoption d’indicateur d’utilisation des serveurs
Le secteur informatique devrait définir et adopter un indicateur simple mesurant l’utilisateur moyenne des serveurs pour aider à résoudre ce problème majeur de sous-utilisation des ordinateurs, problèmes chroniques des salles informatiques. Un tel indicateur permettrait donc de mesure et donc corriger des situations qui ne sont pas satisfaisantes ;

Définir les mêmes incitations pour tous les acteurs
Les opérateurs de data centers, les fournisseurs de services, les entreprises devraient revoir leur organisation interne et les contrats qu’ils ont signé avec les fournisseurs tiers et définir des incitations financières qui soient partager par tous.

Publier les performances de consommation et d’émission de gaz à effet de serre
La transparence sous la forme de la publication est un moyen efficace selon le NDRC pour montrer les performances des différents acteurs et engager les changements nécessaires de réduction de la consommation.

Si la moitié des mesures suggérés par le rapport étaient mises en œuvre permettrait de faire 40 % d’économie représentant une réduction de 39 GWatts annuellement, soit l’équivalent de la consommation de l’Etat du Michigan (environ 10 millions d’habitants), correspondant à une dépense de près de 4 milliards de dollars.

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