Une nouvelle ère pour les réseaux, synonyme de virtualisation des réseaux, démarre avec des boitiers qui seront aux ordres des serveurs.

 Cela faisait trois, quatre ans que l’on en parlait : aujourd’hui c’est une réalité, plus d’une demi douzaine de fabricants de commutateurs adoptent les technologies SDN (Software Driven Network) pour piloter leurs boîtiers et virtualiser les réseaux. Ce lundi 26 Aout, à San Francisco, VMware est le premier éditeur à proposer une solution logicielle complète de virtualisation des réseaux intégrée aux serveurs. Sa technologie VNX est issue du rachat de la firme NCira qui depuis plusieurs années défrayait la chronique avec ses nouveaux switchs. VMware en rachetant NCira pour 1,2 milliard de dollars a voulu étendre l’impact de son propre système de virtualisation ESX pour les serveurs. Pour réussir ce pari, elle a rendu la technologie de Ncira portable sur d’autres boitiers comme ceux de Cisco.

En ouvrant son logiciel, la firme de Paul Maritz va certainement démocratiser le virtualisation des réseaux. La manière dont vont réagir les concurrents comme Microsoft et Citrix est très attendue. Google dispose aussi au travers de ses réseaux de solutions propriétaires de fonctions identiques pour des milliers de serveurs mais pour l’instant, la firme n’a pas prévu, à notre connaissance, de commercialiser ses propres outils.

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Moins de souci pour répartir les charges

Concrètement l’arrivée des applications optimisées pour les réseaux sur les data center prendra encore du temps mais déjà l’administration des VM (Virtual Machine) où tournent les applications sera simplifiée. Et le simple fait de savoir qu’on aura plus à se soucier de l’endroit où tournent les applicatifs simplifiera la vie quotidienne des data centers est très réjouissant. Jusque là, il fallait surveiller l’exploitation des VM comme le lait sur le feu. Les contraintes matérielles sont moindres dans la mesure où les VM peuvent passer d’un serveur à un autre, à condition d’une compatibilité parfaite.

La gestion des serveurs lames et des serveurs classiques ne sera plus vraiment différente, passé le cap du premier paramétrage, sans compter l’optimisation du stockage, souvent  déjà virtualisée mais qui pourra là encore bénéficier de cette nouvelle souplesse. Dominique Vanhamme   ,en charge des réseaux chez Dell, résume la situation simplement. « Jusque là, avec la virtualisation des serveurs, on profitait d’une  simplification de l’administration dans un axe que l’on surnomme «  Nord-Sud » entre les postes clients et les applications du serveurs. Maintenant on va pouvoir distribuer les applications sur un axe «  Est-Ouest » entre serveurs parfois situés dans des data centers différents ; Cela permet sans délai de tirer profit de plusieurs racks de serveurs, d’éviter les engorgements, sans trop de manipulations ». Cette évolution qui remet en cause pas mal d‘autres outils comme les répartiteurs de charges (load balancer) et autre pare feux  doit néanmoins s’intégrer à l’existant souvent vieillissant. Dans un premier temps, on devrait les voir surtout dans un service limité aux seuls data centers, les lignes même de 40 Gbits devant créer des ralentissements, dans le cas de déport d’applications à distance. Les débits des réseaux optiques ne sont pas encore ceux des bus d’ordinateurs.

Réseaux et serveurs désormais soudés

Le leitmotiv de Sun dans les années 90, the network is the computer (le réseaux, c’est l’ordinateur) n’est plus une chimère. C’est toute la partie infrastructure qui s’autogèrera, la parie immergée de l’iceberg «  data center » réagira plus vite. Cela favorisera la croissance des data centers utilisés comme ordinateurs de secours et optimisera l’exploitation de tous les serveurs d’un même groupe. On pourrait imaginer que les fabricants de serveurs seront aussi victimes d’une centralisation croissante. Mais pour ceux qui comme HP, Dell, Cisco maitrisent parfaitement les réseaux, les ventes de clusters controler, renforceront à court terme leurs arguments face à une concurrence chinoise grandissante.

L’exemple de Dell

A titre indicatif le Switch de Dell qui comporte 32 ports de 40 Gbits dans une première formule ou  96 ports de 10 Gbits associés à 8 ports 40 Gbits dans une seconde, coûte près de 75 000 dollars, un tarif qui le réserve aux gros utilisateurs. Mais les PME profiteront de VM moins chères grâce à tous ces appareils. Devenu très pertinent en terme de gestion de machines virtuelles sous VMWare, Dell va profiter de  VMworld ce lundi 26 août pour lancer son premier commutateur dont l’argument est aussi une faible consommation et donc une concentration de ports 10 et 40 Gbits très élevée. La compatibilité avec le contrôleur logiciel VMware NSX, et une flopée d’outils d’administration et d’automatisation des plates forme Dell .

Le point de vue du créateur de NSX

Lors du dernier salon Interop en mai, Martin Cassado  le directeur technique de VMWare  (ex-pdg de Ncira à la base de la solution VNX répondait à nos confrères de Network World sur la compatibilité avec le réseaux existants comme ceux de Cisco : « C’est comparable à l’impact de l’hyperviseur ESX de Vmware, c’est du logiciel qui ne demande pas une conversion complète de l’infrastructure. Ce qui change profondément c’est le provisoning des ressources réseaux qui est automatique. A part le logiciel et  le cluster Controller, il ne s’agit que d’une mise à jour de l’existant. Pour les parefeux et les load balancer, il y aura plus de modifications mais c’est un travail de partenariat qui a commencé depuis début 2013 ». Pour le moment Cisco, F5, Juniper, HP, Dell, Big Switch, Arista ont signé un accord pour porter VNX sur leurs nouveaux commutateurs. Les présentations de lundi permettront de mieux comprendre l’impact de VNX sur les offres des partenaires de VMware.