Pour sa première conférence en présentiel au Javits Center de New York depuis 2019, MongoDB a présenté plusieurs annonces autour de sa plateforme Atlas (avec notamment un nouveau mode Serverless) et se présente de plus en plus comme une réelle alternative aux bases de données relationnelles.

Lors de la conférence plénière de MongoDB World 2022, Dev Ittycheria, CEO de MongoDB, est revenu sur cette période pandémique débutée en mars 2020 qui nous a « dérangés, terrifiées. Mais cet épisode a clairement poussé les entreprises à engager la transformation numérique plus rapidement ». MongoDB présente sa solution comme une plateforme de développement globale couvrant tout le cycle de vie de la donnée et se donne pour objectif d’accélérer le développement des applications. « C’est ce que nous proposons aux développeurs, qui passent la plus grande partie de leur temps, à la gestion des données » poursuit le CEO de l’éditeur.

MongoDB est une base de données NoSQL orientée document. Elle peut être utilisée pour le stockage massif de données. Contrairement aux bases de données relationnelles dont le développement dans les années 1980 a été conçu sur les données structurées, MongoDB ne repose pas sur des tableaux et des colonnes mais stocke les données sous forme de collections et de documents.

C’est autour d’Atlas, le service multicloud basé sur MongoDB et désormais disponible chez les trois principaux opérateurs de services cloud – AWS, Azure et Google – dans une centaine de régions dans le monde, que MongoDB a fait ses principales annonces.

MongoDB pousse fortement l’intégration avec les opérateurs de services cloud qu’elle considère clairement comme des partenaires et non des concurrents, même si ceux-ci peuvent proposer des solutions alternatives. En 2016, lorsque l’éditeur a annoncé la première occurrence de ce service, Atlas était disponible sur AWS et quatre régions seulement. C’est là un arbitrage que tous les éditeurs de logiciels sont amenés à faire mais qui devient un passage obligé afin de proposer une véritable solution multicloud permettant aux entreprises de stocker leurs données dans les régions de leur choix en fonction de contraintes réglementaires, techniques et de coûts. Parallèlement, MongoDB propose aussi une solution OEM en mode as a Service sur de nombreux opérateurs de cloud régionaux (DigitalOcean, Rackspace, IBM Cloud, Alibaba, Tencent, OVHCloud, Yandex + Naver Cloud).

« Nous sommes convaincus que notre base de données et les bases NoSQL en général peuvent remplacer tous les SGBD relationnels et apporter ainsi les bénéfices en termes de performances, de scalabilité et de productivité de développement », considère Ian Massingham, responsable de la relation avec les développeurs. « Le meilleur exemple est la migration entreprise par Amazon d’Oracle vers sa base NoSQL maison. Ce qui fait d’ailleurs d’AWS un partenaire et un concurrent mais là où Amazon propose des bases NoSQL spécialisées (Time Series, Key Value, Graph), nous proposons une base NoSQL généraliste avec des connecteurs et des drivers (12 proposés par MongoDb auxquels il faut ajouter ceux développés par des tiers) ». Ces drivers permettent aux développeurs de garder leur langage de programmation et ainsi de rester dans l’environnement avec lequel ils sont familiers.

Parmi les nombreuses annonces à l’occasion de cette conférence, Sahir Azam, Chief Product Officer, a mis en avant la disponibilité générale du mode serverless pour le service Atlas. « Jusqu’ici, les développeurs qui souhaitaient accéder à la fonction serverless étaient obligés de faire le compromis entre les coûts et les performances, explique-t-il. Avec Atlas Serverless, MongoDB surmonte cette difficulté. Serverless permet ainsi de mettre en place une plate-forme en mode multicloud et de tirer le meilleur parti des bénéfices de chaque fournisseur de services cloud ».

Atlas Serverless permet aux utilisateurs de prendre en charge un large éventail d’exigences applicatives avec peu ou pas de configuration initiale et une gestion continue des capacités. Les utilisateurs bénéficient de la possibilité de déployer dans les trois principaux fournisseurs de cloud, et ainsi d’optimiser automatiquement les coûts des charges sans engagements initiaux.

MongoDB a signé un partenariat avec le spécialiste des applications front-end, Vercel, pour proposer un service permettant de développer, prévisualiser et déployer des sites Web et des applications en utilisant Atlas comme base de données. Grâce à cette intégration, les développeurs peuvent construire de nouvelles applications sans nécessité de configuration d’Atlas.

Une des caractéristiques de MongoDB est l’élasticité. Certaines entreprises utilisent des clusters de plus de 100 nœuds pour des bases de données contenant des millions de documents. D’où la nécessité de fournir des fonctions de synchronisation performantes. MongoDB fournit une synchronisation continue des données de cluster à cluster, quels que soient les environnements, que ce soit dans Atlas sur les clouds publics, sur MongoDB dans les clouds privés, sur site ou à la périphérie (Edge). La synchronisation de cluster à cluster permet aux utilisateurs de migrer facilement des données vers le cloud, de créer des environnements de test, de créer des environnements d’analyse dédiés et de prendre en charge les exigences en matière de stockage des données.

Autre annonce, Atlas Device Sync permet de connecter Atlas à Realm, la base de données mobile populaire disponible à la périphérie (Edge) et sur mobiles issue de la société éponyme rachetée récemment. La nouvelle option Flexible Sync de MongoDB accorde un contrôle granulaire sur les données synchronisées avec les applications utilisateur avec des requêtes intuitives natives de la langue et des autorisations hiérarchiques.
L’API de données est une API sécurisée permettant d’accéder aux données Atlas via HTTPS sans pénalisation au niveau des performances. Cela permet aux développeurs d’étendre facilement les données Atlas à d’autres applications et services dans le cloud ou dans leurs architectures serverless.

Parallèlement à ces annonces orientées architecture, MongoDB a également présenté de nouvelles fonctionnalités liées à la base de données et au cycle de vie de la donnée ainsi qu’une fonction unique de recherche des données chiffrées. Chaque organisation doit être en mesure de sécuriser les informations les plus sensibles dans n’importe quel environnement sans compromettre la capacité de créer des expériences applicatives riches qui utilisent ces données. Bien que les solutions de chiffrement existantes (en mouvement et au repos) couvrent de nombreux cas d’utilisation, aucune d’entre elles ne protège les données sensibles pendant leur utilisation.

Queryable Encryption introduit le premier schéma de recherche crypté du secteur utilisant une méthode innovante de cryptographie. Cette technologie donne aux développeurs la possibilité d’interroger des données sensibles chiffrées sans affecter les performances, sans aucune expérience de crypto requise. Les données restent chiffrées à tout moment sur la base de données, y compris en mémoire et dans le processeur ; les clés ne quittent jamais l’application et ne sont pas accessibles par le serveur de données. Ce chiffrement de bout en bout utilise de nouvelles structures de données d’index chiffrées de telle sorte que, pour la première fois, les développeurs peuvent exécuter des requêtes expressives sur des charges de travail confidentielles entièrement chiffrées.
Queryable Encryption est basé sur des primitives cryptographiques NIST standard visant à assurer l’intégrité des données contre tout type d’attaques. Cette technologie a été développée par la startup Aroki Systems issue du laboratoire Encrypted Système Lab de l’université de Brown. Elle est disponible en mode preview avec MongoDB 6.0 mais devrait être disponible commercialement avant la fin de l’année.

Dev Ittycheria a rappelé quelques faits illustrant l’évolution rapide de l’éditeur depuis que l’entreprise 10gen a adopté le nom de sa solution en 2014. Le nombre d’entreprises clients est passé de 1 100 à 35 000 ; l’éditeur affiche 255 millions de téléchargements avec une accélération significative avec plus de téléchargements l’année dernière que sur les dix années précédentes. Le chiffre d’affaires et la R&D ont été en forte augmentation. L’entreprise est toujours dans une phase ou elle met la priorité sur la croissance puisqu’elle a réalisé des pertes sur les six derniers exercices : 306 M$ pour l’exercice 2022 (clos le 31 janvier) pour un chiffre d’affaires de 873M$. Comme de nombreux entreprises IT, MongoDB a accusé une chute de son action passant de 556$ en novembre 2021 à 293$ aujourd’hui. Mais les investisseurs ont toujours confiance car elle le cours s’est fixé à 30 dollars en octobre 2017 lors de l’introduction en bourse.

MongoDB entend répondre aux besoins croissants des entreprises en matière de développement. « Changer ou être changée » selon l’expression de Catherine Li de la banque Wells Fargo qui a développé une app mobile avec MongoDB. D’ici 2025, plus de 750 millions d’applications seront développées selon IDC et les Etats-Unis auraient un déficit de plus de 400 000 développeurs. En 2011, Marc Andreessen avait écrit « software is eating the world ». Avec MongoDB pourrait ajouter l’éditeur.