La démocratisation des nouvelles technologies et en particulier d’Internet a changé en profondeur la relation patient – soignant. Dans un contexte où les maladies chroniques, notamment le diabète impactent nos systèmes de santé, l’éducation thérapeutique du patient prend sens plus que jamais. Le patient est-il acteur ou consommateur de sa santé ? Comment a évolué la relation entre le médecin et son patient ?

Patient ou consommateur ?

La relation médecin-patient se caractérise par trois grandes phases qui suivent les évolutions de la société. Dans la première, celle du « patient », le savoir est détenu par le médecin seul qui a prêté le serment d’Hippocrate. La seconde phase correspond au « post patient », le malade s’interroge sur sa condition et les prescriptions médicales auxquelles il peut préférer des médecines alternatives. Aujourd’hui, le patient devient « néo-consommateur », il s’inscrit dans une démarche proactive et s’approprie les connaissances médicales.

Tous internaute santé ?

Ce changement de paradigme transforme la pratique médicale avec l’avènement du e-patient : 4 internautes sur 5 consultent des sites de e-Santé[1] ; 84% d’entre eux font confiance à des sites officiels ou professionnels, ils sont également 82% à consulter les sites recueillant l’avis de médecins experts (82 %). Ces nouveaux rapports de force s’installent parfois au détriment des pratiques médicales. Ils peuvent engendrer une surconsommation médicale qui peut être dangereuse pour le maintien de l’équité d’accès aux soins car nécessitant des ressources humaines et financières plus importantes. Pourtant, l’émergence de ce e-patient représente une formidable opportunité. Le temps du patient qui acceptait unilatéralement les recommandations médicales, s’inscrit désormais dans une démarche de co-construction de son parcours de soins et de traitement. L’ère du patient « empowerment » ou de l’engagement patient, ne consiste pas à remplacer les médecins mais à apporter une réelle contribution.

La redéfinition de l’éducation thérapeutique du patient

Dans ce contexte, mieux informé, le patient peut enfin devenir un véritable acteur de sa santé notamment avec les programmes d’éducation thérapeutique (ETP). Nick Hækkerup ministre danois de la santé, déclarait récemment au sujet du diabète qui touche de plus en plus de personnes en Europe, qu’il fallait donner aux malades des connaissances sur leur pathologie, les moyens de la traiter et de la réguler. Cette montée en puissance leur permettra de prendre les bonnes décisions. Et ce d’autant plus qu’aujourd’hui une personne sur trois souffrant de diabète n’est pas diagnostiquée. Une éducation thérapeutique et de la prévention en amont, permettraient de mieux traiter les malades. Le rôle actif du patient fait particulièrement sens pour les maladies chroniques. Un patient diabétique doit en effet appréhender activement sa pathologie et développer une réelle expertise pour adopter son comportement et sont traitement.

Les nouvelles technologies ont changé le rapport au médical, la santé 2.0 a contribué à diffuser les connaissances. Toutefois, certaines limites comme la disparité de lecture de l’information commencent à apparaître. Nous devons nous interroger sur l’évolution de la relation patient-médecin et ne pas basculer dans un rapport plus mercantile .

« Le patient Empowerment »  ou « autonomisation du patient » sera l’un des thèmes du WoHIT 2014 (World of Health IT) à Nice du 2 au 4 avril.

 

(1) Sixième baromètre trimestriel de l’économie numérique de chaire Économie numérique de l’Université Paris–‐

Dauphine mars 2013

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Marion Boutemy-Deniau est Directrice France de HIMSS (Healthcare Information and Management Systems Society) Europe