Lors de la CloudWeek Paris 2025, Philippe Desmaison, Head of Sustainability chez AWS, détaille la stratégie du géant américain pour concilier performance et durabilité. Au-delà des infrastructures optimisées, c’est l’accompagnement des clients dans leurs usages qui fait la différence.
La durabilité dans le cloud ne se résume pas aux seuls indicateurs techniques. C’est le message qu’a souhaité faire passer Philippe Desmaison, Head of Sustainability chez AWS, lors de son intervention à la CloudWeek Paris 2025. Pour le leader mondial des services cloud, la démarche environnementale s’articule autour de deux axes complémentaires : l’optimisation de l’infrastructure et l’accompagnement des clients dans leurs usages.
Une approche infrastructure « by design »
AWS a fait le choix de concevoir 100% de ses équipements – serveurs, réseaux, stockages – avec une durée de vie moyenne de six ans, bien supérieure aux standards du marché. Cette approche s’accompagne du développement de puces propriétaires ARM baptisées Graviton, qui permettent de réduire de 40% à 50% la consommation énergétique par rapport aux machines équivalentes.
« Nous sommes extrêmement liés aux besoins de nos clients, sur tous les axes. L’axe sustainability va exactement dans la même logique« , explique Philippe Desmaison. Cette philosophie se traduit concrètement par un PUE (Power Usage Effectiveness) de 1,15 au niveau mondial, soit seulement 15% d’énergie supplémentaire nécessaire pour maintenir les serveurs en conditions opérationnelles.
Du FinOps au GreenOps : une évolution naturelle
Pour AWS, l’optimisation financière et environnementale suivent des logiques parallèles, sans pour autant être totalement superposables. « FinOps et GreenOps, ils sont cousins, mais ils ne sont pas frères jumeaux« , précise le responsable, citant l’exemple des arbitrages géographiques où le coût et l’empreinte carbone du mix énergétique peuvent diverger.
L’entreprise a intégré la durabilité dans son célèbre Well-Architected Framework, guide de bonnes pratiques qui comprend désormais six piliers : sécurité, robustesse, performance, coût, maintenabilité et durabilité, ce dernier ayant été ajouté il y a quatre ans.
L’analogie des transports pour expliquer la modernisation
Philippe Desmaison utilise une analogie parlante pour expliquer l’évolution des usages cloud : « La machine virtuelle, ça serait la voiture. Le container, ça pourrait être le bus, le car. Et les fonctions serverless, c’est le train. » Cette granularité croissante permet une consommation d’énergie ajustée à l’usage réel, le serverless ne consommant aucune ressource lorsqu’aucune fonction n’est exécutée.
L’accompagnement, clé de voûte de la stratégie
Au-delà des aspects technologiques, AWS mise massivement sur l’accompagnement de ses clients et de son écosystème de partenaires. La mission de Philippe Desmaison consiste notamment à former les équipes commerciales et les architectes pour qu’ils intègrent systématiquement les enjeux de durabilité dans leurs recommandations.
Cette approche globale répond aux attentes croissantes des DSI français qui doivent naviguer entre contraintes budgétaires, exigences de performance et objectifs environnementaux. Pour AWS, cette triple optimisation n’est pas un frein mais un accélérateur d’innovation, s’appuyant sur plus de douze ans d’expérience dans l’optimisation des coûts cloud.
L’enjeu pour les directions informatiques reste désormais de s’approprier ces nouvelles pratiques et de faire évoluer leurs architectures vers plus de frugalité, sans sacrifier la performance opérationnelle.