Après l’affaire d’espionnage Snowden, l’intérêt d’une industrie de cyberdéfense nationale est réapparue à Lille.
La ministre de l’économie numérique, Fleur Pellerin, était venue au FIC l’an passé en mettant en exergue les vertus d’une industrie de la cyberdéfense dans laquelle on retrouverait les petites structures françaises, souvent trop petites pour se vendre à l’international. Elle reprenait, en particulier, à l’époque, une idée soulevée par l’ancienne responsable de l’économie numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet, en 2010. « A ce jour, il n’existe pas en France de projet national d’identité numérique, » estimait la ministre. Un retard qui forçait les utilisateurs à laisser la gestion de leur identité en ligne entre les mains d’opérateurs privés, un débat qui reste toujours ouvert. Néanmoins, en mars dernier une structure appelée Idenum, dirigée par Charles du Boullay, PDG d’Arkinéo ( structure liée à la Caisse des Dépôts), lançait la nouvelle société sur la base du projet imaginé trois ans auparavant. Annoncée le 11 mars 2013, elle disposait d’un capital de 1,5 millions d’euros détenu par Solocal Group (5% du capital), le groupe la Poste, SRF et Euro Information
Deux banques ; le Crédit Mutuel et le CIC injectaient chacune 21% du capital, ainsi que la Caisse des Dépôts, au titre du Fonds national pour la société numérique (32% du capital). La firme disposait ainsi de plus de 500 000 euros pour démarrer et mener à bien les premiers pilotes.
Huit mois après, le label d’identité numérique qui devait être adopté tant par les fournisseurs de services numérique que par les utilisateurs tarde à se faire connaître et le FIC dont la thématique était justement l’identité numérique n’a pas bouleversé les habitudes.
Sans Fleur
Cette année pas de Fleur Pellerin, peut être inquiète de retrouver les mêmes « clients » sans réponses, après l’affaire Snowden qui a mis en lumière l’emprise de la NSA, sur tous les fabricants et opérateurs américains.
Mais un village gaulois résiste encore, c’est celui du club Hexatrust, une association qui partageait un grand stand, une première étape depuis son lancement en octobre dernier. Son membre le plus communicant, Jean-Noël de Galzain, fondateur du club Hexatrust mais également président de Wallix, n’hésitait pas à souligner le manque de suivi des projets d’industrie de Défénse ; « Pour l’instant, un an après l’intervention de la ministre, on n’a rien vu de nouveau mais de notre coté, on a déjà rassemblé 11 sociétés françaises au sein de notre club. On va transformer le projet en véritable groupement associatif avec des bureaux, un budget et un coordinateur ». Dans Hexatrust, on retrouve les éditeurs français suivant : Arismore, Bertin Technologies, Brainwave, Deny All, Ilex, InWebo, Keynectis-Opentrust, Netheos, Olfeo, Sistech, Vade Retro Technology et Wallix.
L’état a pourtant un bon projet qui fonctionne aussi, l’Alliance pour la confiance numérique, une organisation qui rassemble plusieurs centaines de projets et qui est sensée promouvoir les PME/« On a toujours la possibilité d’y participer, mais nous voulions que les autorités nous disent que 25% des financements et des commandes en France iraient aux PME« . Ils n’ont pas voulu s’engager, donc nous ne les avons pas suivis. » Mais la France dispose depuis 2005 de pôles de compétitivité où toutes les entreprises, laboratoires, bureau d’études peuvent voir leur projets être étudiés et financés. Mais apparemment la mainmise des grandes structures de défense comme Thales, Safran ou des intégrateurs spécialisés comme Sogeti fait peur à pas mal de petites structures. Du coté de l’état, le ministre de l la Défense, Jean Yves le Drihan a annoncé lors du FIC le plan « défense cyber » qui passera par un quadruplement des effectifs dédiés à la cyberdéfense et un budget de plus d’un milliard d’euros. Le Centre d’analyse en lutte informatique défensive, le Calid, devrait atteindre les 120 personnes (d’ici à 2019). La DGA, pour son secteur cyberdéfense, devrait recruter prés de 450 personnes.
Enfin, dans le domaine de la formation, un pôle spécialisé sera crée prés de Rennes, il complètera les écoles militaires de Saint Cyr Quoetquidan, l’école de transmission des armées et un centre de la DGA.
Changement de postes en perspective
Parmi les sujets de coulisse, les discussions allaient bon train sur la nomination d’un remplaçant pour le Directeur de la DGSE, Bernard Barbier, celui ci ayant rejoint Sogeti, filiale de Cap Gemini ( notre photo).
Il se murmurait au FIC que se pourrait être Patrick Pailloux, l’actuel responsable de l’Anssi.( l’agence nationale de la sécurité des systèmes d’information). Mais bien que celui-ci ait déjà été chef de département dans le domaine des systèmes d’information et de télécommunications au ministère de la défense de 1995 à 2003. Et qu’en juin 2003, il ait été conseiller auprès du secrétaire général de la défense nationale, cet ingénieur mines télécoms aura du mal a passer devant une brochette de polytechniciens déjà installés « à la piscine » le surnom de ce service proche du métro porte des Lilas à Paris, boulevard Mortier ( photo dessous) , peut être plus légitimes pour diriger des militaires.
Ces militaires qui vont renforcer le secteur privé.
Bernard Barbier, ex directeur de la DSGSE, lors de la conférence sur la « cyberdéfense, un constat d’échec ? » précisait que Snowden « avait d’abord trahit son pays » une manière indirecte de rappeler qu’au delà de l’espionnage industriel, la France faisait partie intégrante de l’Otan et qu’elle fournissait aux Etats Unis, depuis des lustres , des renseignements ultra précis sur les bandes terroristes et les trafiquants en tous genres. Des firmes comme Vulpen pour l’analyse informatique ou Thales fournissent de nombreux produits d’avant garde à tous les membres de l’OTAN. On rappellera que récemment Stéphane Abrial commandant suprême de l’un des deux commandements l’OTAN, l’ACT ( le commandement allié) avait rejoint Safran en tant que directeur général adjoint et conseiller du président.Bref, la cyberdéfense est depuis longtemps une réalité, mais elle est en pleine réorganisation.
( ci dessous le siège de la DGSE), « la piscine » à Paris