Alphabet, la maison mère de Google, a remis les gaz au deuxième trimestre 2025. Le groupe dirigé par Sundar Pichai a dévoilé un chiffre d’affaires trimestriel de 96,4 milliards de dollars, en hausse de 14 % sur un an, pour un résultat net de 28,2 milliards (+19 %) et une marge opérationnelle toujours solide à 32,4 %. « Nous venons de signer un trimestre exceptionnel », s’est enthousiasmé le patron de la firme de Mountain View, soulignant que l’intelligence artificielle « impacte positivement chaque recoin de l’entreprise et alimente un élan formidable ». Pour rappel, les analystes de Wall Street tablaient sur un CA trimestriel de 94 milliards de dollars, Google dépasse donc significativement les attentes de ses actionnaires.
Quand la Pub va, tout va…
Le moteur de cette croissance reste sans surprise la division Google Services : 82,5 milliards de revenus (+12 %), comprenez en réalité plus de 82 milliards de recettes publicitaires. Google reste une machine à pubs dont l’essentiel des revenus provient de la publicité.
Les revenus du moteur de recherche atteignent les 54,2 milliards de dollars sur ce trimestre, soit une croissance de 11%. Parallèlement, les revenus trimestriels des YouTube Ads frôlent la barre des 10 milliards (9,8 milliards de dollars).
De quoi permettre à Sundar Pichai d’afficher un sourire satisfait : « Search affiche une croissance à deux chiffres et nos nouvelles expériences, des AI Overviews à AI Mode, génèrent déjà plus de deux milliards d’utilisateurs mensuels ». Comme souvent, les GAFAM sont en décalage avec le monde « des autres ». Pendant que Google se délecte des revenus de son IA dans Search, celle-ci dépouille peu à peu les sites Web qui l’alimentent de leur audience.
Côté YouTube une tendance se dessine. Selon le patron du groupe, les « Shorts » monétisent « autant par heure de visionnage que le format instream traditionnel », un signe de maturité pour le format court de la plateforme.
Cloud et IA sont inséparables
Mais bien évidemment, la division qui attire le plus les regards IT est celle du Cloud. Et là aussi tout va très bien. Google Cloud confirme sa mue en machine à cash : les recettes sont en hausse de 32 % pour atteindre un CA trimestriel de 13,6 milliards et un profit opérationnel trimestriel porté à 2,8 milliards. « Son taux de revenus annualisés dépasse désormais 50 milliards », se félicite Pichai, qui met en avant le doublement des contrats de plus de 250 millions de dollars et « la même quantité de deals d’un milliard déjà signée sur six mois que sur toute l’année 2024 ».
À titre de comparaison, Microsoft – qui vient pour la première fois de publier les chiffres spécifiques d’Azure plutôt que de les noyer dans l’ensemble des revenus Cloud – annonce une croissance de 39% sur ce trimestre et un CA annuel de 75 milliards de dollars rien que pour son cloud Azure.
Pour revenir à Google, signalons également que la division regroupant l’ensemble des abonnements, plateformes (Android) et terminaux (Chromebooks, smartphones) a dépassé les 11,2 milliards de dollars sur ce second trimestre 2025.
La montée en régime technologique a toutefois un prix. Les dépenses d’investissement, tirées par les centres de données et les puces maison TPU, devraient grimper à 85 milliards cette année, prévient le groupe, qui a dépensé 22,4 milliards sur le seul deuxième trimestre. Sundar Pichai assume ses choix : « Nos investissements de long terme dans une approche full-stack de l’IA sont décisifs pour répondre à la demande ».
Une demande que l’on commence enfin à pouvoir chiffrer. Google annonce que Gemini compte désormais 450 millions d’utilisateurs mensuels. Et sa technologie de résumés IA dans Google Search, dénommée Google AI Overviews, séduit mensuellement plus de 2 milliards d’utilisateurs.
Des paris qui peinent encore à s’imposer
Pendant que les divisions phares carburent, les « Autres Paris » (Division Other Bets) du groupe Alphabet, tels Waymo et Verily, restent comme toujours dans le rouge : 373 millions de dollars de revenus pour une perte de 1,25 milliard. Waymo, néanmoins, « a désormais franchi les 160 millions de kilomètres parcourus en totale autonomie et étend son service à Atlanta », rappelle le CEO.
Reste que l’un des messages les plus marquants de ce trimestre est interne au groupe. Lors d’un « all-hands » relayé par CNBC, Sundar Pichai a exhorté les 187 000 Googlers à devenir « plus compétents sur l’IA ». « Dans ce moment IA, nous devons accomplir davantage en tirant parti de la transition pour accroître notre productivité », a-t-il martelé, ajoutant que l’entreprise « entre dans une phase d’investissements beaucoup plus élevés et doit donc rester frugale avec ses ressources ». Brian Saluzzo, responsable des fondations techniques, a détaillé de nouveaux outils internes, comme des formations « Building with Gemini », une plateforme « AI Savvy Google », l’IDE Cider dopé à l’IA pour accélérer la cadence de développement. Objectif : faire de chaque employé un moteur d’efficacité à l’heure où la concurrence sur l’IA s’intensifie.
Au final, Alphabet signe un printemps éclatant, porté par une demande tous azimuts pour l’IA et un portefeuille de services en pleine accélération. « Nous avançons à un rythme incroyable », conclut ainsi Sundar Pichai. Avant d’ajouter : « Et ce n’est qu’un début. »