Avec la génération Pixel 10, Google affirme une vision où matériel, logiciel et IA fusionnent pour réinventer photo, autonomie, santé connectée et usages mobiles. Découvrez les principales annonces de la conférence « Made By Google 2025 » et la nouvelle génération de smartphones animés par l’IA Gemini et Android 16.
En dévoilant sa génération « 10 » des smartphones Pixel, Google peaufine une trajectoire engagée avec la génération précédente : faire du smartphone, et plus largement de l’écosystème mobile, le premier terrain d’expression d’une IA embarquée, proactive, discrète et omniprésente. L’enjeu n’est plus seulement d’ajouter des « trucs malins » à Android, mais de tisser une assistance par l’IA dans chaque geste du quotidien : suggestions contextuelles en plein message, traduction et prise de notes en direct pendant un appel, coaching photo dans le viseur, journal personnel génératif, ou encore un compagnon santé plus pertinent au poignet.
Dans cette stratégie, la gamme Pixel reste la vitrine et le banc d’essai de Google. Elle joue à la fois le rôle d’aiguillon à l’écosystème Android (charge Qi2 aimantée, accessoires propriétaires, intégration maison des apps) et d’« inspiration » pour ses partenaires OEM.
Cette édition « Made by Google 2025 » assume une approche itérative côté design, tout en poussant franchement les curseurs sur la photo computationnelle, l’autonomie, la réparabilité (jusqu’à la montre), la robustesse (un pliant enfin IP68) et l’alignement matériel-logiciel autour d’une IA qui doit travailler autant quand on ne lui parle pas que lorsqu’on la sollicite.
De l’IA à tous les étages
Car cette génération Pixel 10 est concrètement animée par deux moteurs essentiels qui doivent faire la différence dans les usages du quotidien : la nouvelle puce Tensor 5 et l’omnipotent Gemini.
Côté silicium, Google revendique avec ce Tensor G5 – élaboré conjointement avec sa filiale DeepMind – son plus gros saut de génération : gravure 3nm par TSMC, CPU +34 % en moyenne, et surtout un TPU dopé jusqu’à +60 % qui permet une exécution plus rapide et efficace de Gemini Nano (x2,6 en vitesse, x2 en efficience sur certains usages).
À la clé, des fonctions IA omniprésentes et majoritairement « on-device » autrement dit réalisées en local sans connexion cloud :
* Magic Cue observe le contexte de ce que vous faites — un appel au service client, un SMS qui tombe, une recherche de photo ou un numéro de vol — et agrège à la volée les informations disséminées dans vos apps pour proposer l’action la plus pertinente, au bon endroit : suggérer l’heure d’atterrissage dans la réponse à un ami, afficher la référence de réservation quand vous composez le numéro de la compagnie, ouvrir la bonne série de clichés quand on vous demande « les photos d’hier ».
* Daily Hub rassemble tous les signaux captés et analysés par Magic Cue en un digest personnalisé.
* Pixel Journal réalise en tâche de fond une sorte de journal intime, sans friction, conçu pour aider les utilisateurs à consigner leurs pensées, souvenirs et objectifs tout en préservant leur confidentialité. L’app s’ouvre sur la saisie, accepte photos, lieux et activités (via Health Connect), et propose des suggestions générées en local via Gemini Nano : thèmes passés, souvenirs liés à des clichés ou à des déplacements, objectifs comme « réflexion du jour ».
* Voice Translate traduit en temps un appel en reproduisant le timbre de l’interlocuteur pour un rendu fluide et naturel enrichi d’une transcription continue pour mieux suivre la conversation. Au lancement, la fonctionnalité reconnaît et parle l’anglais, l’espagnol, le français, l’allemand, le japonais, l’hindi, l’italien, le portugais, le suédois, le russe et l’indonésien.
* Recorder, l’enregistreur vocal d’Android, permet désormais de transformer un fredonnement ou une ligne vocale en maquette musicale : l’IA détecte le tempo et génère un accompagnement dans un style choisi. Les transcriptions peuvent être envoyées en un geste vers NotebookLM, qui devient votre dossier documentaire vivant.
* Camera Coach est un assistant à la prise de vue. Plutôt que de « retoucher » votre image après coup, il vous apprend à mieux la prendre. Dans le viseur, des indications pas-à-pas guident le cadrage, la gestion de la lumière et la stabilité, avec des explications pédagogiques pour progresser séance après séance. L’IA peut même générer une photo exemple en temps réel pour vous aider à obtenir ensuite le meilleur résultat.
* Edit with Ask Photos est une nouvelle fonctionnalité de retouche photographique qui vous permet d’exprimer en langage naturel la modification souhaitée et voir l’IA intégrée la réaliser immédiatement. Typiquement vous pouvez demander la suppression d’un détail, l’élimination de reflets gênants, le redressement d’une image, l’ajustement de la lumière, etc.
* Auto Best Take est une amélioration de la fonction née sur les Pixel 9 qui permet de prendre plusieurs photos de groupe et de les combiner en une pour que chacun sur la photo présente sa plus belle expression. Sur Pixel 10, l’IA sélectionne automatiquement les images à combiner.
* Add Me est une fonctionnalité née sur Pixel 9 qui permet d’ajouter le photographe d’une photo groupe au cliché. Sur Pixel 10, la fonction a été améliorée pour fonctionner même avec de grands groupes de personnes.
* Pro Res Zoom est une nouvelle technologie de zoom numérique qui fait intensément appel à l’IA et aux capacités des Tensor G5. Particulièrement probante sur les photographies animalières, les paysages et les monuments, elle combine des dizaines d’images (jusqu’à 200 sur les Pro) pour réaliser un zoom sans effet de pixélisation. Sur les Pixel 10 et Pixel 10 Fold, le Pro Res Zoom permet d’obtenir de bons clichés en zoom x20. Sur Pixel 10 Pro et Pro XL, la résolution très supérieure du capteur téléobjectif permet d’obtenir un zoom x100 !
Le modèle Gemini Nano, exécuté localement, se cache derrière la plupart de ces fonctionnalités. Mais c’est tout l’univers Gemini qui est désormais totalement intégré à l’expérience utilisateur. Les Pixel 10 intègrent ainsi une nouvelle version de l’assistant vocal Gemini Live qui promet des conversations avec l’IA plus naturelles mais aussi plus émotionnelles l’IA étant désormais capable d’analyser le ton employé par l’utilisateur et en déterminer son humeur ou son degré d’inquiétude. L’assistant s’enrichit aussi d’une fonction « Visual Overlays » où l’IA voit à travers la caméra et surligne des éléments à l’écran pour informer, conseiller ou guider l’utilisateur.
Pixelsnap : l’écosystème Qi2 aimanté façon Google
Autre nouveauté plus inattendue, Google a introduit sur tous ses smartphones une nouvelle connectivité aimantée qui rappelle furieusement le « MagSafe » d’Apple. Dénommée « Pixelsnap », cette interface combine aimantation et recharge sans fil Qi2. Elle est présente sur tous les modèles de la gamme Pixel 10, du modèle de base au Fold et ouvre la voie à toute une nouvelle génération d’accessoires dédiés comme des coques protectrices spéciales, un plateau chargeur Pixelsnap à 49,99 €, une version sur support à 79,99 €, un anneau-chevalet à 34,99 €, etc.
Au passage on notera que seul le 10 Pro XL monte jusqu’à 25 W sur le chargeur sans fil officiel, les autres modèles se contentant d’une charge sans fil à 15 W.
Pixel 10 : le modèle « de base » passe au triple capteur
Le Pixel 10 adopte pour la première fois un module à trois caméras (grand-angle 48 MP, ultra-grand-angle 13 MP, téléobjectif 5x en 10,8 MP). La captation vidéo est en 4K jusqu’à 60 images par seconde avec stabilisation et mode ralenti 240 FPS. La caméra Selfie autofocus offre un angle de vision de 95° et une résolution de 10,5 MP. Il dispose d’un écran Actua OLED 120Hz de 6,3 pouces à 3 000 nits et d’une charge Qi2 magnétique à 15 W. Disponible en bleu indigo, blanc givre, vert citron et noir volcanique, il pèse 204g et embarque une batterie 4970 mAh offrant plus de 24H d’autonomie (100 H en mode ultra-éco). Doté de 12 Go de RAM, il est proposé en capacité de stockage 128 Go et 256 Go. On y retrouve du WiFi 6E et du Bluetooth v6.
Le Pixel 10 débute à 899 €.
Pixel 10 Pro & 10 Pro XL : pour les pros de la photo
Peu de changements esthétiques, par rapport à l’an dernier mais des raffinements ciblés : écrans Super Actua (OLED LTPO 120 Hz) jusqu’à 3 300 nits, 16 Go de RAM, nouvel ISP, autofocus amélioré, stabilisation optique plus efficace…
Les « 10 Pro » et « 10 Pro XL » se différencient sur cinq points : la taille de l’écran (6,3 pouces pour le 10 Pro, 6,8 pour le 10 Pro XL), la taille (le 10 Pro XL est sensiblement plus haut, plus large mais insensiblement plus fin que le 10 Pro), le poids (207g pour le 10 Pro, 232g pour le 10 Pro XL), la batterie (4870 mAh sur le 10 Pro et 5200 mAh sur le 10 Pro XL) et sur la vitesse de charge (30W en USB et 15W en Qi2 pour le 10 Pro, 45 W en USB et 25 W en Qi2 pour le 10 Pro XL).
Toutes les autres spécifications techniques sont identiques, du choix des coloris (Gris Quartz, Vert Jade, Blanc Porcelaine, Noir Volcanique) aux capacités photo :
Capteur principal grand angle de 50 MP, ultra grand angle 48 MP, téléobjectif 48 MP avec zoom optique 5x et zoom Pro Res 100x, camera selfie centrale 42 MP.
Côté vidéo, la captation se fait en 8K jusqu’à 30 ips ou en 4K jusqu’à 60 ips. On y retrouve un mode accéléré avec stabilisation par IA et un mode ralenti jusqu’à 240 FPS.
Les deux modèles disposent en standard de 16 Go de RAM. Le stockage est décliné en 128 Go (pour le 10 Pro uniquement), 256 Go, 512 Go et même 1 To.
Le 10 Pro démarre à 1099 €. Le 10 Pro XL à 1299 €.
Pixel 10 Pro Fold : premier pliant certifié IP68
Google persiste et signe sur le « pliant » pour son haut de gamme. La nouvelle charnière sans engrenage est annoncée plus durable et offre surtout une vraie étanchéité poussière/eau (IP68), une première sur un « foldable ».
Le 10 Fold combine un écran externe Actua (OLED 120 Hz) de 6,4 pouces et un écran interne pliable de 8 pouces (204 mm) lui aussi OLED 120 Hz. Plié, l’appareil mesure 155,2 mm (hauteur) x 76,3 mm (largeur) x 10,8 mm (profondeur) alors que déplié il s’étend sur 150,4 mm de largeur pour une profondeur de 5,2 mm.
L’ensemble ne pèse que 258 g sur la balance avec une batterie de 5015 mAh qui promet une autonomie de 24 heures en usage normal et jusqu’à 72 heures en mode ultra-éco.
L’appareil est doté de 16 Go de RAM et d’un stockage variant de 256 Go à 1 To selon les modèles. Il n’est décliné qu’en deux couleurs : le gris quartz et le vert jade. Son prix démarre à 1899 €.
Pixel Watch 4 : de l’IA pour la santé et un SOS satellite
La nouvelle montre Pixel Watch 4 gagne un affichage réellement bombé (« Actua 360 », AMOLED LTPO 320 ppp) offrant 10 % d’aire active en plus, des bordures 16 % plus fines et une luminosité crête de 3 000 nits. Son autonomie passe à 30 h (pour la version 41 mm) ou 40 h (pour la version 45 mm), se recharge à 50 % en 15 min avec un nouveau dock.
La principale nouveauté est cependant sa réparabilité. Écran et batterie sont remplaçables avec des outils courants, pièces officielles à l’appui via un partenariat avec iFixit, sans compromettre l’étanchéité après intervention grâce à un joint d’étanchéité dédié. Un nouveau dock latéral accélère la recharge et facilite l’alignement.
Autre amélioration, la version LTE inaugure une fonction SOS par satellite autonome. La montre peut contacter les secours et partager votre position même hors couverture cellulaire, via une liaison directe à des satellites géostationnaires. Google revendique une première mondiale pour une smartwatch grand public, avec en renfort un GPS bi-fréquence pour une localisation plus précise en extérieur.
Sous le capot, la Watch 4 inaugure le nouveau processeur Snapdragon W5 Gen 2 de Qualcomm pour doper performance et efficacité, au service des usages IA et de la connectivité.
Côté logiciel, Google bascule franchement vers l’IA : Gemini remplace Assistant pour des interactions plus contextuelles (y compris une activation par simple mouvement du poignet), tandis que Wear OS 6 arrive sur la montre. Le versant santé s’étoffe dans l’app Fitbit repensée, avec un coach animé par l’IA (en préversion), un suivi du sommeil affiné, la prise en compte de la température cutanée et une reconnaissance d’activités plus fine. L’objectif : passer d’un suivi passif à des conseils proactifs, personnalisés et compréhensibles.
La version 41 mm démarre à 399 euros pour la version BT/WiFi, et 499 € pour la version LTE+BT/WiFi.
La version 45 mm démarre à 449 € € pour la version BT/WiFi et 549 € pour la version LTE+BT/WiFi.
Pixel Buds 2a : ANC, Gemini et boîtier réparable
Quatre ans après le premier modèle « A-Series », Google lance une seconde génération. Propulsés par la puce Tensor A1 et épaulés par l’IA Google, ces écouteurs à réduction active des bruits promettent un meilleur filtrage des sons parasites, un mode Transparence plus naturel et une intégration poussée avec l’écosystème Pixel. Les appels bénéficient de micros à formation de faisceau, d’un maillage anti-vent, du Bluetooth « Super Wideband » et de la fonction Clear Calling pour mieux isoler la voix. Le design évolue vers des écouteurs plus compacts et légers, avec un stabilisateur « twist-to-adjust » pour verrouiller la tenue en mouvement et quatre tailles d’embouts pour affiner le confort. Les Buds sont certifiés IP54 (résistance à la sueur et aux éclaboussures) et le boîtier IPX4 ; deux coloris sont proposés — Iris et Hazel — pour s’accorder aux autres appareils Pixel.
Sans surprise, l’IA s’invite aussi dans l’usage quotidien : Gemini est accessible en mains libres pour dicter des messages, obtenir des résumés ou des recommandations sans sortir le téléphone. Les Buds 2a profitent du Fast Pair, du Multipoint pour jongler entre plusieurs appareils et d’outils de localisation pour retrouver un écouteur égaré. Ils seront disponibles pour 149 €.
Quant aux actuels Pixel Buds Pro 2, ils recevront en septembre prochain une mise à jour majeure « Feature Drop » en septembre : Adaptive Audio, protection contre les bruits soudains, gestes de tête (hochement/négation) pour gérer appels et réponses, et meilleures interactions avec Gemini Live.
En apparence, cette génération Pixel 10 peut donner l’impression d’une simple itération. Mais à y regarder de plus près, la firme de Mountain View orchestre une transformation profonde de ce que doit être un écosystème mobile intelligent. L’IA n’est plus un simple ajout cosmétique ou un argument marketing, mais devient le système nerveux d’appareils qui anticipent, comprennent et s’adaptent en permanence à nos besoins. Avec une volonté plus évidente : faire disparaître la technologie IA derrière l’intelligence des usages tout en faisant en sorte que cette technologie nous comprenne et s’adapte à nous plutôt que l’inverse. Et, au final, Google réussit avec Pixel 10 et ses IA, là où Apple a justement échoué (mais espère réussir plus tard) avec sa génération iPhone 16.