Chez Microsoft, l’IA ne sert plus seulement à générer du texte : elle sert surtout à justifier une nouvelle flambée des prix de sa suite collaborative Microsoft 365. Coincées dans son écosystème, les entreprises voient la promesse de valeur se transformer en taxe IA. Reste que le timing de cette augmentation est probablement très mal choisi alors que l’Europe commence à ouvrir les yeux sur sa dépendance numérique aux gérants américains et commence enfin à regarder s’il n’existe pas d’équivalence ailleurs.

Apparemment beaucoup plus dirigé par sa CFO Amy Hood et par son nouveau CEO « Commercial Business » Judson Althoff, deux personnes apparemment bien plus intéressées à satisfaire les actionnaires du groupe que les clients, qu’il n’est piloté par Satya Nadella (qui, rappelons-le, était carrément absent du dernier Microsoft Ignite 2025), l’éditeur Microsoft annonce de nouvelles hausses tarifaires… parce que faire plus de 27 milliards de bénéfice chaque trimestre ce n’est pas assez !

Les chiffres qui piquent

Dès le 1er juillet 2026, le plan Business Basic passera de 6 à 7 dollars par utilisateur, Business Standard de 12,50 à 14 dollars, et l’offre Enterprise E3 de 36 à 39 dollars.

Sur le papier l’augmentation n’est « que » de 1 à 3 euros par abonnement. Mais, en pratique, pour une PME de 500 salariés, la facture annuelle grimpera de plusieurs milliers de dollars.

Ne nous y trompons pas, Microsoft a tout simplement décidé ici de faire payer ses clients pour compenser un décalage entre ses ambitions et la réalité du marché. Une nouvelle façon de masquer les fragilités de l’éditeur aux yeux de ses actionnaires ?

L’IA comme prétexte, la hausse comme réalité

Car la justification officielle est évidemment toute trouvée : plus de 1 100 nouvelles fonctionnalités beaucoup dopées à l’IA, des intégrations renforcées de Copilot, des outils de sécurité avancés et une gestion des terminaux améliorée (via Intune). Or l’IA ça coûte cher et Microsoft investit plus de 90 milliards de dollars par an en infrastructure pour la faire fonctionner. Il faut bien que quelqu’un paye cette facture.

Car derrière ce discours, l’impression qui domine c’est que l’IA sert ici surtout de paravent à une stratégie de monétisation agressive.

Microsoft brandit l’argument de l’IA et de la sécurité mais en réalité utilise simplement la voix la plus facile et la plus injuste pour presser gros et petits clients enfermés dans son écosystème.

Microsoft avait déjà procédé à des augmentations tarifaires l’an dernier sous prétexte de l’IA. Et l’éditeur avait déjà augmenté les tarifs Microsoft 365 en mars 2022 sous prétexte qu’elle ne les avait pas augmentés depuis 10 ans.

Le double discours de Redmond

La communication officielle insiste sur la « valeur » des nouvelles fonctionnalités. Nicole Herskowitz, vice-présidente de Microsoft 365, parle d’« aider les équipes à obtenir de meilleurs résultats ».
Mais dans les coulisses, les chiffres qui circulent racontent une autre histoire : des équipes commerciales incapables d’atteindre leurs objectifs de ventes d’IA, des quotas revus à la baisse, et une pression croissante pour transformer l’investissement colossal dans l’IA en revenus tangibles.

Alors pour ne pas décevoir ses investisseurs, Microsoft transfère le risque de son pari technologique sur ses clients. Ceux-ci devront payer plus cher pour des outils dont l’adoption reste incertaine et dont la valeur réelle n’est pas encore démontrée. L’IA devient tout simplement une taxe déguisée.

Mais Microsoft fait peut-être là un très mauvais calcul. Cette augmentation de prix ne dupe personne. Et le timing est mal choisi alors que l’Europe s’intéresse enfin aux « solutions alternatives souveraines ». L’augmentation vient ainsi alimenter les discours partisans qui expliquent que l’Europe doit retrouver son autonomie numérique non seulement au non de la souveraineté mais également pour cesser d’être les esclaves des politiques tarifaires inflationnistes des géants américains. Et des solutions alternatives, il en existe : OnlyOffice, Infomaniak KSuite (et son IA Euria), Nextcloud Hub, Jamespot/CollabNext, Twake Workplace, Jalios Workplace, Wimi Workplace, Whaller 365, Interstis, etc.

Microsoft semble convaincu que son emprise est suffisante pour que la pilule passe auprès de ces clients. Certains appelleront ça « une triste lucidité »… En bon français, ça se traduirait plutôt par « foutage de gueule », non ?

 

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