L’obsession IA redéfinit les priorités des grands groupes de la Tech. Microsoft annonce la suppression de 3% de ses emplois (soit plus de 6000 licenciements) et la purge semble principalement concerner les postes des développeurs ((tout au moins aux USA) si l’on en croit les documents obtenus par Bloomberg.
[MAJ du 15 mai 2025]
Ça devient une évidence : L’intelligence artificielle redessine en profondeur la structure des effectifs dans le secteur logiciel. Lors d’une conférence JPMorgan, Bill Duff, cadre financier chez Microsoft, affirmait il y a quelques jours que le géant américain « économise déjà des centaines de millions de dollars par an » grâce à l’usage de l’IA dans le support client, limitant la dépendance aux opérateurs humains. La même technologie est déployée pour l’analyse de conformité des contrats, la rédaction de contenus marketing et d’autres tâches internes, accélérant le recentrage des équipes vers les produits à forte croissance.
Cette optimisation s’accompagne en ce début 2025 d’une vague de suppressions de postes : quelque 6 000 licenciements, dont environ 2 000 dans l’État de Washington, maison mère du groupe.
Et, selon Bloomberg qui a obtenu des documents internes et administratifs, les métiers du développement logiciel sont les plus touchés, représentant plus de 40 % des notifications, suivis des fonctions de gestion de produit et de programme technique (près de 30 %). L’éditeur explique vouloir « supprimer des niveaux hiérarchiques », mais les chiffres montrent que la part des managers concernés (17 %) reste alignée sur la moyenne globale de l’entreprise.
Ce n’est pas surprenant. Depuis plus d’un an, les outils de génération de code ont fait des progrès remarquables et bouleversent le quotidien des équipes. « Jusqu’à 30 % du code de certains projets est désormais généré par l’IA », déclarait Satya Nadella en avril, soulignant le potentiel d’automatisation croissant. Les économies réalisées alimentent les investissements massifs dans les data centers nécessaires aux modèles d’IA, tout en incitant la direction à maintenir une stricte discipline budgétaire.
Les annonces du moment confirment que quoiqu’en disent les plus optimistes, l’IA va bien détruire des emplois. Car s’il est un domaine où l’IA générative est particulièrement en avance en matière d’adoption, c’est bien dans le développement. Et c’est bien là que Microsoft est en détruire le plus d’emplois dans sa vague actuelle de licenciements. Il est trop tôt pour en faire une règle, mais les chiffres sont suffisamment parlants pour éclairer les débats.
La réorganisation n’épargne pas les partenaires commerciaux : Microsoft confiera davantage de ventes aux PME à des tiers et a déjà réalloué certains pôles techniques.
De quoi faire réfléchir bien des DSI qui vont devoir anticiper à la fois la valorisation accrue des compétences IA et la rationalisation des effectifs traditionnels, avec un impact direct sur la gestion des talents, la sécurité des développements automatisés et la gouvernance des données au sein des organisations.
[ARTICLE D’ORIGINE, PUBLIÉ LE 14 MAI 2025]
En quête de vitesse décisionnelle et d’efficacité opérationnelle, Microsoft taille une nouvelle fois dans ses effectifs et prépare des licenciements à hauteur de 3% de ses collaborateurs malgré des profits en pleine forme. L’obsession IA redéfinit les priorités, même pour les poids lourds du secteur.
C’est presque devenu une habitude, un rituel en ces années post-Covid. A chaque début d’année, Microsoft – malgré ses bénéfices records – annonce entre 3% et 5% de suppression de postes. Un moyen pour l’entreprise de continuer d’optimiser sa Workforce.
Mais la nouvelle réduction d’effectifs engagée par le géant de Redmond en ce mois de mai 2025 est la plus importante depuis 2023 : quelque 3 % de ses collaborateurs – soit entre 6 000 et 7 000 personnes sur 228.000 – reçoivent cette semaine leur notification de départ.
Les coupes touchent toutes les régions et tous les échelons, avec un accent particulier mis sur la suppression de strates managériales jugées redondantes. « Nous continuons à mettre en œuvre les changements organisationnels nécessaires pour positionner au mieux l’entreprise dans un marché dynamique », justifie un porte‑parole.
La directrice financière Amy Hood précise vouloir « des équipes à haute performance avec moins de managers » — un objectif réaffirmé lors de la présentation des résultats d’avril.
Ce dégraissage intervient alors que l’éditeur a publié un troisième trimestre 2025 solide : 70,1 milliards de dollars de chiffre d’affaires (+13 %) pour 25,8 milliards de bénéfice net (+18 %). L’annonce n’en a pas moins entraîné un léger repli du titre à Wall Street (-0,26 %, 448 $).
En toile de fond, Microsoft poursuit une course effrénée à l’infrastructure IA : plus de 80 milliards de dollars d’investissement sont budgétés sur l’exercice, poussant la direction à chercher des économies ailleurs. La firme avait déjà supprimé 1 900 postes en janvier 2024, principalement liés à l’intégration d’Activision Blizzard, après avoir éliminé 10 000 emplois début 2023.
Ces réductions s’inscrivent dans un mouvement plus large qui touche l’ensemble des GAFAM: Amazon et Meta ont, eux aussi, procédé à des licenciements massifs ces derniers mois. Dit autrement, les acteurs les plus profitables poursuivent le réajustement continu de leur base salariale pour financer la montée en puissance de l’IA, tout en cherchant à accélérer la prise de décision en interne.